26. Nuit étoilée

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Debout devant l’accueil avec mon bouquet de rose à la main, j’attends que mon frère vienne me chercher.
Je regarde les familles passer devant moi, pour rendre visite aux malades. Je vois de temps en temps, des enfants pleurer car ils ne peuvent pas rendre visite à leurs parents.

Les portes vitrées coulissent et mon frère entre dans le bâtiment. Je m’avance vers lui.

— Comment te sens-tu ? me demande-t-il en commençant à marcher vers la sortie.
— Bien, je me sens bien…et toi ?

Loïc se retourne, l’air étonné puis me répond :

— Ça va.

Nous nous rendons jusqu’à sa voiture et nous installons sur les sièges. Mon frère démarre le moteur et nous partons en direction de ma maison.

— T’avais peut-être raison finalement, dis-je après plusieurs minutes de route.
— Sur ?
— Peut-être que le pilotage automobile n’est pas fait pour moi, ou du moins pour un fille, comme tu le disais.

Loïc appuie sur la pédale de frein et arrête la voiture sur le bord de la route.

— Tu fais quoi ?
— Ecoute Everly, j’avais tort, d’accord ? Je t’ai vu conduire l’autre soir, tu te débrouille extremement bien, j’ai été idiot de dire ça. Tout le monde peut piloter, filles comme garçons, je retire tout ce que j'ai dit.
— Loïc, je n’ai plus aucune chance de gagner.
— Tu as toutes tes chances.

Il plonge ses yeux dans les miens et me tend sa main. Je la lui prend.

— Je connais pas grand chose de ta vie et je sais qu’on n’est pas les frères et soeurs les plus proches au monde, mais ce qui est sûr, c’est que tu as une chance, et ta place parmi les pilotes.

Je lui lâche la main, croise les bras et appuie ma tête contre la vitre tandis qu’il prend son téléphone pour mettre de la musique. Nous reprenons ensuite la route.

Loïc m’a déposé chez moi et est reparti immédiatement après, je lui ai tout de même proposé de rester mais il n’a pas voulu.
Dans tous les cas, June m’a dit qu’elle passerait vers midi alors elle ne va pas tarder.

Je monte me préparer dans ma chambre et aperçois une photo de mon grand-père accrochée au mur. Ces jours passés à l'hôpital m’ont complètement fait perdre la notion du temps. La course à lieu demain.
Demain. C’est loin comme c’est c’est proche. Demain.

Je suis stressée mais en même temps impatiente, je ne sais pas trop en fait, c’est étrange comme sensation.

— Bon, prête pour la course ? me demande ma meilleure amie.
— Je ne sais pas trop.
— Tu vas t'entraîner tout à l’heure ?
— Je ne pense pas, je sais, je prends un risque mais je préfère me reposer.
— Je suis tout à fait d’accord avec toi.
— Vraiment ?
— Oui, vaut mieux ne pas t’épuiser.

J’acquiesce et pioche dans le paquet de bonbons entre nous deux. June fait de même.

— Après, faut que tu saches que quoi qu’il arrive, on sera toujours fier de toi, dit-elle la bouche pleine.
— C’est gentil…je vais tout donner de toute façon.
— J’en suis certaine.
— Bon, qu’est ce qu’on fait maintenant ?
— Je sais pas, on a qu'à discuter, ça fait longtemps qu’on n’a pas parlé toutes les deux.
— Pas de soucis, vas-y, trouve nous un sujet de discussion, dis-je en m’asseyant correctement sur le canapé.

June pose son regard dans le vide, réfléchit un instant puis prend la parole :

— Pour toi, c’est quoi l’Amour avec un grand a ?

Je reste perplexe, ne dis rien.

— Je sais pas trop mais, je dirais que l’amour c’est un sentiment réciproque, c’est le fait d’aimer plus fort que tout, de se sentir à sa place, de pouvoir parler et être soi-même sans avoir la peur constante d’être jugé.
— Mmh, c’est beau.
— Et pour toi alors ?
— Pour moi ? Et bien…je dirais c’est le fait d’aimer une personne, pour mille et unes raisons que le cœur connaît, mais que la raison ignore. Juste le fait d’aimer, pour de vrai, pour toute une vie et plus encore.

Et plus encore…

— Tu sais, continue-t-elle, lorsque l’amour est vrai, il ne meurt jamais.

22h47. June est rentrée chez elle il y a quelques heures maintenant. Je n’arrive pas à trouver le sommeil, le stress s’est emparé de moi ce soir. Demain je serais sur la piste, entourée de 159 autres pilotes et c’est à se demander si ma place est vraiment parmi eux.
Mais faire cette course à toujours été mon rêve et pour rien au monde je renoncerais.

Mon téléphone sur ma table de nuit se met à vibrer. J’allume l’écran et lis le message de Sean.

« Tu dors ? »

Les extrémités de mes lèvres remontent tandis que je lui répond que non, je ne dors pas.

« Viens me rejoindre au parc. »

Je me lève de mon lit et attrape un sweat que j’enfile par-dessus mon débardeur. Je dévale les escaliers et m’empresse de sortir de chez moi.
J’ignore pourquoi il m’a demandé de venir le rejoindre mais être avec lui me rendra sûrement moins nerveuse.

Il n’y a pas de nuages dans le ciel, la nuit est claire. Les étoiles brillent au-dessus de ma tête et le croissant de lune resplendit.
Je rentre dans ma voiture et me dépêche de démarrer pour rejoindre Sean au parc.

Je marche en direction de notre endroit habituel, c’est sûrement là qu’il est. Les oiseaux ne chantent pas cette nuit et le vent ne souffle pas.

J'aperçois Sean un peu plus loin, allongé sur le dos. Je le rejoins et m’allonge de même à côté de lui.

— Alors, ça va mieux depuis l’accident ? me demande-t-il immédiatement.
— Oui, au fait, merci pour les roses, et la lettre .
— Ce n’est rien.

Nous ne parlons pas et regardons le ciel.

— Pourquoi m’as-tu demandé de te rejoindre ? dis-je finalement.
— Pour profiter de ce moment avec toi, et pour te déstresser parce que je me doute bien que tu es nerveuse pour demain.
— C’est vrai, et ça sera dur demain, ça fera dix ans.
— Ouais.
— Il me manque tu sais.
— Choisis une étoile.
— Comment ça ?
— Là, dans le ciel, choisis une étoile.

Je scrute les cieux à la recherche d’une étoile qui pourrait me convenir. Je tourne la tête et, un peu plus loin dans le ciel, aperçois mon étoile.

— Celle là, dis-je en prenant la main de Sean pour la lui montrer.
— Et pourquoi ?
— Parce qu’elle n’est pas comme les autres, elle est éloignée, elle se fond dans la masse mais on la repère facilement car elle brille un peu plus.
— Comme lui.
— Comment ?
— Ton grand-père, quand tu regarderas le ciel, tu te diras qu’il veille sur toi, car même s’il n’est plus là, il est partout avec toi. Et ce, pour toujours.

« Là haut, au milieu des étoiles, il y aura toujours un souvenir qui ne mourra jamais. »

♪ • ☽︎ ✩ .
Hi you,

La course finale aura donc lieu dans le prochain chapitre ?

Tout passe si vite...

Et, on a tous une étoile qui brille dans le ciel.

( p.s : vous pouvez voter si ça vous plaît )

Océ'

ONE DREAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant