Le Poudlard Express

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J'avais reçu ma lettre, celle que j'avais attendue tout l'été, toute la vie. Mattheo et Draco ne s'étaient pas retenus pour se moquer de moi lorsque, au début de l'été, ils avaient reçu les leurs. Ils m'avaient traité de crackmol, de moldus ou encore de sang de bourbe. Ils avaient d'ailleurs eu très peu d'imagination étant donné que moldu et sang de bourbe veulent dire exactement la même chose. Cette fois je pouvais, moi, les narguer. Eux qui, et je n'en revenais pas, avaient imaginer de se rendre à Poudlard sans moi.

Avec Mattheo et Draco nous nous connaissons depuis... Toujours je crois. Mes parents, enfin mon père, est mort. Ma mère, je ne sais pas. Personne ne connaît son identité, je ne l'ai pas cherché non plus. La seule chose qu'on m'ait dit c'est que mon père, Louis Smith, était mort en trahissant Voldemort, lorsqu'on habite chez les Malefoy avoir un père qui se battait contre Voldemort est comme une trahison. Heureusement pour moi, mon père était le meilleur ami de Lucius. Les Malefoy m'avaient toujours bien traité. J'avais surtout une belle complicité avec Lucius, il est vraiment comme mon père. Il est aussi, légalement, mon parrain. Narcissa, elle, tient simplement à ce que je ne fasse pas honte au Malefoy. C'est pourquoi j'ai eu une éducation qu'elle souhaite des plus remarquables. J'ai appris dès mon plus jeune âge à parler trois langues, jouer du piano et bien sûr coudre et cuisiner. Ces deux indispensables.

Les leçons de langues, pianos, cuisine et couture m'avaient d'ailleurs values plus d'une sortie manquée.

-Mais attendez moi seulement une heure, on sortira ensuite, je suppliais

Je me souviens de Draco me riant au nez et Mattheo simplement me tapoter l'épaule un sourire en coin. Depuis la fenêtre placée à droite du piano, je tentais de les apercevoir, riant, courant.

-Mais enfin, concentrez-vous Mlle Smith, me sermonnait mon lugubre prof de piano.

Et je recommençais mes gammes.

Une secousse me sort de ma rêverie, Le Poudlard Express s'ébranle avant de s'arrêter.

-On est arrivés ? je grommelle 

-Non, évidemment que non soupire Pansy adossée contre la fenêtre.

Fenêtre qui est d'ailleurs bien embuée pour un mois de septembre.

-On est à Pré-Au-Lard, nous informe Théodore

Je me relève péniblement, Pansy a ma droite s'endormait. A ma gauche, Draco lit un livre de potions. A côté de lui Blaise mange toutes les friandises qui nous ont échappés. En face de Blaise, Lorenzo dort la bouche ouverte. Je ne peux m'empêcher de rire en le voyant dans une telle position. En face de Draco, Daphnée lit un magazine. En face de Pansy, Théodore examine dehors, scrutant chaque mouvement. La place en face de moi est vide, Mattheo aurait dû l'occuper.

-Il est passé ou encore Mattheo ? je demande.

-Parti, répond Draco sans lever les yeux de son livre.

-Parti ? Quand ?

-Dès que le train s'est arrêté.

-Où ?

-J'en sais rien, inspecteur Smith, répond-t'il exaspéré

-Hé les gars ! ça bouge dehors, je crois que des gens montent dans le train.

-Bouge Théodore, je veux voir, lui dit Daphnée

Il marmonne mais lui laisse place.

J'allais me lever, voir où Mattheo était parti mais Draco me retient en attrapant mon avant-bras. Toujours sans lever les yeux du manuel qu'il lit.

-Laisse, tu le connais.

-Justement, je le connais, je murmure

-Non tu devrais rester là, vraiment, intervient Pansy, inquiète, elle regarde dehors.

Les fenêtres sont maintenant couvertes de givre.

-Réveillez Berkshire, vite, s'impatiente Theodore

Blaise se lève pour secouer Lorenzo,

-HeIN, KeSKIspaCe

-Des détraqueurs... murmure Pansy les yeux rivés vers la porte.

Soudain, l'air devient froid, plus rien ne compte autour de moi. Je ne vois que le détraqueur.

Aucun souvenir ne remonta jusqu'à mon esprit. Ils ne sont pas assez proches. Tant mieux.

Le détraqueur jette un dernier regard dans le compartiment, puis, sans demander son reste, continue le long du couloir. Cette sorte de cape qui le constitue, cet air froid, ce bruit d'aspiration. Tout cet être n'est que désespoir.

Une fois mes esprits retrouvés j'observe mes amis. Tous sont sous le choc, mais aucun ne semble trop mal.

-Je vais... Prendre l'air, articule Blaise

J'hoche la tête et m'enfonce un peu plus dans la banquette. Personne ne parle, Daphnée tapote l'épaule de Lorenzo qui a dû faire le réveil le plus traumatisant de sa vie.

Le regard vide, je fixe les lumières au plafond. Pendant que tout le monde reprend ses esprits, la porte s'ouvre et la silhouette de Mattheo se dessine. Il nous fixe un à un et rigole.

-Je crois que j'ai choisi le bon moment pour aller aux WC.

Draco étouffe un rire et reprend son livre, Mattheo se laisse tomber lourdement sur la banquette.

-J'espère qu'avec ça on aura au moins le droit à une mise en scène de Saint-Potter, soupire Draco.

Tout le monde rigole, il détend l'atmosphère. Dans notre groupe Potter est un sujet de blagues inépuisable. A ce moment Blaise rentre dans le compartiment, il s'adosse contre la porte :

-Devinez qui nous a fait un malaise ?

-Quand on parle du loup, déclare Draco

-Potter, crie-t-on dans le compartiment.

Blaise s'assoit et soupire

-Oui, évidemment. Je peux même plus faire mes supers devinettes, il y a plus de surprises.

Je rigole, suivie de Théodore. Cela s'ensuit d'un fou rire qui emporte tous nos amis.

Le train repart enfin, les conversations font rage dans notre compartiment.

-C'est forcément pour la recherche de Black, dis-je à Mattheo.

-C'est clair. Dumbledore a dû resserrer les mesures de sécurité.

Il est penché vers moi, les coudes sur les genoux.

-Ca veut dire pas de sortie à Pré-Au-Lard ? Moi qui voulait trop visiter...

-T'inquiète Emmy, il n'a peut-être pas interdit ces sorties là.

A la sortie du train Draco ne s'est pas privé pour vanner Potter. D'ailleurs je crois que nous avons tous profité de cette occasion pour lui lancer une pique. Le buffet s'est bien déroulé, excepté le discours de Dumbledore qui nous demandait d'être je cite : "Les plus prudents possibles, les mages noirs se cachent souvent dans les endroits où l'on s'y attend le moins"

Comme si Black allait sortir d'un buisson pour nous tuer. C'est vrai, dans cet exemple j'ai, le mage noir, l'endroit inattendu et même un sort.

Le soir j'avais tellement hâte de me glisser dans mon lit que je n'ai pas attendu que mes amis finissent. Sauf Pansy, mais elle c'était différent. 

Emmy Smith à PoudlardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant