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Louis

Harry va arriver d'une minute à l'autre.

Je tourne en rond dans l'appartement, déjà stressé à l'idée de le voir. J'essuie mes mains moites sur mon jean et jette un nouveau coup d'œil à mon réveil.

J'ai eu le temps de réfléchir depuis ma discussion avec Zayn. Je n'ai fait que ça, réfléchir. Encore et encore en train de penser à lui et tout ce que nous avons vécu. Son appel m'a sorti de ma longue et intense réflexion. Entendre sa voix à l'autre bout du téléphone a été comme une bouffée d'air frais à toute cette fatigue. Il a mis fin à tous mes doutes.

J'entends les clés dans la serrure.

La poignée qui s'abaisse et deux pieds qui entrent dans l'appartement.

Les affaires sont posées dans l'entrée, comme à son habitude.

Mon stress monte en flèche mais j'essaye de garder un brin de confiance en moi.

Celle-ci s'évapore lorsque je le vois dans le salon, habillé d'un pull bleu ciel et d'un pantalon beige. Il me sourit, mais c'est un sourire triste qui veut dire bien plus que "Louis, tu m'as manqué". J'ouvre mes bras, il ne réfléchit pas avant de foncer dans mon étreinte. Je le serre très fort contre moi, contre mon cœur qui bat la chamade et qui pleure en même temps. Je suis tellement heureux de l'avoir à nouveau dans mon étreinte, son front s'écrase sur mon épaule. Je passe une main dans ses cheveux en bataille. Et je le laisse se reprendre en le berçant tout contre moi.

Il se détache ensuite. J'observe son visage comme si je ne l'avais pas vu depuis des années. Je remarque à quel point ses traits m'ont manqué, dans un excès de panique j'avais presque peur de les oublier. Sa bouche rosée sourit très légèrement lorsque ses iris verts rencontrent les miens. Ils sont comme deux émeraudes brillantes que je ne peux lâcher du regard. Harry est tellement beau que j'en oublie où nous sommes et pourquoi on en est là. J'ai juste envie d'embrasser ses lèvres jusqu'à ce qu'il me demande d'arrêter.

Jamais j'espère.

Il me pointe avec son nez le canapé. Je hoche la tête et nous nous asseyons dans ce silence pesant où la lumière rentre à peine à travers les rideaux. Le visage d'Harry est caché dans la presque pénombre. Je regrette à ce moment-là nos matins ensoleillés, nos matins qui sentaient les pancakes et même s'il ne me le disait pas vraiment, il m'aimait. Ces matins où on se réveillait ensemble sans savoir ce qu'on allait faire de la journée, mais où on savait qu'on la passerait ensemble. Parce que l'ennui à deux ça n'est pas vraiment de l'ennui, je peux prendre le temps de l'observer à regarder le plafond, et il est encore plus beau qu'à l'accoutumé.

En le regardant là, si triste et terne, je réalise à quel point j'ai merdé. Et le silence qui accompagne nos respirations me fait pleurer, parce que c'est comme si on avait plus rien à se dire, alors que je veux qu'on soit assis dans ce même canapé à discuter, pendant encore mille ans au moins.

Je laisse les perles d'eau brûlantes se répandre sur mes joues comme une preuve de ma culpabilité. Celle d'avoir tout détruit quand tout allait bien.

J'ai douté.

- Louis, qu'est-ce que tu voulais me dire au téléphone ? Sa voix est neutre. Ça aussi ça me fait mal.

- Je voulais te dire que... Je regarde mes doigts car je n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Il me fixe, ses cils battent moins rapidement qu'à leur habitude. Je repense à ma discussion avec Zayn mais les mots gentils ne veulent pas sortir. Ils restent bloqués dans le fond de ma gorge, et je sais que malgré l'air presque neutre d'Harry, il commence à s'impatienter au fur et à mesure que les minutes défilent.

Il soupire.

- Écoute Louis, c'est pas grave. Ça ne devait pas être si important. Je vais y aller.

- Attends Harry, attends encore un peu ! Je le supplie presque. Je pose une main timide sur sa cuisse en disant ça. Je veux qu'il reste. Je devrais juste lui dire.

Il repose ses fesses sur le canapé et patiente.

- Je veux que tu restes. Je dis en baissant la tête vers mes genoux qui se touchent.

- Je ne pars pas. Je suis toujours là.

- Je veux dire, tout le temps. Je veux que tu sois tout le temps avec moi. Je réussis à dire sans bégayer. Dans ma tête c'était plus héroïque que ça, là j'ai l'impression d'être un gosse de huit ans.

- ...

- Zayn m'a dit de dire des choses sincères mais j'arrive pas à les dire. Je sais pas pourquoi, mais j'ai très envie de te les dire, j'te jure ! Je dis en relevant ma tête vers lui et en attrapant son bras.

Il fait un sourire amusé.

Harry paraît se détendre.

J'ai vraiment envie qu'il me croit. J'ai vraiment envie de lui dire toutes ces choses qui traversent mon cœur et mon esprit, mais rien ne sort. Je crois que Zayn avait raison, les mots ça n'a jamais été mon truc.

- Fais pas cette tête, je te crois. Il dit d'une voix douce que je lui reconnais davantage. Je me détends un peu. Je ne veux pas qu'Harry parte, je ne veux pas qu'Harry parte, je ne veux pas qu'Harry parte. Je veux qu'il reste. Tu m'as manqué si tu veux savoir. Il dit en souriant.

- A moi aussi. Je dis timidement.

- Lou... Dis-moi toutes ces choses. Il murmure. Je le regarde. Sa main se pose sur ma cuisse, je le regarde faire des ronds sur mon jean.

Je voulais te dire que je t'aime, que je suis amoureux de toi, que je crois que je t'ai toujours aimé en fait, et ce depuis que j'ai dix-huit ans. Je voulais te dire que mes plus beaux souvenirs sont à tes côtés, et que je veux que les prochains soient aussi merveilleux. J'ai envie de prendre ta main et te serrer très fort dans mes bras, mais aussi te laisser tranquille pour t'admirer. J'ai envie de t'embrasser, j'ai envie que ça soit doux et langoureux, et aussi sensuel et hâtif. Ce serait comme te dévorer en vitesse sur place et prendre le temps de te découvrir. Tout ça à la fois. J'ai envie que tu m'aimes, et si tu ne m'aimes pas je veux que tu me détestes, parce que même dans la haine tu penseras à moi. Parce que moi je pense à toi, tout le temps. C'est comme si tu hantais toute ma vie, tous mes songes, tous mes rêves, et le cauchemar c'est se réveiller un matin, et se rendre compte que tu n'es pas là. J'ai envie qu'on s'aime, j'en ai tellement envie Harry, et je suis prêt à balancer la période Penny aux oubliettes car elle nous freine, elle me freine dans ma longue course effrénée jusqu'à toi. Je ne veux plus avoir peur, surtout lorsque tu apparais comme un petit soleil dans mon monde si sombre et silencieux. La lumière qui passe dans tant de noirceur et de vide. Fais un peu de bruit en moi comme tu résonnes dans mon cœur. Aime-moi jusqu'à ton dernier souffle, jusqu'à ce que tu décides que tu es trop bien pour moi si tout ceci doit être éphémère. Je veux être là pendant mille ans, avec toi, et si je dois passer mille ans à t'écouter sans jamais parler, alors je le ferai, et je prendrais le plus grand des plaisirs à te regarder faire. Parce que j'aime tout, et même lorsque je n'aimerai plus rien car tout sera devenue une habitude insupportable, je continuerai de trouver de nouveaux moyens de t'aimer, je te donnerai tout ce que j'ai jusqu'à ce que tu n'en veuilles plus, et lorsque tu claqueras la porte, je ne serai même pas triste, car la seule chose à laquelle je penserai, c'est à quel point j'ai été chanceux de tant t'aimer.

- Louis ?

Je reviens à moi. Mes yeux papillonnent après avoir fixé les siens sans cligner pendant si longtemps.

- Quoi ?

- Les mots. Qu'est-ce que tu voulais me dire ? Il dit en riant en voyant à quel point je me suis perdue dans mes pensées.

J'ai l'air d'avoir été largué sur une autre planète. Comment pourrais-je lui répéter tout ça alors qu'il me fixe sans rien dire en souriant. Et plus je regarde dans ses yeux et plus je suis convaincu que mes peurs sont infondées. Car il n'est pas Penny, et que je ne suis pas ce Louis. 

- Bientôt. 

TÊTE DE CALAMAR [LARRY STYLINSON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant