22. Nouvelle crise

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Sean n’est pas venu au garage ce matin. Je l’avoue, j’avais pris l’habitude qu’il vienne.

Hier soir, il n’a pas dit un seul mot après être sorti de la grande roue. Rien du tout. Il se mettait à l’écart et fixait l’écran de son téléphone. Puis nous sommes tous retournés chez nous, lui le premier.
Je lui ai envoyé un message, je l’ai même appelé, mais aucune réponse.

Je suis venue au garage, comme tous les matins et j’avais un espoir qu’il vienne, mais non. Tout ne tourne pas autour de toi, Everly.

Je me suis simplement mise aux réparations de la voiture, je n’ai rien fais d’autre de la matinée.
Ça avance bien, d’ailleurs, j’aurais fini avant la course… Ça irait plus vite à deux.

11h49. Je n’ai pas arrêté de travailler depuis tout à l’heure. C’est drôle, toutes mes pensées se ramènent à Sean. En fin de compte, je n'arrête pas de penser à lui.
Le bruit d'une notification me sort de mes pensées et j’allume instantanément l’écran de mon téléphone.

« N’oublie pas le repas, à 12h30 ma puce. »

J’ai, pendant un instant, cru que Sean répondait enfin à mes messages. Mais c’est un message de ma mère.

Ce midi je mange chez mes parents, elle pensait sûrement que j’aurais oublié. Mon frère sera là et c’est le seul qui est au courant que je participe à la course.
À vrai dire, je n’ai pas envie que mes parents sachent, mon père trouverait sûrement ça irréfléchi et je voudrais juste faire une surprise à ma mère, le jour venu.

Je range mes affaires, sors du garage et entre dans ma voiture. Je prends la route en direction de la maison de mes parents.

— Everly ! Entre ma fille, me lance ma mère en me voyant arriver.

Elle me prend dans ses bras et m’embrasse le front. Je passe le seuil de la porte, lance un bref sourire à mon frère et embrasse indifféremment mon père.
L’ambiance à toujours été comme ça chez moi. Une mère aimante, adorable et un père qui n’a de yeux que pour son fils.

— Allez, asseyez vous tous, la salade est sur la table.

Nous écoutons ma mère et nous nous installons, celle-ci nous sert avant de s’asseoir à son tour.

— Alors, quoi de neuf Everly ? lance-t-elle joyeusement.
— Pas grand chose, lui répondis-je, je travaille pas mal.
— Rien d’important à dire ? interrompt mon frère.
— Non, rien.

Ma mère se racle la gorge et change de sujet :

— J’ai appris que la voisine venait d’être hospitalisée d’urgence.
— Ah bon, pour quelle raison ?
— Un cancer de stade 3, une certaine Mme Parker.
— Parker tu dis ?
— Oui, tu sais, elle a un fils, un grand brun. Il est passé ce matin, je lui ai dit de ne pas hésiter à demander de l'aide s’il faut.

J’acquiesce d’un hochement de la tête. Parker.

— Je reviens, je vais aux toilettes, dis-je doucement.

Je me lève et monte les escaliers. J’essaie un énième fois d’appeler Sean, mais en vain.

Je tente à nouveau de lui envoyer un message : « J’ai appris pour ta mère. »
Message qu’il voit immédiatement mais dont il ne répond pas. J’éteins l’écran de mon téléphone et redescend m’installer à table.

— Ma puce, tu veux encore un peu de salade ? me demande ma mère.
— Non, merci.
— Tu es sûre ? Tu n’as presque pas mangé.
— Ça m’a suffit.

Elle n’insiste pas plus et part dans la cuisine.

Nous sommes sortis de table vers 13h30. Mes parents se sont organisés une sortie en ville et mon frère est parti voir des amis.

Résultat ? Je me retrouve à passer l’après-midi toute seule, en espérant recevoir un message de Sean.

Je comprends qu’il ne veuille parler à personne. Mais au fil du temps, je me suis rendue compte que parfois, s’isoler ne fait qu'aggraver la situation. Parler est parfois le meilleur des remèdes.

Je souhaite à tout le monde de trouver une épaule sur laquelle pleurer. Des yeux dans lesquels s’oublier. Des bras dans lesquels se blottir.

Et je souhaite à tout le monde de trouver la personne parfaite pour ça.
Sean l’est pour moi et je veux l’être pour lui.

Un mal de ventre me sort de mes pensées. Je me crispe légèrement, et souffle. Une main posée sur le ventre, j’observe la cuisine du coin de l'œil. Je n’ai pas beaucoup mangé à midi, ce matin non plus, de même pour hier.

« Tu n’as qu'à manger. »

Ils ont raison.
Je n’ai qu’à manger.

Je me lève brusquement et me dirige vers la cuisine. J’ouvre une armoire et attrape un paquet de gâteau, puis un autre. J’engrouffre les pâtisseries les unes après les autres.
Juste histoire de combler la faim, le creux dans mon ventre.

Je mange jusqu’à n’en plus finir. Et je me dégoûte, tout simplement, parce que je ne sais pas me contenir, c’est tout.

À quoi bon essayer de sortir de ce gouffre si c’est pour rechuter à tout moment ?
Je n’ai même plus faim mais je continue. Je mange comme pour rattraper tous mes repas perdus.

Une main sur mon ventre toujours aussi douloureux, je sens mes yeux s'humidifier. Une boule dans ma gorge s'agrandit à chaque fois que je pense à ce que je viens de faire. La nausée la rejoint et mon corps se crispe encore une fois.

Je monte à toute vitesse les escaliers et cours m’accroupir devant les toilettes. Je n’aurais jamais dû faire ça. Je prends une grande inspiration et écoute le silence autour de moi. Je suis seule cette fois-ci.

19h45. Je sors de chez mes parents après avoir affiché un faux sourire pendant plus d’une heure. La vérité est qu’après ma crise, j’ai dû faire comme si de rien n’était. Que tout allait bien alors que c’était l’inverse.

Je rentre dans ma voiture, m'arrête un instant devant une maison beige, et sors mon téléphone.

« Ne reste pas seul, tu es où ? »

Je soupire avant de remarquer une réponse à mon message.

« Je suis au parc, Everly. »

Je souris et me mets en route.

♪ • ☽︎ ✩ .

Hi you,

Eh oui, les troubles du comportement alimentaire présentent plusieurs phases, dont la rechute parfois, but we will get through this.

( p.s : vous pouvez voter si ça vous plaît )

Océ'

ONE DREAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant