Épisode 17 : Rencontre avec le mécène (1)

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« Non mais, tu t'entends parler ? rétorqua Rimona, outrée. Eve va très vite se lasser de toi si tu réagis comme ça. Sans compter que d'après moi, être autoritaire et obsessionnel comme ça, c'est aussi une forme de violence ! »

Mikael sembla sur le point d'oublier son rôle de petit ami : cette chanteuse osait tout de même s'attaquer sans vergogne à son honneur de chevalier. Eve intervint juste à temps pour éviter tout débordement :

« Mikael s'inquiète seulement parce qu'il sait que je suis très pudique, et que je ne me sens vraiment pas à l'aise avec les étrangers.

— Oh, vraiment ?

— Oui, acquiesça Eve avec fermeté.

— Mais ce n'est pas grave : il y a une solution ! Les bains vont bientôt offrir des salons privés qu'on pourra réserver. Dès que je serai plus célèbre et que je gagnerai suffisamment d'argent, on pourra y aller ensemble. Qu'en dis-tu ?

— Excellente idée. Faisons-le. »

Eve ne voyait effectivement aucun problème à se rendre dans un salon de bain privé, et était rassérénée d'avoir pu trouver un si bon compromis. Mais elle s'était détendue trop tôt.

« Alors comme ça, ton petit ami s'appelle Mikael ? N'est-ce pas le nom du chevalier attitré de la septième princesse ?

— Oh... Heu... C'est juste un surnom. Tu sais qu'appeler son petit ami, du nom du plus séduisant homme de la capitale, est actuellement très en vogue ?

— Argh... Sérieux ? Je vois que tu aimes suivre les tendances de la mode...

— Ah... C'est vrai qu... qu'on a un penchant pour ce genre de mignonneries lorsqu'on est... lorsqu'on est amoureux.

— Tant mieux, si c'est ce qui te plaît...

— Hmm...

— Alors, comment il s'appelle en vrai ? »

Eve dut encore faire fonctionner ses neurones. Mais Mikael fut plus rapide qu'elle.

« Je m'appelle El Lis, déclara-t-il calmement, empruntant la deuxième partie de son prénom Mikaelis.

— Ellis ?

— Non. El, plus loin, Lis, précisa Mikael.

— Alors ton prénom, c'est El ?

— Exactement. »

Heureusement, le fiacre finit par s'immobiliser, dans un quartier célèbre pour ses hôtels particuliers hors de prix, et le conducteur les informa qu'ils étaient arrivés. La demeure devant laquelle ils se trouvaient, construite plein sud, profitait pleinement de la lumière naturelle du soleil, et son toit couleur lie-de-vin offrait une vue imprenable sur la rivière Ravello.

« Woah. Ça dit vraiment que c'est la propriété de la Maison Arpel », s'étonna Rimona en voyant l'inscription qui en ornait le mur, tandis qu'Eve, fébrile, s'immobilisait au seuil de l'entrée.

Mikael se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille :

« J'ai déjà envoyé Ambre prévenir Lady Sedella de la situation. Elle a l'esprit acéré. Je suis sûre qu'on n'aura aucun problème.

— Je vais te faire confiance, alors », lui chuchota en retour la princesse avec une expression d'intense concentration.

Je suis une servante. Je suis une servante.

Elle tenta de bien se remettre à l'esprit ce qu'elle allait devoir faire maintenant. Une courte liste qu'elle avait réussi à dresser dans le fiacre, durant les quelques instants de répit que lui avait laissés Rimona. Il faudrait d'abord qu'elle l'accompagne au petit salon, puis qu'elle lui apporte une collation. Ensuite elle laisserait la chanteuse, et se rendrait au second, au prétexte qu'il fallait bien qu'elle aille saluer et chercher sa maîtresse. Là, elle verrait Sedella, se mettrait d'accord avec elle pour gérer au mieux la situation, et pourrait enfin souffler un peu : à partir de ce moment, les choses pourraient se dérouler plus calmement.

Eve Princesse Révolutionnaire S3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant