Chapitre 6 3/3

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Il me fixe, avant de passer une main sur son visage, tout en se mordant la lèvre.

— Vous voulez sans doute l'entendre, vous aviez raison, avoue-t-il, enfin. La mort de votre sœur n'a rien de naturel. Elle a été tuée.

Le choc est rude. Cette vérité claque dans les airs comme un fouet sur ma peau. Je le savais. J'en étais persuadée. C'est pour ça que je me suis battue. Seulement, l'entendre d'une autre personne, en avoir enfin la preuve, c'est une autre histoire.

Mes jambes cèdent sous mon poids et mon corps s'effondre comme celui d'une poupée désarticulée.

— Oh, oh, doucement, murmure-t-il en me rattrapant de justesse avant que je ne rencontre le sol.

Mon cœur se serre dans ma poitrine avec tellement de douleur que ma main se pose dessus, poing serré.

— Respirez, calmement, murmure-t-il contre mon oreille, en me gardant collé contre son torse.

Il inspire et expire avec lenteur, m'incitant à suivre son exemple. Pour la deuxième fois en deux jours, l'odeur de son parfum m'enveloppe. Et cette fois-ci, elle m'aide à ne pas sombrer, à rester à la surface de l'eau.

Inspiration.

Expiration.

C'est comme si ces effluves était synonyme de réconfort. C'est comme si elles résonnaient dans mon âme.

Je me détache de lui après être certaine de pouvoir bouger sans m'effondrer et recule jusqu'à pouvoir me laisser tomber sur le canapé.

— Je suis navré, chuchote-t-il, sincère.

— Vous n'y êtes pour rien.

— J'aurai préféré avoir de meilleures nouvelles.

— Comment ça ?

— J'aurai préféré que votre sœur n'ait pas été tuée, précise-t-il, sans savoir que ses mots déclenchent une nouvelle bouffée de fureur.

— Bien sûr, comme ça, vous n'auriez pas eu à réparer vos erreurs et vous auriez pu continuez votre petite vie comme si de rien était.

— Vous ne comprenez rien.

— J'ai parfaitement saisi au contraire, grogné-je entre mes dents.

— Non, justement, me contredit-il, en élevant la voix à son tour. Vous êtes tellement centrée sur cette idée de justice et de vengeance que vous ne vous en rendez même pas compte.

— Quoi ?

— J'aurai préféré que la mort d'Hope soit naturelle parce que vous auriez pu commencer à faire votre deuil et que vous n'auriez pas à vivre avec l'idée qu'une personne vous a enlevé votre sœur. J'aurai préféré vous annoncer de meilleures nouvelles pour que vous n'ayez pas à subir une nouvelle fois la perte de votre jumelle.

Je reste bouche bée, incapable de trouver les mots pour répondre à ses paroles. Est-ce que cela aurait réellement été préférable ? Est-ce que de savoir que la vie est la seule responsable, qu'aucune main humaine n'est intervenue, aurait été un soulagement ?

Lui a l'air de le croire, sincèrement.

Je suis plus mitigée.

C'est la deuxième fois que la Mort se trouve sur ma route. Et si pour Hope, le doute était permis jusque-là, ce n'était pas le cas lors de sa première visite. La Mort n'était pas seule à ce moment-là. Elle a eu un coup de main. Et avoir pu lui faire face m'a aidé à passer le cap.

Alors, comment aller de l'avant si c'est la Vie qu'on doit juger ?

— Qu'est-ce que vous avez appris, exactement ? demandé-je d'une voix brisée par l'émotion.

— Sans vous révéler tous les détails, quelqu'un a maquillé sa mort. Ce n'était pas un hasard, c'était préparé. Quelqu'un voulait qu'elle meure.

— Qu'est-ce que vous comptez faire, maintenant ?

— Mon boulot. Je vais résoudre cette enquête.

— On commence par quoi ?

— On ? Comment ça, on ? Il n'y a pas de « on ». À partir de maintenant, vous restez en dehors de cette affaire.

— Hors de question, contrecarré-je en me levant d'un bond. Que vous le vouliez ou non, je ne compte pas rester assise sagement en attendant que vous dénier me donner des nouvelles. Que ce soit avec ou sans vous, je vais continuer à fouiller.

— C'est dangereux et particulièrement ridicule. Imaginez que le tueur en ait après vous aussi, vous allez vous jeter dans sa gueule.

— Et alors ? Ce serait même parfait ! Ce serait le meilleur moyen de la lui fermer une bonne fois pour toute.

— Vous êtes une civile, ajoute-t-il, comme si cet argument pouvez me faire changer d'avis.

— Hope est ma sœur, inspecteur. Qu'est-ce que vous feriez si vous étiez à ma place ?

— J'ai un frère, et s'il lui arrivait quelque chose, je ferai confiance à mes collègues pour...

Il se tait l'espace de quelques secondes, semblant se perdre dans des réflexions qui me sont inaccessibles.

— ... ou pas, finis-je à sa place en profitant de mon silence. Je vous rappelle que ce sont ces mêmes collègues qui vous ont menti sans même une once de remords.

— Vous ne lâcherez pas le morceau, n'est-ce pas ?

— Je suis aussi tenace qu'un chien sur son os.

— D'accord, soupire-t-il, à contrecœur. Mais vous devrez me suivre et m'obéir !

Lui obéir ? Du moment que ses ordres vont dans le même sens que mes pensées, aucun problème. En attendant, on va faire comme si j'étais totalement d'accord.

— C'est évident, inspecteur, comment pourrait-il en être autrement ? acquiescé-je avec un faux sourire.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 21 ⏰

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A l'ombre de sa mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant