Gabriel
Il devait être minuit passé et impossible de dormir. "Il ne lui reste sûrement que quelques mois". Ces mots résonnent inlassablement dans mon esprit et me torture.
Allongé dans ce lit d'hôpital, la froideur des draps contrastait avec la chaleur oppressante de mes pensées. À seulement quinze ans, on ne s'attendait pas à recevoir un verdict aussi brutal. Mon cœur, cet organe censé symboliser la jeunesse et la vitalité, était soudainement devenu le porteur de nouvelles sombres.
La nouvelle résonnait dans ma tête comme un écho incessant, une mélodie sinistre qui réduisait en miettes mes rêves d'adolescent. "Quelques mois", c'était tout ce qu'il me restait. La notion du temps prenait une signification différente lorsque chaque battement de mon cœur semblait compté.
La nuit s'étirait interminablement, et je me retrouvais à lutter contre l'insomnie. Les néons pâles de la chambre d'hôpital accentuaient la réalité brutale de ma situation. Les murmures lointains des infirmières et le bruit des machines médicales en arrière-plan formaient une symphonie étrange qui accompagnait mes pensées tourmentées.
Une perfusion, témoin silencieux de ma fragilité, reliait mon bras à un goutte-à-goutte, injectant lentement l'espoir artificiel dans mes veines. Chaque goutte semblait être une mesure du temps qui s'écoulait inexorablement. Je fixais ce liquide salvateur avec une sorte de fascination macabre, comme si ma vie dépendait de chacune de ces gouttes tombant dans la chambre stérile.
***
Je tentais désespérément de trouver le sommeil qui s'échappait depuis deux longues heures. Les bruits sourds des machines médicales résonnaient dans la chambre, créant une atmosphère pesante. Les lueurs tamisées des veilleuses donnaient à la pièce une teinte douce et apaisante, mais mon esprit tourmenté refusait de se laisser emporter par le repos.
Les heures d'insomnie semblaient s'estomper lentement, comme emportées par le calme de la nuit. Peu à peu, mes pensées tourbillonnantes se dissipèrent, laissant place à une quiétude bienvenue. Mes paupières, alourdies par la fatigue, se fermèrent lentement, et je plongeai enfin dans un sommeil réparateur. Les soucis de la journée s'estompaient tandis que le silence bienfaisant de la nuit enveloppait la chambre.
Dans l'obscurité tranquille, je trouvai enfin le repos tant attendu, libéré des tourments qui m'avaient tourmenté pendant des heures. Les battements réguliers du moniteur cardiaque semblaient jouer une douce mélodie, accompagnant mon voyage vers un monde onirique où la guérison pouvait enfin prendre racine.
***
Une semaine plus tard.
Les résultats de mes examens s'étaient enfin améliorés. J'avais enfin le droit de sortir.
Une semaine que j'étais enfermé entre ces quatre murs où je ne voyais Azalée que deux à trois heures par soir sans compter l'après-midi complète du mercredi.
Ne pas la voir aussi souvent que d'habitude, m'avait beaucoup manqué. Ma journée se résumait à faire des examens, essayer de manger, être relié à une perfusion, ne voir presque personne de la journée sauf les infirmières.
Certes, les cours ne me manquaient pas plus que ça mais je préférais mille fois aller en cours qu'être ici.
Je finis donc de faire mon sac et me dirigea vers la porte de ma chambre. Je ne marchais que très peu dans la journée donc devoir me rendre jusqu'à la sortie de l'hôpital aller être un peu compliqué. J'ouvris alors la porte et partis dans les couloirs.
Au fur et à mesure que j'avançais, j'avais de moins en moins de facilité à avancer. Je me sentais légèrement essoufflé.
Mais finalement, j'arriva à la porte de sortie. Quand je fus arrivé devant, elle coulissa, je m'engouffra alors à l'extérieur.
Je me retrouvai à l'extérieur, mon sac en bandoulière. Mon père était là, les bras croisés, l'air soulagé. À côté de lui, Azalée, avait les yeux rivés sur moi, anxieuse.
Je m'avançai vers eux, encore un peu hésitant sur mes jambes. Mon père s'approcha et me prit dans ses bras, une étreinte ferme empreinte de soulagement.
— Es bueno verte de pie, hijo mío, dit-il avec un sourire tendre.
Azalée ne perdit pas de temps et m'enlaça à son tour, ses yeux brillant d'inquiétude.
— Tu m'a manqué, tu sais ?, déclara-t-elle avec une pointe d'émotion dans la voix avant de m'embrasser.
Je lui souris faiblement, touché par l'affection qui émanait de mes proches. Ensemble, nous nous dirigeâmes vers la voiture, prêts à laisser derrière nous cette période difficile.
Assis à l'arrière de la voiture avec ma copine à mes côtés, je regardai l'hôpital s'éloigner par la fenêtre. Une nouvelle étape commençait, avec la certitude que j'avais des personnes sur lesquelles je pouvais compter. Mon regard croisa celui d'Azalée, et je lui pris la main, reconnaissant pour le soutien indéfectible qui m'avait aidé à aller mieux.
***
Nous arrivâmes enfin chez moi. Azalée ne lâcha pas ma main et nous nous rendîmes à l'intérieur. Une fois rentrés, mon père ferma la porte, monta mes affaires à l'étage et partit. Il n'avait pas eu le droit à un congé.
Avec Azalée, nous étions tranquillement installés sur le canapé. Elle était allongée sur mes jambes. Nous ne dîmes rien un long moment. Elle était là, les yeux fermés, j'étais là, à la contempler. Elle était tellement belle.
— Gabriel, j'ai peur, dit-elle en se redressant.
Moi aussi j'avais peur, mais il valait mieux la rassurer.
— Mi ángel, ça va aller, ne t'inquiète pas. Mon état s'est amélioré, je le sens. Et ils m'ont laissé sortir, donc c'est que mon état n'est plus préoccupant.
Je me pencha et déposa un baiser sur son front.
Je lui ai menti, mais je ne veux pas qu'elle stresse. J'avais recours à une surconsommation totale de médicaments afin de ne rien ressentir, évidemment, je n'allais pas bien.
L'heure du goûter arriva, et étonnamment j'avais faim. Vu la quantité que je mangeais à l'hôpital, cela peut se comprendre.
Azalée se proposa pour aller chercher quelque chose à manger dans la cuisine. Ce que je ne lui refusa pas, j'étais assez fatigué de mes courtes nuits de la semaine passée.
Mais j'oublia, tandis qu'elle se rendit dans la cuisine que mes médicaments étaient sur le plan de travail. Mon père les avait déposés ici afin que je ne les cherche pas dans les placards. Sur chaque boîte, le nombre inconsidérable de cachets était indiqué.
Je paniqua à l'idée qu'elle se rende compte que j'étais obligé de prendre énormément d'anti-douleur pour pouvoir tenir debout.
Quand elle revînt, elle me tendit un beignet au chocolat et un jus de fruit et s'assit sans rien dire.
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Together Forever
RomanceTogether Forever • Tome 1 Timeless Love • Tome 2 Résumé : Elle se tenait devant une tombe, pleurant seule ce 21 août, comme elle le faisait chaque année depuis deux ans. Lui, la contemplait avec tristesse. Ils n'étaient pas destinés à se connaître...