5. Macarons à la vanille

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Assise dans les gradins, j'ai appelé June pour qu'elle vienne me rejoindre et que je puisse lui parler.

— Moi je ne vois qu'une seule solution, me dit June instantanément.
— Laquelle ?
— Tu participes à ce concours, tu gagnes et tout est réglé, me lance-t-elle.
— Je ne peux pas participer à un si grand concours June, je n'ai pas le niveau.
— Alors entraîne toi. Soit aussi forte que tu le peux et gagne.
— Mais...
— Fais-le Everly, fais-le pour lui.

Je tourne la tête vers mon amie qui pose sa main sur mon épaule.
« Fais-le pour lui. »

...

Nous sommes toujours assises dans les gradins.
Nous ne parlons pas.
Seuls les piaillements des oiseaux se font entendre.

— Je vais y aller, dis-je.

Je me lève et sors des gradins, laissant June assise seule.
J'ai besoin d'être tranquille, de réfléchir, de…je ne sais pas trop en fait.

Je rentre mes mains dans les poches de mon sweat et mets ma capuche sur ma tête.
J'ouvre la grande porte de la pièce où sont garées toutes les voitures de sport et attrape les clefs de l'une d'entre elles.
Je m'approche de la voiture en question et m’assois sur le siège conducteur.
Je démarre ensuite le moteur et sors du garage.

...

220 km/h.

*

240 km/h.

*

250 km/h.

*

270 km/h.

*

290 km/h.

Le pied sur l'accélérateur, je roule aussi vite que je peux.
Je prends les virages serrés et quand vient une longue ligne droite, je fonce.

Je fonce pour faire partir toutes mes pensées.
C'est une sorte de thérapie.

En fait, en ce moment, je ne sais plus quoi faire, j'avance dans ma vie comme un robot agissant sous des instructions.
Et ça me met tellement mal.

Et je ne sais même pas si c'est cette histoire de concours qui me tracasse ou si c'est le fait d'avoir rencontré le petit fils Parker.
Je ne sais pas.
Je ne sais plus où j'en suis.
En fait, depuis 10 ans, je suis perdue.

Je n'en peux plus.
Et je n'en ai jamais parlé parce c'est dur pour moi. Beaucoup trop dur. Je sais pourtant que je devrais.
Mais c'est trop dur.
Je ne veux pas leur montrer ma tristesse. Surtout à ma mère.
Je sais que si je me vide dans ses bras, les souvenirs les plus horribles de la perte de son père lui reviendront et je n'ai pas envie de la rendre triste alors qu'elle à réussi à surmonter tout ça.

Elle, elle a réussi.
Alors pourquoi pas moi ?
Pourquoi vais-je si mal dans ce cas ?
Pourquoi je n'arrive pas à faire un simple deuil ?
Juste un deuil, je ne demande que ça.
Je veux juste moi aussi, penser à mon grand-père en souriant, rigoler des bons souvenirs que j'ai pu avoir avec lui. Je veux juste pouvoir le faire aussi, c'est tout ce que je demande.

« Tu devrais te confier. » me disent-ils.
Mais me confier à qui ?
Mon grand-père ?
Non, bien sûr.

Ma mère ? June ?
Je ne sais pas. Je n'en ai pas envie.
Et au final c'est ça mon problème.
J'ai des personnes qui sont là pour moi, mais je ne me confie pas.
Et je me plains.
Mais à quoi je sers ?
Dans quel domaine j'excelle à par la réparation de voiture ?

Dîtes-moi, à quoi ça sert que je vive ?
Qui, un jour, pleurerait de mon départ ?

...

Une dernière accélération et je rentre.
Promis, c'est la dernière.
C'est comme une drogue.
Un autre monde.
Comme dans un court instant où tout nous échappe et où l'on se prend pour quelqu'un.
Mais est-ce que l'on est vraiment quelqu'un ?
Est-ce que, quelque part, il y a vraiment quelqu’un qui pense à nous finalement ? Nous sommes 8 milliards d'être humain dans ce monde et pourtant, je me sens si seule.

ONE DREAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant