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Louis

Quelques semaines plus tard...

Mes yeux se posent sur la bouilloire qui siffle. Mes oreilles captent le bruit strident de l'appareil, et tout à coup je retourne à la réalité. Je me frotte l'œil et verse l'eau dans une tasse, où un sachet de thé vient la colorer.

Lentement, je pose la tasse sur le plateau et dépose un paquet de gâteaux que j'observe avec lassitude.

A vrai dire, je suis inquiet pour Harry. Depuis quelques semaines, il semble mal au point au point de ne presque pas se lever de la journée. Il dit qu'il est fatigué, qu'il se sent nauséeux, qu'il ne trouve pas de travail et que ça le déprime. Je ne sais plus quoi faire pour l'aider, alors dans le silence le plus complet, je traverse le salon jusqu'à sa chambre pour lui apporter le plateau de 16 heures.

Je toque délicatement sur la porte en bois, trois coups, puis ouvre en glissant un œil avant de m'imposer. Il est allongé sur son lit, à plat ventre. Sa tête repose dans l'oreiller. Ses yeux fatigués me fixent, ils sont cernés et tristes. Plus aucune lumière ne brille à l'intérieur, c'est ce qui me frappe et fissure le cœur à chaque fois que mon regard croise le sien.

Sa lèvre remonte légèrement en coin, signe d'un sourire très discret. Je m'approche et dépose le plateau sur sa table de chevet. Son corps paraît tout faible et pâle, ses poils se dressent sur sa peau. Il semble mourir de froid.

Je place alors une couverture sur ce corps qui ne peut pas dormir, puis comme par instinct, ma main vient se poser sur ses cheveux qui cachent presque son visage. Son regard suit ma main qui s'arrête sur sa joue.

Il ne dit rien.

Pourtant, il semble me crier quelque chose que je n'arrive pas à comprendre.

- Harry... Je murmure. Comment tu te sens ?

Il hausse les épaules.

Ça ne va pas.

- Demande-moi si t'as besoin de quelque chose, d'accord ?

Il acquiesce. Je m'écarte et m'apprête à sortir, lorsque j'entends sa faible voix gémir. Et ce simple son me paralyse.

- Reste...

Je me retourne.

Je suis censé retrouver Penny et Alan dans une heure pour travailler. Je regarde mon ami. Il a les yeux suppliants.

Je cède et retourne à son chevet.

Ma main attrape la sienne qui tient l'oreiller. Mon pouce s'attarde sur les os de ses doigts. Il m'observe sans rien dire, et moi je ne peux que repenser au quinze années où je l'ai connu. Et parfois je me dis qu'il n'y a presque que lui, avec qui je suis comme ça. Cette douceur que j'ai refusée pendant tant d'années, celle qu'Harry me donne tous les jours et que j'essaye de lui rendre en cet instant précis.

Il n'y a que lui pour me faire agir comme ça, pour me rendre assez tendre pour que je ne me reconnaisse pas. Quelque part, j'aime cette idée qui cristallise notre relation comme quelque chose d'unique.

- Qu'est-ce que tu fais ? Il demande.

- J'en sais rien... J'attends, avec toi. Je dis à voix basse alors que ses yeux vert, inhabituellement sombre, virevoltent sur mon visage qui le détaille. Harry... Je l'appelle à nouveau. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu ne me dis pas ?

Je le vois flouter de nouveau son regard. Et bordel, je déteste ça. Il voit à travers moi, mais moi pas. Il fait comme si je n'étais pas là, il fuit la conversation. Je le cherche dans ses yeux fixent et vides, peut-être qu'il y a une nuance de mon Harry dans tout ce néant.

TÊTE DE CALAMAR [LARRY STYLINSON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant