9. Loïc Miller

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« — Ton nom de famille c'est...Parker? »

Il me regarde d'un air incompréhensif.

— C'est ça. Pourquoi ?

Je me décourage de lui dire.

— Non, non rien.
— Vas-y, dis.
— Non t'inquiètes.
— Je ne te jugerais pas, si c'est ça.

Je lève les yeux vers lui.

— C'est pas ça, c'est juste que...
— T'as du mal à parler, me coupe-t-il.
— Quoi ?
— Oui, ça se voit, t'esquives toute conversation dès que t'en as l'occasion.

J'hoche la tête, le regard dans le vide.

— Alors, un souci avec les Parker ?
— Non, c'est juste que, ton grand-père s'entraînait beaucoup avec le mien et puis quand il est décédé, il y a dix ans, il n'a rien fait, enfin je sais pas, je lui en ai toujours un peu voulu.

Ses yeux se posent dans les miens, et il fronce les sourcils.

— Tu étais la petite fille, en pleurs ?

C'est à mon tour d'afficher cet air d'incompréhension sur mon visage.

Dix ans auparavant, oui, j'étais en pleurs sur la piste, tellement que je n'arrivais plus à respirer.

Et il m'avait vu ?

Le petit Sean d'il y a dix ans, avait remarqué la petite Everly ?

— Euh, je- possible, soufflé-je, la gorge nouée.

C'était moi, oui.
Mes yeux s'humidifient et je me mets à me mordiller les lèvres.
Je ne suis jamais vraiment à l'aise dans ce genre de conversation.

— Tu veux qu'on arrête d'en parler ?

J'hoche la tête en signe d'approbation. Sean sourit.

— Aller, qu'est-ce que je peux faire d'autre pour t'aider ?

Je souris à mon tour et nous nous remettons aux réparations.

...

18h47.
Ma journée s'est passée tranquillement, j'ai avancé dans les réparations avec l'aide de Sean et puis je suis allée me promener.

Je suis allée au cimetière aussi. J'ai déposé une rose blanche sur sa tombe. J'ai pleuré. J'ai repensé à nos souvenirs, à tous ces moments passés. Tous ceux que je n'oublierai jamais.

Son sourire, sa voix, sa tendresse. Tout m'est revenu. Comme s'il était à côté de moi, comme s'il posait sa main sur mon épaule.

Douloureuse illusion.

Assise sur mon canapé avec une assiette de riz à moitié vide, les yeux dans le vide, je laisse mes pensées planer.

Nous naissons, vivons, mourrons. Triste résumé d'une vie.
Lorsque que mon grand-père est mort, j'ai eu l'impression qu'une partie de moi s'envolait avec lui.

Volatilisée. Enfouie. Perdue

...

Toujours assise sur mon canapé, je trie les mails de mon téléphone lorsque je reçois un message de mon directeur.

« Urgent, le pilote ne veut plus signer le contrat, il a trouvé un autre garage. Demain à 08h00 dans mon bureau. »

Comment peut-on refuser de signer un contrat à la dernière minute ?

Cela me laisserait peut-être une chance de... Non, il vaut mieux que j'oublie.
Je n'ai pas le niveau.

« Fais-le Everly, fais-le pour lui. »

ONE DREAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant