La Bataille du Serpent [ tome 1 ]

Chapitre 14 - Imbrisable

Hermione était restée à pleurer sur le cadavre de son amant depuis des heures. Ses cheveux et ses habits étaient gorgés de son sang. La nuit était tombée à présent, donnant un aspect plus que lugubre et mortuaire à la ville.
" Tu peux encore le sauver. "
Elle releva la tête et scruta les alentours. Il n'y avait personne. Secouant la tête, elle se dit qu'elle était certainement en train de sombrer dans la folie. Elle se laissa tomber en arrière, en position assise et essuya ses joues inondées d'un revers de manche. Elle contempla son visage sans vie durant un long moment, et y passa ses doigts pour ôter les mèches de cheveux qui encombraient son front. Sa peau était froide. Elle frissonna.
" Tu peux encore le sauver. "
À nouveau cette voix. Elle semblait émaner d'une personne adolescente, une jeune fille adolescente. Mais elle n'était pas réelle, et ça elle en était presque certaine.
Le sauver, comment ? Par tout les dieux, Salazar, Godric, Merlin et les autres, s'il y avait un moyen, je le ferais. pensa Hermione en remettant à pleurer.
" L'étincelle de vie est encore en lui. Il n'est pas encore parti. "
Cette fois, elle comprit. La voix provenait de sa tête, il s'agissait simplement d'occlumentie. Elle souffla pour se calmer, puis ferma les yeux et tenta de se concentrer.
" Prononce le sortilège d'Inséparatum avant qu'il ne soit réellement trop tard. "
" C'est un sortilège destiné aux âmes sœurs. " répondit mentalement Hermione, reprenant sa respiration petit à petit.
" Vous êtes des âmes sœurs. "
Cette annonce lui fit l'effet d'un coup de massue. Eux deux, des âmes sœurs ? Cela semblait improbable pour ne pas dire totalement impossible.
" Fais le, il ne reste plus beaucoup de temps. "
Hermione passa sa main sous sa robe et en sortit sa baguette. Elle remarqua que sa main tremblait nerveusement.
- Sumus duo corpora quae sunt unum . Nos in aeternum coniungentur. prononça-t-elle d'une voix encore embuée de sanglots.
Sa baguette émit un petit jet d'étincelles qui furent aspirées par le corps de Drago. Une douce lueur dorée émana de sa poitrine et s'éleva dans l'air, traçant de petite forme autour de Hermione. Un sentiment de protection gagna la lionne, elle s'apaisa. Puis, une nouvelle gerbe jaillit de sa baguette et ricocha sur le sang au sol, lui donnant une lueur argentée. De petites bulles éclatèrent à la surface, et le liquide mortuaire se mît à couler pour entrer à nouveau dans ses veines. Même le sang qui couvrait les vêtements de Hermione et de Drago se détacha du tissus et suivit le même chemin. Les plaies du Serpentard se cicatrisèrent en projetant de petits éclats de lumière. Il ouvrit les yeux. Il vivait. Drago vivait. Comme suivant un ordre donné, il sortit sa propre baguette. Elle était toujours à demi phosphorescente mais cette fois une brume bleutée en émanait. Cette brume se mélangea aux autres qui les avaient entourés tout les deux. Ces brûmes étaient devenus si épaisse que personne n'auraient pût ne serait-ce que deviner leur silhouette depuis l'extérieur. Un tourbillon de couleurs nuitée les entouraient, tel un mur protecteur, car rien ni personne ne pouvait empêcher ce qui était en train de se passer. Drago admirait Hermione, et Hermione admirait Drago. Ils étaient divinement beau, mystiquement parfaits, leurs beauté pure rayonnait de tout feux. Ils ne bougeaient pas, ressemblant plus à des statues qu'à des humains, seuls leur clignements de paupière et leur souffle régulier trahissait la vie dans leur corps. Soudain, la brume s'affola et se mît à tourner encore plus vite, créant des lignes autour d'eux. Puis, une puissante force les poussa l'un vers l'autre. Ils s'étreignirent, passant leurs mains sur le corps de l'autre. Ils ne se regardaient pas, leurs yeux étaient tournés vers un point au-dessus d'eux, ils fixaient la même direction.
" Maintenant Hermione... Maintenant. "
Cette voix, encore cette voix si dure et pourtant si agréable à l'oreille. D'une pureté rocailleuse divine.
" Si tu le lâches maintenant, il mourra. "
Le cercle de brume se rapprocha d'eux, les obligeant à se serrer l'un contre l'autre du plus fort qu'il le pouvait. Le tourbillon accéléra encore. Hermione sentit une pression presque douloureuse pressée son coeur. Drago ressentit la même chose. Leurs deux poitrines se collèrent l'une à l'autre, comme aspirées. Ils ne pouvaient le voir, mais leurs cœurs avaient synchronisé leurs battements, et semblaient se mélangés. Doucement, le tourbillon s'éleva, les entraînant avec lui, au-dessus du bus, au dessus de Paris, dans le ciel de la capitale. Leurs corps se mirent eux aussi à tourbillonner dans une valse folle et ils fusionnèrent. L'on ne savait plus qui était qui, tout était confus, diffus et pourtant tellement clair.
" Il ne reste plus qu'à donner ton coeur. "
Ils ne faisaient à présent plus qu'un, et Hermione se laissa aller à ne plus penser qu'au doux bonheur qui l'envahissait. Ils tournèrent encore, entraînés par cette force. Puis ils se séparèrent enfin, retrouvant leur corps respectif. Ils se tenaient par la main, se regardant les yeux dans les yeux.
" Maintenant... Aucun... "
Ses paroles furent coupées, aspirées par le néant. La spirale redescendit, les reposant dans le bus à l'endroit exact où ils se trouvaient.
" Maintenant... Aucun... Ne peut... "
Le tourbillon cessa petit à petit, dans une légère brise qui faisait voleter leurs habits.
" Aucun... Survivre... "
De cristallines lumière les entourèrent une dernière fois puis tout disparut. Hermione entendit une dernière fois la voix, très faiblement, puis tout se finit.
" Maintenant, aucun ne peut mourir tant que l'autre survit. Chaque seconde qui vous séparera ne sera que souffrance. Imbrisable, à jamais."
Les deux âmes sœur passèrent un long moment à se regarder, reprenant leur souffle.
Drago humait l'air, il en appréciait la saveur, il sentait son coeur battre dans sa poitrine et trouvait cela divin. Il vivait. Hermione, elle, était encore sous le choc du bon fonctionnement du sort, prouvant bien qu'ils étaient de réelles âmes sœurs. Un sorcier possédait à travers le monde une seule âme sœur et la majorité mourrait sans l'avoir jamais rencontré. Et qui était cette voix ?
- Je vois dans tes yeux que tu réfléchis. dit Drago en l'attirant à lui. Nous sommes vivants, c'est le principal.
- Tu es vivant. souffla-t-elle, encore chamboulée.
Il captura ses lèvres, passa sa main dans ses cheveux, les entortillant autour de ses doigts. Il sentait son souffle contre son visage, sa chaleur apaisante et ses légers frémissements. Juste de simples détails qu'ils semblaient redécouvrir après le voyage jusqu'à la frontière de la mort qu'il venait de vivre.
" Fuyez. "
La voix. À nouveau elle. Drago la trouva traînante, mais comment juger un timbre sur un seul mot ? Elle respirait surtout le danger et l'urgence
Aussitôt, ils se détachèrent et d'un commun accord, se mirent à enjamber les sièges jusqu'à la sortie. Hermione attrapa son balais déposé à la hâte et se mît en position de décollage. Drago chevaucha la monture en se plaçant derrière elle. Il posa ses mains sur les hanches de la Gryffondor pour se stabiliser. Ils s'élevèrent rapidement et sortirent du véhicule à la verticale.
Dans la rue, des partisans patrouillaient méthodiquement, afin de vérifier qu'aucun sorcier du camp adverse ne comptait jouer au trublion. Un enfant d'une dizaine d'année passa en courant à toute allure pour aller s'enfermer dans l'une des bâtisses qui tenait encore debout. Une vieille grand mère titubante traversa la route à la lueur des lampadaires, sans qu'aucune voitures ne la ralentissent, ceux pouvant encore fuir avec une voiture s'était précipités hors de la ville il y a des heures déjà. Au fond d'une cour d'un immeuble, assise sur un banc, une fine silhouette était assise. Elle regarda les deux âmes sœurs s'élevées dans les cieux et disparaître dans les nuages. Puis, elle disparut.