Chapitre 23

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- Tu n'as pas encore fait le rapprochement ?

- De quoi tu parles ?

- Louis, réfléchis deux secondes à ce que tu viens de me raconter.

- Oh ! s'écria Louis en venant de faire le rapprochement.

- C'est bon, ton cerveau s'est remis en marche ?

Mais pile à ce moment, sa soeur et son mari revinrent à table comme s'il ne s'était rien passé avant leur départ. Le reste du brunch se déroula sans autre mention d'un membre de la famille Park. Je remerciais mes hôtes pour leur invitation et nous rentrèrent avec Louis chez lui. Après un trajet dans le silence le plus complet, une fois chez Louis, ce dernier se laissa tomber sur le canapé en soupirant.

- Qu'est-ce que j'ai pu être bête ! Toutes ces fois où mon père m'a fait la leçon sur comment bien choisir les gens qui nous entourent et en particulier ma copine, j'ai toujours trouvé ça exagéré mais, maintenant, je sais qu'il y a un fondement à tout cela.

- Tu étais jeune Louis, tu ne peux pas t'en vouloir, dis-je en m'asseyant à côté de lui.

- Le pire, c'est que même si le comportement de Peter avait changé avec moi, je demandais quand même de ses nouvelles à Yseul. Chaque fois, elle ne disait rien et partait en courant dans sa chambre. Au final, j'ai finis par arrêter de lui en demander.

Face à Louis en plein désespoir, je passais mon bras autour de ses épaules et l'attirai à moi. Il posa sa tête sur mon épaule et je sentis son corps se détendre aussitôt à ce contact.

- Je te comprends dans un sens. Ce n'est pas si facile que ça d'avoir un certain écart d'âge avec ses frères et sœurs notamment quand on est petit. Je sais que moi aussi, je ne me rendais pas compte de certaines choses. Je pouvais poser les mauvaises questions ou alors ne pas comprendre la situation et pourquoi tout le monde était si triste. Tu n'as pas à culpabiliser maintenant. A la rigueur, tu peux en discuter avec ta sœur.

Louis releva sa tête et me regarda. Son regard noire était empli d'un mélange de tristesse, de reconnaissance et de tendresse. Je lui fis un timide sourire ne sachant que faire d'autre.

- Merci, me dit-il simplement sans me quitter des yeux.

Sa gratitude brute me toucha directement en plein cœur. Je ne savais comment réagir et aucun mot ne réussit à sortir de ma bouche. A la place de mots, je lui déposai un petit bisou sur son front. Il ferma les yeux et sourit à son tour.

- Je n'aurais jamais cru que cette semaine allait aussi bien se dérouler, avoua Louis.

- Je te pardonne, lâchai-je brusquement.

Louis se releva instantanément, me prit le visage entre ses mains et me regarda intensément. Il ne souriait plus.

- Tu es sûr ?

Je fis un petit "oui" de la tête. Son sourire revint sur son visage et était deux fois plus grand qu'auparavant. Il m'embrassa tendrement et délicatement. Il se détacha de moi, et nous nous regardions durant de longues minutes avec tout les deux un sourire béat pendant à nos lèvres. Nous venions de faire table rase du passé. Notre séparation me paraissait être un lointain souvenir que nous venions balayer d'un revers de main. Comme si, ces dernières semaines n'avaient été qu'un vague mirage dans lesquels nous avions tenté d'évoluer l'un sans l'autre en vain.

***

Dans ce nouveau quotidien de personne en couple, je jonglais entre les cours, le travail et Louis. Plus les semaines passèrent, plus je désertais mon appartement et mes colocataires. Je ne passais qu'une nuit de temps à autres dans ma chambre et commençais à regretter de payer un loyer pour ça. Dès que je mentionnais à Louis mon appartement, son visage se crispait comme s'il voulait se retenir de dire une grosse bêtise. En réalité, je savais pertinemment qu'il était prêt à ce que j'emménageais chez lui. Certes, nous vivions ce que j'osais appeler « le parfait amour », je ne voulais certainement pas risquer un changement aussi important pour le compromettre.

Avec Louis, nous sortions moins qu'avant lors du mois suivant notre premier rendez-vous. L'appartement de Louis était devenu notre cocon. Nous aimions rester tous les deux au chaud blottis l'un contre l'autre à nous raconter des anecdotes sur notre vie. C'était ainsi que j'avais appris que Louis avait déjà passé une nuit dans un commissariat en cellule de dégrisement. Il célébrait la fin de son lycée avec ses amis et en sortant d'une boîte de nuit à Londres, ils avaient croisé des policiers et voulaient absolument qu'ils fassaient un cache-cache avec eux dans la ville. Louis et un autre de ses copains, Robin, avaient tellement insisté que les policiers ont finit par être agacé et les avaient ramené au poste. Cela avait piqué ma curiosité. D'un côté, je n'avais vu Louis sous l'effet d'avoir trop bu et je voulais bien le découvrir pour en rire. D'un autre côté, je me rappelais que mon rôle en tant que petite copine m'aurait obligé à tenter de le contrôler et ça, je n'aurais absolument pas ri.

Par ailleurs, le Robin de l'histoire faisait toujours parti de ses amis les plus proches qu'il voulait que je rencontrai. L'inconvénient était que Robin habitait à Athènes. Il avait fait un échange universitaire là-bas et était tombé follement amoureux d'une Athénienne. Ils avaient ouvert ensemble un pub anglais qui était couronné de succès notamment lors des soirs de matchs de football. Louis mourait d'envie de m'y emmener. Il était persuadé que j'adorerais et le pub et Robin. J'avais vraiment envie d'y aller. Le pub m'importait peu mais je voulais rencontrer des amis proches à Louis. Lui, il avait pu rencontrer presque tous les miens tandis que moi, les siens étaient partout sauf à Paris. Il avait bien un groupe d'amis à Paris mais c'était plus par soucis de convention sociale que par affinité. Quand il m'en eut parlé, j'étais peinée. Ce quotidien devait être bien solitaire et j'espérais pouvoir l'aider à moins l'être. Il n'était plus tout seul, nous étions deux.

Le mois de février venait de pointer le bout de son nez lorsqu'autour d'un repas soigneusement préparé par mes soins, Louis aborda le sujet des vacances d'hiver. Chaque année, son père les invitait tous dans le chalet à Chamonix de sa femme Barbara. La petite famille de sa sœur avait déjà accepté l'invitation pour y passer quelques jours, mais Louis hésitait. Il n'avait toujours pas parlé à son père de notre relation. Il l'avait eu au téléphone plusieurs fois depuis notre brunch chez sa sœur mais n'avait toujours pas osé abordé le sujet. Il ne voulait pas y aller sans moi.

- Vas s'y sans moi. C'est plus simple. Et en plus, j'ai fais du ski que deux fois dans ma vie, j'étais petite et j'avais pas trop apprécié, finissais-je par lui avouer.

   Il leva les yeux de sa succulente assiette de pâtes aux crevettes au paprika.

- Non, j'ai envie que tu viennes. C'est juste que j'ai peur de la réaction de mon père et je refuse qu'il te prenne de haut ou soit odieux avec toi, décréta-t-il en posant sa fourchette.

- Mais moi, j'ai envie que tu y ailles le cœur léger et que tu passes un bon moment avec ta famille. Tu les vois beaucoup moins que moi. Tu as le droit d'en profiter.

   Louis me sonda pour déterminer si je le pensais réellement. C'était la vérité. Je voulais que Louis soit heureux et qu'il puisse passer du temps avec sa famille. Je ne lui en voulais pas d'avoir de la peine à parler de nous à son père, je savais que cela ne lui était pas évident. A vrai dire, je n'étais pas pressée de rencontrer son père également au vu de la manière dont en parlaient ses enfants.

- C'est vrai qu'après Séoul, nous devions aller à Londres avec Yseul. J'ai un peu changé mes plans on va dire, me dit-il en me souriant. Je n'ai pas pu voir mon père, Barbara et les deux vilains garnements depuis les vacances cet été dans les Cyclades.

- Tu vois, à la preuve du contraire, t'aimes bien passer du temps avec ta famille et cela fait longtemps. Donc, tu dois y aller !

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 28 ⏰

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