Épisode 27 : l'ambition de la princesse

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Non, non, non... Est-ce que j'ai bien entendu ?

Kadeline avait du mal à appréhender le sens des paroles que venait de prononcer la septième princesse. Submergée par une vague d'indignation, elle mit un certain temps avant de retrouver ses esprits. Elle jeta un regard noir à Alvin, les poings tremblants de rage.

Espèce de bâtard de lèche-botte hypocrite. C'est pour ça que tu m'as soutiré toutes ces informations ?

Elle se sentit idiote d'avoir placé ses espoirs dans cette princesse, et un sentiment d'angoisse commença à l'envahir, alors qu'elle jetait un regard amer à Eve.

Vous... Vous êtes horrible ! Vous êtes abjecte ! Une véritable abomination ! Ah... Maintenant j'ai compris comment elle a réussi à évincer la troisième princesse de cette mission.

Les homonculi debout dans les parages avaient, eux aussi, suivi toute la conversation. Leur visage, habituellement sans expression, était livide, à présent qu'ils avaient réalisé que le mélange de gruau et de haricots, qu'ils venaient juste de finir, était sans doute leur dernier vrai repas.

Leurs yeux s'accrochaient avec détresse aux bols vides, qu'ils tenaient encore entre leurs mains, et une chape de désespoir couvrit le village tout entier, donnant presque l'impression qu'un épouvantable esprit maléfique venait d'y élire domicile.

Sans y porter la moindre attention, Eve et Alvin s'étaient replongés dans une discussion affairée.

« J'ai fini de lire votre plan. Les idées sont excellentes. Je pense qu'on peut sans attendre lancer les opérations. »

La princesse, en tant que responsable, commença à donner des ordres, en s'assurant qu'ils ne soient basés que sur le rapport qu'elle avait en main.

« Tout d'abord on va faire bâtir les installations nécessaires pour fabriquer du pain, à la place du gruau. Commençons dès demain, par la construction de moulins et de fours. Contactez Lady Anaïs, et dites-lui d'envoyer tout de suite des techniciens et des ouvriers.

— Ce sera fait, Votre Altesse, répondit Alvin. Je vous suis reconnaissant d'accepter mes suggestions.

— J'aimerais aussi réaménager un peu ce village, dont l'architecture est exécrable. Il faudrait rajouter des portes, pour dissimuler ces intérieurs miteux, remplacer les toits, pour éliminer les bestioles qui s'y sont installées, et apporter quelques graines et plantules pour que de jolies fleurs puissent égayer ces rues trop inesthétiques.

— Mon dieu, des parterres de fleurs, quelle superbe idée, Votre Altesse ! s'exclama Alvin en levant ses deux pouces en l'air, pour appuyer ses dires. Il est vrai que les tâches administratives doivent pouvoir se dérouler dans un décor agréable, après tout ! »

Eve hocha humblement la tête en signe de remerciement, un grand sourire aux lèvres, et continua leur petite comédie.

« Je suis vraiment soulagée d'avoir à mes côtés quelqu'un d'aussi fiable que vous, Lord Alvin.

— Vos paroles m'émeuvent jusqu'aux larmes, Votre Altesse. Mais appelez-moi donc Alvin, je vous prie !

— D'accord, Alvin.

— Je vous servirai jusqu'à la fin de mes jours ! »

Mikael commençait à se sentir agacé par cette exhibition exagérée de leur bonne entente.

Eve se tourna vers les homonculi qui faisaient la queue, et désigna avec nonchalance quelques-uns d'entre eux :

« Toi, là. Et toi, et toi. Et toi également... »

Eve Princesse Révolutionnaire S3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant