Chapitre 6 (réécrit)

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Média : Paul (alias Lucas Till) 

Média : Paul (alias Lucas Till) 

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25 août 1943

Paul et moi nous avons répété au moins cent fois les étapes de notre sortie de ce soir et normalement rien ne peut nous arriver. Après avoir mis au point notre projet, nous l'avons soumis à nos parents respectifs : ma mère naturellement, a soulevé plusieurs objections mais quand je lui ai dit que je faisais cela pour elle, que j'en avais assez de la voir faible et malade, elle m'a donné son accord d'une toute petite voix.

Sans Paul, je ne pense pas que je me serais lancée dans une telle aventure mais sa présence à mes côtés me rassure : avec lui, je ne crains rien, il me défendra quoi qu'il arrive.

Et puis, mon père m'a appris que de plus en plus de jeunes de notre âge s'investissent dans la Résistance. D'ailleurs, il sait que de toute façon, chaque paire de bras n'est vraiment pas de trop pour lutter contre les Allemands et il apprécie réellement mon aide même si cette fois c'est totalement différent, j'agis pour le bien de notre famille.

Quelques membres du groupe de mon père ont mené plusieurs opérations de surveillance de la ferme de la famille Hamon-Brunel, celle où Paul et moi nous allons voler de la nourriture ce soir. Ils ont également fait quelques repérages pour nous faciliter la tâche et ils nous ont garanti qu'il n'y aurait pas d'action de leur part dans les parages pour éviter de multiplier les mouvements suspects.

La chaleur de la journée est peu à peu tombée mais Paul et moi nous pestons contre la météo car le ciel est parfaitement serein et il n'y a absolument aucun nuage à l'horizon. Comble de malchance la mer est d'un calme olympien : il faut vraiment tendre l'oreille pour entendre le bruit des vagues et la lune éclaire la campagne d'une lueur blanchâtre digne de la lumière du jour

Cela signifie que nos frêles silhouettes seront visibles de très loin. En raison de cette multitude d'obstacles, nous songeons un instant à renoncer à notre escapade puis je me reprends : nous avons travaillé près d'un mois sur ce projet et si nous abandonnons avant même de commencer, l'état de santé de ma mère ne risque pas de s'améliorer. Paul soutient également que ces gens ont trahi notre pays et qu'il a envie, à sa façon, de se venger.

Paul et moi, nous prenons la direction de la maison des Hamon-Brunel vers 23 heures : nous marchons un kilomètre et demi sur un chemin de terre caillouteux puis nous traversons un bois qui délimitent les terres de la famille de Paul et enfin nous parvenons à un petit ruisseau que nous avons prévu de suivre sur quelques centaines de mètres.

Paul suggère d'enlever nos chaussures et de marcher pieds nus histoire de brouiller les pistes. Je grimace un instant en trempant mes orteils dans l'eau qui est très fraiche malgré la chaleur de la journée.

Nous arrivons bientôt en terres ennemies et instinctivement je me raidis tout en prenant pleinement conscience de ce que je fais faire dans les prochaines minutes. Je chasse rapidement le sentiment de culpabilité qui m'envahit brièvement : ces gens ne souffrent pas comme nous, ils ne connaissent ni la faim ni le froid, ils ne méritent aucune compassion.

Les larmes d'Auschwitz {Tome 1 et 2 publiés  chez Poussière de Lune Édition }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant