7. Besoin de me confier ?

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« Tu sais, petit rayon de soleil, si tu as aussi peur d'apprendre à connaître de nouvelles personnes, c'est que tu mets tout le monde dans le même bateau, mais tout le monde n'est pas pareil. Surmonte ce qui t'empêche d'avancer, et ouvre toi aux autres. »

J'ouvre les yeux doucement.
Je relève la tête, et enlève mes lunettes qui manquaient de tomber.
La sieste était longue. J'ai rêvé de ce que me disait mon grand-père lorsque je lui racontais que je n'avais pas d'amis à l'école.
C'était bien-sûr, avant de connaître June.

Ouvre-toi aux autres. Malheureusement, je n'ai toujours pas réussi. C'est si dur. J'ai peur d'être brisée par la suite, abandonnée.

Puisque, de toute façon, tout le monde finit par s’en aller.

Je m'assois en tailleur sur mon canapé et regarde le sol.
« J'aurais peut-être dû manger les macarons. » me dis-je.
Et le pire, c'est qu'il m'a vu les donner à June, et rien que pour ça, je m'en veux, car en vrai, c'était une bonne attention.
J'ai probablement du mal à me l'avouer mais ça m'a fait plaisir.

Parker.

Mais c'est un Parker.

Enfin, je ne sais pas quoi penser.
Si tout ce mélange comme ça dans ma tête, est-ce que cela veut dire que j'ai besoin de me confier ?
De parler à quelqu'un ? Peut-être.

Mais à qui ?
June ? Non, je n'ai pas envie qu'elle se fasse du souci pour moi. Elle est tellement joyeuse, je ne veux pas être là part de tristesse dans sa vie.

Ma mère ? ...
Elle a toujours été là pour moi.
Est-ce que je devrais...l'appeler ?

Ce serait vraiment la première fois que je me confierai à quelqu'un en dix ans.
J'hésite vraiment. Mais j’ai besoin de parler.

Après quelques secondes de silence à fixer mon téléphone, je finis par le prendre dans mes mains.
Je parcours mes contacts et trouve celui de ma mère.
Je reste alors bloqué sur l'icône "téléphoner".

Vais-je vraiment le faire ?
Dois-je vraiment le faire ?

Je prends une grande inspiration et appuie finalement sur le bouton.
Ma mère décroche directement.

— Allô ma puce, ça va ?
— Allô maman, euh, je…on peut parler ? dis-je la voix nouée.
— Oh, tu es chez toi ?
— Oui.
— J'arrive alors, je suis là dans une demie heure et on se posera pour parler ma puce, bisous.

Je raccroche et repose mon téléphone.
Mes yeux se ferment un instant et j’expire dans le silence.

...

Ma mère arrivé au bout d’une demie heure et me dépose un baiser sur la tête, elle me propose ensuite de s'asseoir sur le canapé et sort un paquet de bonbons de son sac.
Je souris.

— Bon alors, commence-t-elle, de quoi voulais-tu me parler ma puce ?

Je baisse les yeux, je ne sais pas par où commencer et surtout, je ne sais pas quoi dire.
Évidemment, j'ai besoin de me confier, ça, je le sais, mais savoir ce que je devrais dire, ça, c'est plus compliqué pour moi.
Je vous le dis, je suis complètement perdue.

Ma mère remet une de mes mèches rebelles derrière mon oreille.

— Tout va bien avec June ? finit-elle par me demander.
— Oui, tout va bien, elle est toujours aussi souriante.
— Et toi ? Es-tu toujours aussi souriante ?
— Mmh. Oui.
— Des faux sourires peut-être ?

Elle pose sa main sur mon épaule.

— Et Kinsey, toujours aussi peste ?

Je rigole un peu.

— Oui, mais on ne peut rien faire pour son cas.
— Le garage ?
— Problème d'argent. Le grand concours aura lieu là-bas mais il nous manque un pilote pour participer et tenter de remporter le prix.
— Tu sais conduire ma fille, n'est-ce pas ?
— Oui...
— Alors j'ai sous mes yeux la pilote.
— Je n'ai pas le niveau.
— Alors atteint-le, tu en es capable.

Elle me regarde en souriant, toujours avec sa main sur mon épaule.

— Je...je vais y réfléchir.
— Voilà une bonne chose.

Elle enlève sa main.

— Et comment va ma princesse ?

Je la regarde et mes yeux se perdent dans les siens.

— Je suis perdue à vrai dire. Il me manque.

Son regard s'attriste, c'est ce que je craignais.
Elle prend une grande inspiration.

— Moi aussi, tu sais, il veille sur nous de là haut et même si parfois, sa présence nous manque, il faut que tu saches que la vie n'est pas toujours facile ma puce.

Je ferme les yeux pour essayer de retenir mes larmes.
Ma mère pose sa main sur ma joue.

— N'essaie pas de te retenir Everly. Pleure. Lâche prise, je suis là pour toi.

Mes larmes s'écoulent sur mes joues maintenant humides.

— C'est juste que la vie sans lui n'est plus pareil, j'ai peur de me confier au gens, j'ai peur de leur parler par crainte d'être laissée par la suite, dis-je entre deux sanglots.
— Continue ma puce, parle-moi.
— Quand je vois les personnes heureuses autour de moi, les personnes qui parlent entre elles, qui font de nouvelles rencontres, j'ai juste l'impression d'être une anomalie.
Je ne me confie pas, je ne parle pas, je ne m'accepte pas telle que je suis, je…en fait, je me demande à quoi je sers parfois.

Ma mère me regarde, les yeux brillants.
Je sais qu'elle a envie de pleurer avec moi.
Elle me prend alors dans ses bras, caressant l'arrière de ma tête avec sa main.

— Écoute Everly, je veux que tu saches que si Dieu t'as créé, c'est qu'il l'a voulu.
Tu as ta place parmi nous. Et même si les épreuves de la vie sont parfois si difficiles que l'on envisage de tout abandonner, je veux que tu saches qu'avec de l'ambition et de la patience, on obtient ce que l'on veut.
Un jour, tu t'épanouiras.
— Tu es sûre ?
— J'en suis certaine.

Je me défais de l'étreinte de ma mère et la regarde, je prends alors moi aussi une grande inspiration.

— Maman, admettons que je rencontre une nouvelle personne qui n’est autre que le petit-fils de Parker, qu’est ce que…je devrais faire ? Essayer d’apprendre à le connaître malgré tout ?
— Ma puce tu sais, tu ne peux pas changer le passé.
— Je sais.
— Ce qu'il c'est passé ne doit pas impacter sur ce qu'il se passe maintenant. Certes, le passé laisse des blessures, mais à toi de me dire si tu veux qu'elles cicatrisent ou qu'elles continuent de te faire mal. Et n'oublie pas que si elles cicatrisent, la trace sera toujours présente, mais elle ne fera plus mal.
— C'est vrai.

Je baisse les yeux. Elle a raison.

— Ne laisse pas le passé t'empêcher d'avancer, Everly.

Je lui souris et me blottis dans ses bras.
Nous restons toutes les deux comme ça pendant un long moment. J'avoue, ça m’a fait du bien de m’exprimer, de parler enfin à quelqu'un.
De lâcher prise.

...

Mais mère est partie acheter des pizzas pour ce soir, moi, je fixe mon téléphone en attendant un appel de June.

18h30. June m'appelle enfin, je décroche.

— Hey, alors ? dis-je.
— C'était sympa, on est allé se promener dans le centre ville, il m'a ensuite proposé de m'acheter une glace, puis on a parlé, on a appris à faire connaissance.
— Cool, c’est super sympa pour toi, June !
— Merci, d'ailleurs, comment ça va toi ? T'avais l'air distraite tout à l'heure.
— Moi, ça va... Oui, ça va.

Ça va mieux.
Alors non pas que le manque soit parti d'un coup et que ma confiance en moi est montée d'un cran, mais je suis un peu moins perdue. Et je trouve que c'est un bon début alors je peux le dire, oui : ça va mieux.
Et j'espère que ça ira, les jours suivants.

♪ • ☽︎ ✩ .

Hii,

La maman de Everly >>
Pleasee

( p.s : vous pouvez voter si ça vous plaît )

Océ'

ONE DREAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant