Chapitre 2 : Couler, ou survivre ?

1.2K 63 82
                                    

Victoria

Il ne bougeait plus.

Du sang venait se répandre en une grande mare tout autour de sa tête, qui s'était il y a quelques secondes écrasée brutalement contre le sol.

Il était mort.

J'éprouvais alors une sorte de soulagement et de sentiment d'équité, parce qu'il venait de tuer une partie de moi et que, à son tour, au sens littéral du terme, son âme venait de quitter définitivement son corps.

Espérons qu'il devienne une âme errante, ayant raté sa mission de vie, désormais condamné à revoir ses erreurs en boucle.

Je relevais doucement la tête, cherchant à savoir d'où était parvenu la détonation, je voulais savoir à tout prix qui avait tiré sur mon agresseur.
C'est alors que j'aperçus un homme à la carrure imposante, se tenant face au corps dépéri du cadavre à terre.

Il réajustait son blouson de cuir noir et essuyait son arme avec délicatesse, comme si de rien n'était.

Un frisson déferlait le long de ma colonne vertébrale face à autant d'impassibilité.

J'étais terrifiée, et si il était venu pour me tuer ?

Et si il allait me faire bien pire que ce que l'autre m'avait fait ?

J'étais prise d'une seconde vague de panique mais j'étais incapable de m'enfuir.
C'était comme ça chez moi, la peur me paralysait, elle ne m'entraînait pas à fuir.
Une sale habitude qui avait le don de m'énerver au plus au point.
On me l'avait toujours reproché, cette même question qui contribuait à la culture du viol :

« pourquoi tu n'as pas réagis ? ».

« Pourquoi tu n'as pas couru, ou bien hurler ? »

« Pourquoi tu n'as rien dit pendant tout ce temps ? »

Mais pourquoi est-ce que c'était toujours à la victime de se justifier et non à l'agresseur ?

Pourquoi nous devions sans cesse se demander si nous n'avions pas dû réagir autrement alors que nous n'étions que le fruit d'une violence avide de contrôle et de pouvoir, reflétant le mal-être intérieur de l'agresseur.

Je restais plaquée contre le mur, les genoux recroquevillés, incapable de prendre mes jambes à mon cou.
J'avais bien trop peur qu'il me tire dessus, je ne courrais pas plus vite que les balles et malgré ce qu'il venait de m'arriver, je ne voulais pas mourir en ayant tenter d'échapper à l'inévitable.

Je l'observais avec nuance et déglutis alors qu'il commençait à s'approcher.
Il avançait lentement, le regard rivé sur moi, puis celui-ci dévia en direction de mon entrejambe, maculée de sang.

Même à travers ce putain de jean.

Je me sentais honteuse, regrettant de ne pas avoir agi autrement.
Mais il ne s'attarda pas sur ma flagrante blessure, ce auquel je le remerciais intérieurement.

Son aura était maléfique et dangereuse, il y avait quelque chose de puissant qui émanait de lui, et qui disait au monde entier de ne pas l'approcher.
Des mèches brunes retombaient de sa capuche et cachaient partiellement ses yeux, attisant mon anxiété.

C'est alors qu'il se retrouvait rapidement face à moi, je me collais davantage contre le mur pour créer une pseudo barrière entre nous.

Comme si ça allait t'aider.

Et t'empêcher de te faire tuer.

Mais mes pensées se sont stoppées nettes lorsqu'il releva la tête et plongea son regard sombre dans le mien.
Ses yeux étaient d'un vert intense, cependant masqué par la noirceur de son âme, contrastant avec ses cheveux ébènes.

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant