Chapitre 30 (premier jet)

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Azalée

    Pourquoi ne m'avait-il rien dit ? Ou plutôt pourquoi m'avait-il menti ? Ce sont les questions que je me pose depuis que j'ai vu toutes ces boîtes de médicaments empilées sur l'îlot central de la cuisine. Et ces immenses quantités écrites sur la boîte.

    Il y a surement une raison à son mensonge mais j'aimerai qu'il soit honnête. Je pris donc ce que j'avais à prendre et reparti.

    Lorsque j'arriva, le calme régnait. Je croisa le regard de Gabriel qui sembla inquiet. Je ne dis rien et lui donna ce que je lui avais pris. Puis je viens m'asseoir à côté.

    — Azalée, je... je suis désolé, commença-t-il.

    Je ne dit rien et me contenta de le regarder. J'avais peur de ce qu'il pourrait dire après.

    — Je sais ce que tu as vu dans la cuisine, je m'en veux de ne pas t'avoir tout dit.

    Tout dit ? Que me cachait-il ?

    — Non, je ne vais pas mieux. D'après les médecins, mon état s'est amélioré, mais j'ai toujours aussi mal. Je ne dormais que très peu, je ne mangeais presque rien. Et quand vous êtes venus me chercher, cela faisait une semaine que je n'avais presque pas marché. La plupart du temps, on me déplaçait en fauteuil, avec ma perfusion accrochée en haut du dossier.

    Je resta sans voix, les larmes dévalant mes joues tandis qu'il continuait.

    — Ne pas te voir aussi souvent me faisait mal, cette nouvelle me faisait mal. Mais le pire était de voir mon état si pitoyable. Je pensais sans cesse à comment tu pourrais ne plus vouloir de moi à cause de tout cela et ça me rendait malade. J'étais malade d'imaginer la fin de ma vie sans toi. On m'a donné tout ces médicaments pour calmer mes douleurs mais aussi pour que je tienne le coup.

    Les larmes continuaient de dévaler mes joues.

    — Gabriel... Pourquoi tu ne m'as pas dit tout ça quand je venais. Jamais je ne te lâcherai. Je n'imagine pas ma vie sans toi, je ne veux pas l'imaginer. Je ne veux pas de cette réalité qui nous fait face. Alors on va se battre ensemble comme avec mes poumons. On va y arriver, je crois en non.

    Je le pris alors dans mes bras et il craqua. Mais il semblait rassuré, entouré de mon étreinte.

***

    L'heure était venue pour moi de partir. Cependant, j'avais peur. Peur que l'épisode de la semaine passée se répète. Peur de ne pas être là si Gabriel à besoin de moi. Je décida donc d'appeler ma mère. Après une légère négociation, elle accepta que je reste.

    Lorsque je le dit à Gabriel, il en fut ravi.

Nous décidâmes alors de nous rendre dans sa chambre. Une fois arrivé, il me passa un jogging et un t-shirt pour cette nuit.

Je m'installa sur son lit et il me rejoignit avec son ordinateur. Nous choisîmes de regarder Berlín, une série sortie en décembre.

Au départ, nous la regardions en version originale, cependant mon niveau en espagnol n'était pas encore assez haut pour regarder des films. Gabriel mit donc les sous-titres en français.

L'heure du repas arriva vite. Nous descendîmes et partîmes vers la cuisine.

Gabriel s'installa à l'îlot central et je me mis à nous préparer quelque chose. Rien de très élaboré. Gnocchi, escalope de poulet, carbonara et parmesan.

Il me remercia d'avoir préparé un si bon plat même si il n'y avait rien d'extraordinaire à ça.

Pendant qu'il prit ses médicaments, je monta pour me changer, puis redescendis.

Je m'installa sur le canapé, mis Netflix et l'attendis. Voyant qu'il n'arrivait pas, je partis le chercher mais quand j'arriva dans la cuisine, il n'y était pas.

Un bruit étrange en provenance des toilettes attira mon attention. Intriguée, je décida de m'y rendre.

En poussant doucement la porte, je fus accueillie par un son étouffé. La lumière tamisée me laissa entrevoir la silhouette de mon copain, agenouillé devant la cuvette. Il semblait visiblement mal. Très mal.

— Ça va aller ? ai-je demandé d'une voix douce, m'approchant rapidement de lui. Il a levé les yeux, ses traits tirés par la fatigue, et a secoué la tête. J'ai immédiatement attrapé une serviette à portée de main et lui ai essuyé le front, cherchant à le réconforter autant que possible.

— Je ne sais pas ce qui m'a pris, ça m'a frappé d'un coup, a-t-il murmuré, la voix affaiblie. J'ai posé ma main sur son dos, lui offrant un soutien silencieux.

Je l'ai aidé à s'asseoir contre le mur, lui offrant de l'eau pour apaiser sa gorge. Restant à ses côtés, j'ai pris soin de lui avec tendresse, lui assurant que j'étais là, que tout allait bien se passer. Chaque hoquet de nausée était un rappel poignant de sa fragilité momentanée.

— Je... je crois que c'est un effet secondaire, dit-il finalement.

Je compris d'où venait cet effet et repensa au fait que nos vies étaient en constant changement depuis cette nouvelle. Mais surtout qu'elles ne seraient plus jamais comme avant.

Après m'être assurée que Gabriel allait mieux, je le pris par le bras, le monta à l'étage et redescendis éteindre la télé.

Quand je remonta, je vis qu'il s'était installé sur son lit avec l'ordinateur ouvert. Je devina donc qu'il avait lancé Netflix. Je le rejoignis sous les couvertures et me lova dans ses bras.

Nous regardâmes alors la suite de notre série. Cependant à un moment, je sentis l'étreinte de Gabriel se desserrer.

Je me redressa et le regarda prise de panique. Il semblait seulement endormi. Je décida de prendre son ordinateur pour le ranger mais, j'eus envie de lire le document sur lequel il écrivait tout le temps.

Lorsque je l'ouvris, je découvris l'histoire d'un enfant brisé par le décès de sa mère et la surcharge de travail de son père. Je compris alors que Gabriel écrivait sur lui. Au fur et à mesure que j'avançai, les larmes me montaient aux yeux.

Puis une page blanche arriva, je descendis les pages et il n'y avait plus que des pages vides. Mais soudain, un titre, au centre de la page, fit son apparition.

"Together Forever". Je descendis alors les pages et découvris des pages emplient de sentiments. Je lisais alors, encore et encore. Puis je compris. C'était nous.

Gabriel écrivait un roman sur notre histoire.

Together ForeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant