CHAPITRE 10: Secuestro

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Roberto Villar se tenait debout face à un homme bâillonné et inconscient, commençant à s'impatienter de l'attente de son réveil. Il avait pourtant glissé la dose minimale de sédatif dans son verre.
La porte s'ouvrit soudainement et Emilio Castillo entra à grands pas, vêtu d'un ensemble sombre et de gants noirs.
Il ôta son manteau et le donna à Gomez, avant de se frotter les mains gantées comme pour signifier qu'il était prêt à passer à l'action.
_ Il se réveille enfin! Murmura Roberto en souriant.
L'homme attaché ouvrit lentement les yeux, regardant autour de lui avec surprise.
_ Mais qu'est-ce que... Où suis-je ?, demanda-t-il d'une voix pâteuse.
_ C'est ici que tu vas prouver que tu me dis la vérité, répondit Roberto.
_ Toi... C'est toi qui m'a fait ça... Mais pourquoi ? J'avais déjà promis que je coopérerais avec vous, s'indigna l'homme.
_ En effet, mais mon employeur voulait s'assurer de la sincérité de vos propos.
_ Pourquoi vous aurais-je menti ? J'ai délibérément avoué avoir des informations sur Natalia, j'aurais pu tout nier.
_ Je savais déjà que vous aviez des informations sur elle... Je ne vous aurais pas approché autrement. Affirma Roberto avant de porter son regard sur Castillo qui s'approcha enfin.
_ Hernán Ortiz, n'est-ce pas ? Demanda-t-il à l'homme qui acquiesça.
_ Il m'a été rapporté que vous avez rejoint la police il y a quelques mois et que, contrairement aux nombreux officiers qui sont liés aux Montoya, vous vous êtes un saint.
_ Je ne suis personne dans la police après tout... Mais c'est vrai et votre ami est venu me rendre visite plusieurs fois pour avoir des informations concernant l'accident malheureux de Natalia Montoya, dont le dossier a été classé confidentiel. En toute honnêteté, je lui ai avoué ne rien savoir de cet événement au départ.... Mais il semblait résolu à vouloir en savoir plus et j'ai finalement avouer que j'avais entendu certaines rumeurs qui pourraient susciter l'intérêt de la personne pour laquelle il travaille... Cependant, il m'a enlevé contre ma volonté!!
_ Exactement, et c'est précisément parce que c'était bien trop facile de délier votre langue... Comment puis-je être sûr que vous dites la vérité ?
_ Rien, mais vous devez me faire confiance. Je n'ai que ma parole comme preuve.
_ Votre parole ne vaut rien, permettez-moi de vous rappeler que nous ne vous connaissons pas ! rétorqua Roberto.
_C'est vrai, acquiesça Emilio Castillo en le fixant avec une intensité troublante.
_ Votre collègue m'a promis une compensation financière considérable en échange de ma coopération. J'ai accepté parce que j'ai besoin de cet argent.
_ Par ailleurs, il y a une chose qui me taraude, dit Emilio, la famille Montoya possède une fortune immense et contrôle Medellín. Pourquoi ne pas travailler pour eux et bénéficier de gains financiers, comme le font de nombreux autres officiers corrompus de votre service de police ?
_ Jamais je ne ferai confiance à cette famille! C'est comme si tu donnais ton âme au diable! No quiero entregar mi alma al diablo.
[Je ne veux pas donner mon âme au diable].
_ Je comprends, mais qu'est-ce qui te fait dire que je ne suis pas aussi dangereux qu'eux?
L'homme regarda Roberto puis Emilio avant de sourire.
_Vous n'êtes pas de mauvaises personnes, j'ai un sixième sens pour ça.

Castillo, arborant un sourire fugace, sortit son arme qu'il pointa sur la tempe de l'homme, créant une stupeur soudaine chez les gardes et chez Roberto, qui le regarda avec perplexité.
_ Vous me considérez toujours comme un homme bon? demanda-t-il, de sa voix calme mais poignante.
_ Señor, tengo esposa, hijos y una abuela enferma, ¡por favor no quiero morir! Por favor! [Monsieur, j'ai une femme, des enfants et une grand-mère malade, par pitié, je ne veux pas mourir ! S'il vous plaît !] . Supplia désespérément Hernán. Por favor !

Castillo ôta le cran de sûreté, et le petit clic fit sursauter l'homme qui se tourna vers Roberto qu'il implora pour que celui-ci intercède en sa faveur auprès de son patron.
_ Vous avez raison, finit par dire Castillo, je ne suis pas une mauvaise personne, ajouta-t-il en remettant l'arme à Gomez, Mais je pourrais l'être si jamais j'apprends que vous m'avez trahi.
En sueur, Hernán poussa un long soupir de soulagement en le remerciant.
_ Vous ne semblez pas être une mauvaise personne non plus, lui répondit Emilio. Cependant, je vous garde à l'œil. Mes hommes seront partout où vous irez, et même si vous ne les voyez pas, ils seront là... Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
_ Parfaitement, Monsieur Castillo.
_ À compter de ce jour, vous travaillerez sous ma direction et en retour, vous recevrez les fonds nécessaires pour couvrir les frais médicaux de votre grand-mère, sans aucune traçabilité financière. Je n'accepterai pas qu'on fasse un lien entre nous.
_ Je ne tolère pas cela non plus.... Je sais pertinemment que ceux qui dérogent à la loi des Montoya finissent morts et jetés dans le Rio Porce, a déclaré Hernán, faisant référence à la rivière colombienne du bassin du Rio Magdalena, également connue sous le nom de Rio Medellin, qui traverse la ville de Medellin et est un affluent du Rio Nechi, une rivière colombienne.
_ Pourquoi prendre ce risque dans ce cas ?
_ Lorsqu'il est venu me voir, il a mentionné que son employeur souhaitait obtenir des informations pour les détruire. Je me suis alors demandé qui serait assez inconscient pour tenter de mener une enquête sur les Montoya. Cependant, j'y ai vu une opportunité. Comme je vous l'ai dit, il ne semblait pas malveillant donc je lui ai fait confiance. Les Montoya sont des ennemis redoutés et leur destruction est souhaitée par de nombreuses personnes ici. Cependant, notre manque de pouvoir nous contraint à rester discrets et à éviter d'attirer leur attention.
Emilio fit un signe discret à l'un de ses hommes, qui s'empressa de détacher Hernán.
_ Quelles sont les raisons profondes de votre haine à l'égard de ces individus ?
_ Ils détruisent chaque jour la vie d'innocents à Medellín. Chaque semaine, des victimes sont retrouvées mortes, mais les affaires sont classées sans suite, faute de preuves suffisantes. Vous pouvez imaginer pourquoi.
_ Mais ce n'est pas tout... La haine que vous ressentez est bien trop profonde pour qu'il s'agisse simplement de la mort de personnes que vous ne connaissez pas.
_ Effectivement, mon frère et moi vivions à Bogotá jusqu'à ce qu'il décide de déménager à Medellín pour des raisons professionnelles. Cependant, deux ans plus tard, nous avons appris sa mort tragique. Les autorités ont conclu à un règlement de comptes, mais mon frère n'était pas ce genre de personne. Après le décès de nos parents, il avait pris en charge mes études et le bien-être de notre grand-mère. Il n'aurait jamais été impliqué dans de telles activités. Malheureusement, cette conclusion a été retenue et son affaire a été classée sans suite, c'est pour cela que je suis venue vivre ici.
_ Pourquoi penser que c'est la famille Montoya ?
_ Il travaillait dans la zone décrite comme étant leur secteur d'activité et ne cessait de me répéter que cet endroit n'était pas assez bien pour que ma grand-mère et moi le rejoignions. Il avait raison...
_ Alors tu es venu vivre ici et tu es devenu policier pour te venger.
_ En rejoignant les forces de l'ordre, j'ai réalisé un rêve de longue date. Je ne souhaite pas m'engager dans un conflit avec les Montoya, car cela pourrait me coûter la vie. Cependant, si je peux apporter mon aide dans la plus grande discrétion, je suis prêt à le faire. En échange, j'aimerais pouvoir emmener ma grand-mère dans un endroit adapté, où elle pourra recevoir les soins nécessaires.
_ Je suis prêt à vous aider si vous pouvez me fournir les informations dont j'ai besoin sur Natalia Montoya... Je sais qu'elle a été gravement blessée lors de l'accident.
_ Cette information est largement connue, rétorqua Castillo.
_ Malheureusement, le dossier de l'affaire est scellé et, étant un nouvel employé, je n'y ai pas accès. Cependant, j'ai recueilli quelques informations par le biais de conversations. Si vous m'accordez du temps, je pourrais approfondir mes recherches et peut-être découvrir des éléments qui nous sont inconnus.
Après un petit silence, Hernán poursuivit;
_ Le jour de l'accident, son taux d'alcoolémie et de stupéfiants dans le sang était extrêmement élevé. La version officielle affirme que les freins ont lâché, mais il est également possible qu'elle ait délibérément dirigé son véhicule sous le camion, soit parce qu'elle était sous l'influence des stupéfiants, soit parce qu'elle l'a fait intentionnellement.
_ Pourquoi aurait-elle fait ça ?, demanda Roberto.
_ Mes informations sont limitées, mais la première théorie semble plus crédible. Cependant, il y a des éléments supplémentaires à considérer. Quelques mois après l'accident, elle a été transportée aux États-Unis et son dossier médical a été scellé, ainsi que le rapport d'expertise de la police sur les lieux de l'accident. Personne ne sait exactement ce qui s'est passé pendant son hospitalisation et le médecin qui la soignait est décédé d'une crise cardiaque peu de temps après son départ pour l'Amérique.
Castillo assimilait chaque nouvelle information et la stockait dans un recoin de son esprit.
_Cette affaire dissimule une vérité que les Montoya redoutent, c'est ce que mon collègue m'a dit un jour... Je ne sais pas ce que cela signifie, mais je sais que c'est dangereux.
La conversation dura quelques minutes, pendant lesquelles Emilio Castillo expliqua à l'homme qu'il voulait qu'il creuse aussi profondément que possible pour découvrir tout ce que l'entourage savait de l'accident.
Alors que l'un de ses hommes l'escortait, Emilio resta seul avec Roberto, auquel il confia la tâche d'enquêter sur l'hôpital colombien où la jeune fille avait été hospitalisée. Pendant ce temps, il s'attelerait à l'enquête sur l'hôpital aux États-Unis.

_ Je vous rendrai un rapport dès que possible, déclara Roberto.
_ D'accord, répondit l'homme.
_ Monsieur Castillo... puis-je vous poser une question ? continua Roberto.
_ Que voulez-vous savoir, Roberto? demanda l'homme nommé Castillo.
_ Avez-vous déjà eu à utiliser une arme ? questionna Roberto.
Emilio plissa les yeux devant la question posée avec un léger regard hésitant.
_ Un homme qui risque sa vie comme vous le faites a peur des armes ? Lui questionna Castillo.
_Non, mais je n'en ai jamais pointé contre personne , dit-il avec un ton de reproche.
_ Moi, si, rétorqua Castillo avant de s'en aller, laissant l'homme quelque peu perplexe.

EL CONTRATO PARTIE 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant