ONE DREAM

20. Ricochets

— June, tu ne voudrais pas finir mon sandwich ? demandé-je en le lui tendant.
— Tu n'as plus faim ? T'as pas beaucoup mangé pourtant, me répond-t-elle.
— Non c'est bon, prends.

Elle hausse les épaules et finit par accepter le reste de mon repas.

— Eh, June, tourne un tout petit peu ta tête, voilà, parfait.

J’observe Ethan déposer une petite pâquerette au-dessus de l’oreille de June, celle-ci lui dévoile alors son plus grand sourire tout en attrapant la main de son ami.

Enfin, son ami…

June n’a pas eu une enfance facile, elle a réussi à surmonter plein d’épreuves.
Toutes plus difficiles les unes que les autres.
Elle a beau être ma meilleure amie, je sais qu’elle ne me dit pas tout. Il est possible que parfois, une larme se cache derrière ses sourires.
On ne montre pas tout.

Mais je sais qu’avec Ethan, elle est heureuse.

Je reviens à la réalité, posant les yeux sur mes amis.
Le rire de June résonne comme un écho à mon oreille et le sourire d’Ethan pourrait illuminer la journée de n'importe quelle personne.

C’est comme dans un rêve, un moment dans la vie où tous les problèmes disparaissent, voués à être oubliés pendant un instant.

Un tout petit instant.

Jamais très longtemps.

— Tiens, tu en veux une aussi ? me demande Sean, en posant à son tour une petite fleur au-dessus de mon oreille.

Il passe ensuite son bras autour de mes épaules, comme il le fait souvent maintenant.
Dans son éclat de rire, June forme un cœur avec sa main tout en nous dévisageant, suivie d’un petit coup de coude de la part d’Ethan.
Sean resserre un peu plus son étreinte, me rapprochant de lui. Du coin de l'œil, je le vois qui tourne la tête en regardant ailleurs, essayant d'empêcher un petit rire.

…

Allongés sur le dos, nous regardons tous le ciel et ses merveilles.

« Tu voudrais pas revenir me voir au moins une fois ? »
« Allez quoi, descend… » C’est ce que je lui avait dit entre deux sanglots.

Parce qu’on m’avait dit qu’il était au ciel et que j’ai cru qu’un jour il reviendrait me voir.
La tête levée vers le ciel orangé de l’aube dix ans auparavant, je lui racontais une dernière fois ma vie. Une toute dernière fois.
Après, j’ai compris qu’il ne me répondrait pas, et surtout, qu’il ne reviendrait pas.

Alors je me suis tue.
Je me suis renfermée. N’ayant pour confident qu’un simple carnet dont les mots inscrits dessus, étaient illisibles à cause des larmes qui coulaient dessus chaque soir.

— Bon les amis, dit June en se relevant précipitamment, ce n’est pas pour gâcher le moment mais Ethan et moi avons une séance de cinéma prévue à 13h30. Il faudrait qu’on y aille si on ne veut pas être en retard, ajoute-elle en regardant celui-ci.
— Oui, on va vous laisser, on se dit à plus tard Sean ? ajoute celui-ci.

June me dépose un baiser sur la joue et Sean se contente de lever la main en l'air pour les saluer.

Le silence revient ensuite, Sean et moi restons allongés sur le dos pendant quelques instants encore.
Je ferme les yeux pendant un temps, avant de prendre une grande inspiration.

— Est que tu crois qu’il serait fier de moi ? dis-je calmement sans quitter le ciel des yeux.
— J’en suis persuadé.

Je tourne alors ma tête dans sa direction, il fait de même.