Un parfait connard.

5. Edward

Quand je passe la porte de la maison, je crie "Belly" pour l'informer de ma présence. Je suis choqué. Le salon est devenu une véritable chambre. Elle a même ajouté des guirlandes lumineuses partout, dans le noir, ça donne vraiment un cocon parfait, à peine éclairé par les petites ampoules aux couleurs chaudes. Elle a même installé un écran d'un faux feu dans la cheminée du fond pour l'ambiance. On se croirait presque dans un autre monde. Elle a mis le paquet sur la déco, tout est parfaitement calculé et posé minutieusement. Je savais qu'Annie avait un don pour la décoration d'intérieur. C'est d'ailleurs elle qui a pensé toute ma chambre quand je voulais la refaire il y a deux ans. Toutes les filles adorent la touche "girly" qu'elle trouve dans ma déco. Personnellement, je n'en ai rien à foutre, je trouve cela joli parce que oui, c'est très joli, et en plus, c'est Belly qui l'a créée du début à la fin. Donc, je m'y sens réellement bien et proche d'elle dès que je suis dans ma chambre, même si elle est loin, elle est là avec moi.

J'entends débouler Annie dans les escaliers en sautillant comme une sauterelle, et je reste bouche bée. Je lâche un grognement que j'espère qu'elle n'entend pas. Elle est à couper le souffle. Je dois me racler la gorge quand je l'entends me dire :

– Quoi ? Je ne suis pas jolie comme ça ?

Je la vois tournoyer et taper une pose qui est absolument sexy, et je ne peux pas retenir mon rire. Elle est tellement belle, putain. Je m'approche d'elle et l'attrape par la taille, puis me penche pour lui susurrer à l'oreille, même si nous sommes seules et que personne ne peut m'entendre :

– Princesse, vous avez mis à terre votre plus fidèle chevalier.

Je me redresse, et je remarque ses joues légèrement roses. Est-ce que c'est le maquillage ou moi ? Je ne sais pas. Je décide de détendre l'atmosphère avec mon humour.

– Tes bonnes de fou, Belly. Je vais devoir garder un œil sur toi ce soir plutôt que profiter avec Ally.

Elle me regarde, yeux ronds et voix grondante, elle me dit :

– Tu rêves ! T'es pas ma mère ni mon père. Tu as intérêt à me laisser faire ce que bon me semble ce soir, ou tu vas le regretter. Est-ce que tu oublies que la princesse décide et que le chevalier s'exécute ?

– Oh non, princesse, épargnez-moi je vous prie. Je saurai me faire pardonner.

Je ris, mais ce jeu dure entre nous depuis huit ans, et je ne m'en lasse pas. Je serai toujours son plus fidèle chevalier, prêt à la servir quoi qu'il m'en coûte. Mais là, ça devient dur pour moi d'imaginer qu'elle soit avec Ayden, mon meilleur ami. Ces jeux entre eux ont l'air sérieux, et je ne sais pas comment réagir. Je crois que je la fixe depuis trop longtemps en silence quand elle me questionne.

– Ed ?

– Oui ?

– Qu'est-ce qui a ?

– Rien.

– Ed.

Je souffle. Tu me connais si bien princesse.

– Écoute, Belly, Ayden... c'est un con. C'est le même que moi. Si tu arrives à le séduire, et je n'en doute pas vu ton corps de déesse, il va uniquement prendre ce qu'il veut et se barrer sans un regard. Crois-moi, tu ne veux pas de lui pour ta première fois.

– Ah oui, et je veux de qui alors ?

J'hésite une seconde parce qu'au fond de moi, je ne suis pas sûr que je le dis pour rire, mais je me lance et lui balance avec humour :

– Moi ?, lui dis-je, en rigolant.

– Dans tes rêves, Ed.

– Jamais, Belly.