Partie 50 (FINALE)

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Fatou Bousso Thiam

Couchée sur mon lit, raide comme une inerte, mon esprit ne faisait rien d'autre que tourner en rond.
Je ne me sentais pas du tout vivante dans la maison de mes parents, et dire que c'est de là que je venais avant de rejoindre la maison de mon mari.
Depuis que je suis là, tout le monde me fait la remarque gênante que j'ai beaucoup changé.
Je ne sais pas dans quel sillage va cette affirmation. Certe, j'ai toujours été une fille très enjouée qui mettait également de l'ambiance à la maison.
En grandissant, j'avais certe le même esprit d'enjouement mais il est évident que plus les mêmes choses ne m'animaient.
Mais je pense quand même qu'il est du devoir des gens avec qui j'habite de me comprendre. Je ne sais pas mais j'avais vraiment du mal à m'ouvrir en quelque sorte.
Le sentiment d'être trompé par la personne qu'on aime est vraiment affreux ; penser connaître une personne à cause de tout le temps passé ensemble est aussi vraiment douloureux.
Hamidou n'est pas seulement mon mari, mais il a aussi été mon meilleur ami d'enfance.
Tellement de temps passé ensemble ; le seul moment où on s'est vraiment séparé c'était quand il s'est marié avec Mariétou.
Bon, je n'ai jamais essayé de trouver cette attention amicale auprès d'une autre personne ; je peux même dire que c'est à cause de cette solitude que mon attitude dans la vie quotidienne a complètement changé.
Notre maison a toujours été la meilleure du quartier car qu'importe les moyens, on trouve toujours un moyen de transformer les journées, en un temps d'amusement et de convivialité. Mais quand même, je me sentais seule dans mes moments de solitude.
C'est seulement à Hamidou que je me confiais et seulement lui qui savait déterminer mes états d'âmes comme n'importe qui.
Je sais que vous vous disez qu'il pouvait continuer d'être là pour moi, même s'il est marié car les moyens de communication continuent toujours. Mais j'ai toujours su me rappeler de la discussion houleuse que j'ai eu le jour de son mariage avec Mariétou. Cette dernière m'avait clairement fait comprendre qu'elle ne voulait plus du tout me voir autour de son mari et que je n'avais plus le droit de le contacter qu'importe le moyen.

Vous savez quoi ? J'ai vraiment fait ce qu'elle m'a demandé.

Ne pensez pas que c'est pour la simple cause que sa femme m'aies mis en garde, mais ma mère m'a clairement fait comprendre qu'il était de mon devoir de m'éloigner systématiquement de lui car c'est ce qu'il y'avait de plus juste.
On dit souvent que deux amis avec une situation matrimoniale différente, ne doivent pas entretenir un rapport car les centres d'intérêts et les mentalités sont vraiment très différentes.
Une personne mariée et une personne célibataire ne peuvent pas aller dans le même sens, c'est très mal vu par la société.

Depuis que je suis là, je me cache des yeux des membres de ma famille pour une très bonne raison.
En quittant la maison de mon mari, je me suis rendue compte que j'avais des symptômes assez étranges dont un retard des règles, une boulimie et le grossissement des aréoles mammaires.
Je ne suis pas dupe ; j'ai grandi dans une maison familiale avec des gens de différentes générations et donc, j'ai assisté à pas mal d'événements, tout au long de mon existence.

Je savais pertinemment que j'étais enceinte.
Là psychologiquement je n'étais pas prête à accepter tout ce qui nous était arrivé à moi et à mon mari ; de plus, je n'avais pas du tout le cœur à retourner dans cette maison qui représentait tout sauf un havre de paix pour moi.
Je n'avais que de mauvais souvenirs de cet endroit, comme si ce n'était pas la maison où j'avais misé tout mon bonheur et l'épanouissement de mon foyer.

Je savais très pertinemment que dès l'instant où ma mère saura que j'attends un enfant de mon mari, elle exigera que je retourne chez lui, comme le veut la religion car dans les normes, un divorce ne peut être prononcé dans ces cas là.
Même si je savais qu'une grossesse ne peut pas se cacher pour un long moment, j'aimerais prendre le temps de réfléchir et de m'apprêter avant que cela ne se sache et que je sois appelée à retourner chez moi.

Les 4 côtés du mur ( Yonne )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant