Un parfait connard.

8. Annabelle

– Mais qu'est-ce qu'ils font ? Ils ne reviennent plus. Elle est partie le chercher il y a au moins 10 minutes.

Ayden me regarde, saoulé, et me dit :

– Tu sais quoi, va donc les chercher. Cela fait 10 fois que tu nous demandes. On dirait que tu te fais chier avec nous. Alors, va. Dit-il en me repoussant de ses genoux.

Bon, maintenant que je suis debout, autant aller voir. Je pars sans lui répondre, car son ton et son geste m'ont plutôt déplu. Je monte et, quand je passe devant ma chambre, je crois rêver, mais j'entends des gémissements. Enfin, un gémissement ainsi que des bruits étouffés. Je ne peux pas croire que ce soit Manon et Ed dans cette pièce, mais qui d'autre ? Ally est en bas avec Ayden devant un film Netflix, aussi barbant que les cours de maths de M. Foxe.

J'entre dans la chambre comme un boulet de canon. Rien à foutre, ici, c'est chez moi, et il est hors de question que quelqu'un d'autre que moi et Ayden baise dedans. Je crie :

– Ça va ici ? Je ne vous dérange pas ?

J'entends le cri aigu de Manon qui se cache dans les bras d'Ed. Elle est habillée ! Seigneur, merci.

Mon cœur se remet en route. Je n'avais même pas pris conscience qu'il s'était arrêté. J'ai les oreilles qui bourdonnent, j'ai chaud. Je crois que je commence même à voir des petites étoiles, tellement mon cerveau a manqué d'oxygène.

– Putain Belly, tu fous quoi là ?

– Heu, c'est ma chambre, Ed. Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous en caleçon, et pourquoi tu bandes putain ! Manon, tu fais quoi cachée derrière lui ? Ne me dis pas que vous allez baiser dans mon lit ?

– Putain non ! J'allais la baiser sur ton bureau. Grogne Ed.

– QUOI !? S'inquiète Manon. JAMAIS, je te jure Annie, on n'allait rien faire du tout. Désolé, c'était juste... On voulait juste...

Je la coupe. Elle deviendrait bientôt violette si je la laissais essayer d'expliquer ce que je ne veux pas entendre et balance sans une brindille de sentiment dans la voix.

– C'est bon, je m'en fous de ce que vous faites ou pas ensemble. Sortez de ma chambre bordel. Elle est déjà réservée pour ce soir, et je n'ai pas envie que ça sente le sexe avant même que j'y entre avec Ayden.

Ed m'envoie un regard à la fois blessé et furieux. Je l'ignore. Il doit bien aller se faire foutre, l'hypocrite de service. Il parle de son meilleur ami, mais il ose toucher Manon ? Il va m'entendre une fois en privé. Lui et moi, on va régler nos comptes. Jamais devant les gens, un peu comme papa et maman avec leurs enfants. Tout doit paraître parfait devant les autres. Personne ne doit douter de notre amitié. Et vu nos coups de gueule et crises de jalousie, beaucoup en douteraient. Alors, on a convenu de toujours les faire en privé. Manon est la première à quitter la chambre en courant, et je ferme la porte à coup de pied derrière moi.

– Tu m'expliques ? Manon ?

– Ouais, ça peut faire quoi ? Elle est canon. Où est le problème ?

– Manon est canon, c'est un fait. Mais c'est MANON ! Tu veux la tuer ou quoi ? Il devient rouge, la haine le gagne je le connais, quand il me répond d'un ton froid et sec, à la limite de crier, mais sans le faire, car personne ne doit nous entendre, il me balance :

– Elle était consentante, et je lui avais laissé 10 fois le choix. Tu me prends pour qui putain Annie, je ne suis pas un connard comme la moitié du lycée le croit. Va te faire foutre putain, tu es la mieux placée pour le savoir, PUTAIN ! Je rêve, va, dégage d'ici. Je vais me coucher. Va retrouver ton Ayden. Tu iras dans la chambre de tes parents ou la mezzanine, je n'en ai rien à foutre, mais sûrement pas dans cette chambre.