La Bataille du Serpent [ tome 1 ]

Chapitre 2 - Incompréhension

Les deux sorciers se trouvaient sur la côte de l'Ile de Drear, une campagne reculée et hostile où peu de sorciers osaient s'aventurer. C'était d'ailleurs tout à fait compréhensible, la météo en ces lieux étant toujours mauvaise, avec des tempêtes et des orages tout au long de l'année.
Derrière le bout de forêt qu'ils avaient traversé s'étendait un terrain vague entièrement vierge, nulle plante, nulle arbre ne poussaient ici, seules des nuages de poussières grises voletaient à chaque coup de vents.
Ce terrain, qui devait faire un demi kilomètre tout au plus, étaient entièrement recouverts d'un océan de centaine, ou plutôt de milliers, d'hommes et de femmes entièrement vêtus de noir. Ils étaient tous de dos, ne pouvant donc pas déceler la présence des deux intrus. De cette masse s'échappait une atmosphère lourde et macabre, comme une spiritualité diabolique.
Seul l'un de ces sorciers était face aux autres, il dégageait une sorte d'aura maléfique, amplifié par les visages tous tournés mystiquement vers lui. Il portait une lourde robe en satin noir, et un pendentif incrusté d'une énorme émeraude pendait autour de son cou. Son visage était dur et fier, ses yeux entièrement gris avaient un aspect hypnotique, son nez était allongé et finement dessiné, et ses cheveux marquaient son appartenance à l'une des familles les plus puissantes du monde sorcier. Longs, soyeux et d'un auguste blond platine. Tout en monologuant à ses partisans, monologues que Harry et Drago ne pouvait entendre parfaitement à cause de la distance, il faisait de grands mouvements amples avec ses bras.
Harry était épouvanté, ses yeux étaient pleins d'incompréhension et une flamme de terreur qu'il n'avait plus connu depuis six ans s'y incrustait petit à petit. Il ne comprenait pas, et finalement ne voulait pas vraiment comprendre. Puis, quand il plaça son attention sur le père de Drago, il fût soudainement prit d'un sursaut de panique et de surprise.
Au même instant, Scorpius s'ennuyant fermement avait infantilement décidé de poursuivre un écureuil, zigzaguant entre les pins. Il était sorti de la forêt, sans se rendre compte qu'il s'exposait au regard de son grand père. Celui-ci avait perçu un mouvement inopportun provenant de l'arrière de son immense troupe. Il avait reconnu immédiatement la chevelure de son petit-fils et esquissa un sourire. Il haussa alors la voix, et aussitôt tout les sorciers présents se tournèrent vers eux.
- Drago, as tu ce que je t'ai demander ?
Le Serpentard se releva à l'évocation de son nom, sa mine était grave et lugubre. Il pointa sa baguette dans le dos de son ennemi et le poussa en avant, lui intimant d'avancer. Ils sortirent alors de leurs lieu d'observation.
- J'ai mieux. déclara-t-il .
Dès que tous eurent reconnus le visage du survivant, ils s'écartèrent, formant un solennel passage qui débouchait sur la place qu'occupait Lucius. Celui-ci plissa les yeux et sourit de plus belle, avant de retrouver son air dur et inexpressif.
Le Gryffondors avait vu le coup venir, il l'avait senti dans son dos, il avait perçu le moment où Drago avait dégainé sa baguette, mais il n'avait pas réagit. Il s'en voulait, à moins que ce ne soit autre chose que de la culpabilité. Peux être une soudaine envie d'en finir, un dégoût à l'idée d'avoir tant souffert pour rien. À quoi bon, de toute manière... Une guerre intérieure se déroulait dans son esprit, tant et si bien qu'il ne sentit pas ses jambes le pousser près du nouveau maître des ténèbres, s'il l'était vraiment.
Lucius posa une main dominante sur l'épaule de son fils, puis de son petit-fils. Harry crû discerner une pâle expression de dégoût sur le visage de ce premier, mais sûrement n'étais-ce qu'une brève illusion.
- Je pense que vous me reconnaissez, Mr Potter. susurra-t-il d'une voix sifflante.
- On oublie jamais le visage qui personnifie le dégoût profond.
Harry releva la tête, satisfait de voir que sa réplique lui avait cloué le bec l'espace de quelques secondes. Puis il braqua l'offenseur de sa baguette, l'enfonçant dans le creux de son cou, le contraignant à lever exagérément la tête.
- Faites attention Mr Potter, vos paroles peuvent restreindre les quelques minutes de vie qu'il vous reste.
La population présentes retenait son souffle, dégustant le spectacle et voyant leurs objectifs se rapprocher de plus en plus d'eux en la présence du survivant dans de pareils conditions.
Drago avait baissé la tête, ne regardant rien, il semblait gêné, voir agacé. Son cerveau fonctionnait à 100 à l'heure, il n'avait pas prévu ça, il ne voulait pas ça. Son avant bras gauche commença à le démanger, puis petit à petit à le brûler. Serrant les dents, il releva les yeux et les plongea dans ceux de son paternel, qui caressait du bout des doigts son pendentif. Une sorte de lumière verte et bleutée se dégageait du bijou, comme une petite auréole autour de lui.
Soudain, alors que la douleur allait crescendo, il revit défiler des images de son adolescence, ravagée à cause de la fierté de son père, de son état d'impuissance, cette peur qu'il avait éprouvé, ce mépris profondément enfouis envers son père, cette pression macabre qui le compressait...
Lucius dû remarquer un changement dans les yeux de son fils, car il se désintéressa de Potter pendant quelques instants pour le dévisager . Un sourire sadique s'étira sur sa figure, et le Serpentard eut l'impression que son bras allait se détacher de son corps tant il lui faisait souffrir. Il sentit que ses yeux n'allaient pas tarder à s'humidifier tant la douleur était puissante et le pétrifiait sur place. Son corps était raide et tendu, comme si son cerveau ne s'intéressait plus qu'au membre malmené.
Tout à coup, alors que Lucius dégustait malsainement les effets de son pouvoir sur son fils, Drago attrapa l'épaule de Harry d'un mouvement mécanique, plantant ses ongles dans sa peau. En une fraction de seconde, le serpent transplana à nouveau, ne libérant jamais l'épaule de Potter de ses griffes.
La dernière image que le Serpentard eut du lieu qu'il venait de quitter était celle de son père, attrapant violemment Scorpius en le forçant à se tenir en retrait. Il poussa un cri désespéré, tendant la main vers cette vision, vers son fils qu'il laissait entre les mains de l'affreux être qui avait fait de sa vie un enfer, mais il était trop tard, il ne pouvait plus revenir en arrière.