17. Le cœur l'emportera toujours

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Le jour J arrive à toute vitesse. Le stress me vient à chaque fois que j’y pense.
Au mieux, je dois m’entraîner pour dépasser un temps précis et réparer la voiture de mon grand-père.
Je me dis parfois que je n’y arriverai jamais.

Mais…Tu y arriveras. J’y arriverai.
Ou du moins, je l'espère.

Je viens de terminer une partie des réparations de la voiture, il ne me reste plus que l’esthétique et une partie de la carrosserie à retaper.

Si j’en crois le plan que je me suis imaginé, dans une semaine, à peu près, il ne me restera que l’esthétique.

Et je compte bien reproduire les mêmes décorations qu’il y avait auparavant, je veux que la voiture reste la même, qu’elle garde son histoire, celle de mon grand-père.

Ça n'a pas étonné June d’ailleurs : « Une histoire qui se continuera de générations en générations, avec la même voiture. » m’a-t-elle dit lorsque je lui ai expliqué que je voulais garder la même image.

Mais j’ai encore du travail à faire sur cette voiture, et ce n’est pas en restant debout devant que ça va avancer.

« — Peut-être qu’un jour tu deviendras une grande pilote automobile, qui sait.
— Comme toi, papi ?
— Oui, comme moi.
— Moi aussi j’aurais un trophée ?
— Toi aussi, et tu le déposeras à côté des miens. »

Des tonnes de souvenirs me reviennent lorsque je répare cette voiture. Et bien souvent, mes larmes se mettent à couler le long de mes joues.

Comme à cet instant précis.

Mais c’est normal, pas vrai ?
Est-ce que même dix ans plus tard, il est normal de pleurer encore pour lui ?

— Tout va bien ? me dit la voix de Sean derrière moi.

J’essuie mes larmes du revers de ma manche avant de me retourner face à lui.
Lorsqu’il m'aperçoit, un sourire de compassion s’affiche sur son visage et il s’approche de moi pour me prendre dans ses bras.

Réconfort. Soutien. Je m’y sens bien, dans ses bras.

J’enfouis ma tête dans son cou et cette émotion abstraite que je ne saurais décrire se joint à moi.
Est-ce de l’affection ? Ou plus ? Un sentiment nouveau ?

Ce frisson qui se fait ressentir dans mon ventre alors que mon cœur s’emballe au même instant.
Si merveilleux. Ce que le cœur peut faire ressentir sans qu’on ne s’y attende, c’est inouï.

Sean défait son étreinte et de sa main, il remet une de mes mèches rebelles derrière mon oreille. Ses yeux se posent alors dans les miens et mes pensées me renvoient dans le passé, dix ans en arrière.

Un regard. Celui de mon grand-père. Un regard rempli d’amour et de fierté envers sa petite fille.

Aurais-je un jour osé penser que quelqu’un me regarderait de la même façon que lui ?
Que ce regard n’est finalement pas propre à mon grand-père mais qu’il est la représentation même de l’amour ?

De l’amour.

Mais ce regard ne reflète pas l’amour familial de mon grand-père, il reflète un tout autre aspect.

— Rien ne s’oublie, me souffle Sean.
— Mais ?
— Il n’y a pas de mais, rien ne s’oublie, on apprend simplement à vivre avec un souvenir.

Je souris alors et repose ma tête sur son épaule tandis que ses bras reviennent enlacer mon corps.

— Prête pour la course ? continue-t-il.
— Pas encore.
— Tu seras prête, peut-être pas aujourd'hui, mais tu le seras.
— Tu crois ?
— J’en suis sûr.

Je souris malgré le doute qui s’installe en moi.
Si jamais je perdais, combien de personnes décevrais-je ?

— Bon, il faut que je me mette aux réparations, dis-je en me défaisant de son étreinte.
— Ouais, tu veux peut-être que je t'apporte quelque chose à midi ? me demande-t-il en se passant la main dans ses cheveux.
— Ne t’en fais pas, j’ai déjà pris quelque chose, dis-je en lui montrant une petite boîte posée sur la table.

Sean sourit et s’en va.

La petite boîte ne contient qu’un croissant, mais cela me suffira.

Je ne dois pas perdre une seule minute si je veux avoir le temps de m’entraîner à conduire et finir les réparations.
Tout ça avant le jour du concours.

Parce que dans tous les cas, ce jour viendra.
Et lorsqu’il viendra, je n’aurais d’autres choix que de le vivre. Alors autant le préparer au maximum pour espérer que tout se passe pour le mieux.

Parce que dans le fond, je sais que cette journée sera difficile. Mentalement.

Dix ans. Ça fera dix ans jour pour jour.
Dix ans qu’il m’a laissé pour rejoindre les anges.
Dix ans qu’il a concouru sur la piste qui lui a arraché la vie.
Et j’y serai moi aussi.

Je le rendrais fier, j’espère.

— Toujours au même endroit ? me dit une voix me sortant de mes pensées.

Kinsey, toujours avec son petit sourire en coin.

— Qu’est ce que tu fais là ? dis-je.
— Je venais voir Sean mais il n’est visiblement pas ici.
— Pourquoi tu veux le voir ?
— Détends toi, je veux simplement lui parler…
— Il n’est plus là.

Son sourire s’efface doucement laissant place à un visage inexpressif.

— Ton frère a raison tu sais, me lance-t-elle froidement, tu n’as pas le niveau, arrête de rêver.

Je ne réponds rien et me contente de revenir à mes affaires.
Parce que honnêtement, une partie de moi voudrait croire ces paroles.
Au fond, peut-être qu’ils ont raison.

Parce que souvent, les mauvaises pensées prennent le dessus, laissant place à l'incertitude.

Je sors dehors après une longue journée de travail. La couleur jaune orangée du ciel me rappelle les soirs où je regardais mon grand-père s’entraîner.
Je tourne la tête vers la piste et aperçois Sean et Kinsey, côte à côte contre une barrière.

J’ignore la raison mais mon cœur se resserre. Est-ce le fait de les voir tous les deux, ensembles ?
De voir la personne qui me soutient dans plusieurs de mes problèmes avec celle qui est la cause de certains ?
Peut-être.

Je m’approche et lorsque j’arrive derrière eux, je parviens à entendre quelques phrases de leurs discussion.

— Je ne comprends pas, pourquoi elle ?
— Parce qu’elle est parfaite, tout simplement.
— Parce que pour toi, c’est quoi la perfection ?
— Elle.

Kinsey se retourne brusquement et nous nous retrouvons face à face.

— Je…pardon, articulé-je doucement.

Elle me bouscule ensuite pour s’en aller.

— Vous avez parlé toute l’après-midi ? demandé-je à Sean en face de moi.
— Non, elle m’a demandé de la rejoindre ici il n’y a pas très longtemps.

J’hoche la tête en signe d’approbation et croise les bras.

— Vous parliez de quoi, enfin, de qui ? demandé-je d’un ton hésitant.
— De toi, me répond-t-il en souriant.

♪ • ☽︎ ✩ .

Hii,

Mmmm, Sean...

Alors, ce chapitre ?

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Océ'

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