Chapitre 35 (premier jet)

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Azalée

    Je dormais tranquillement lorsque mon téléphone vibra. Je m'étira avant de regarder qui m'avait envoyé un message à cette heure-ci.

    Je découvrais avec peur les messages de Gabriel. Je répondis immédiatement avec des paroles rassurantes comme pour me rassurer moi-même, mais l'accusé de réception ne s'affichait pas. Il avait sans doute éteint son téléphone.

    Je coupa mon téléphone et me rallongea.

    Respire.

    J'essayais, mais cela devenait soudainement difficile. Qu'est-ce qu'il se passait ? J'avais l'impression d'étouffer, de manquer d'air.

    Respire doucement.

    C'était de pire en pire. L'angoisse me tuait petit à petit. Mon coeur semblait me lâcher.

    C'était une crise d'angoisse.

    La santé de Gabriel m'inquiétait de plus en plus. J'avais peur pour lui. Mais aussi peur de le perdre.

    Mon coeur se serrait en un point. Ma respiration était saccadée. Mes membres tremblaient. Des frissons froids me parcouraient. Une larme coulait sur ma joue. Puis une autre la rejoignit. C'était subitement un torrent de larmes qui dévalait mon visage.

    L'angoisse avait prit possession de l'entièreté de mon corps. La panique prenait le dessus. Mes émotions se libéraient enfin.

    L'accumulation de ces derniers mois explosait. J'étais d'une part soulagée, mais d'une autre dévastée.

    Et si c'était la fin ?

    Trop de questions flottaient dans mon esprit. Il fallait que je fasse le vide. Il fallait que je me calme.

    Je tentai de me concentrer sur le vide. Rien. Mon cerveau devait se déconnecter. Il ne fallait plus qu'aucune pensée ne soit présente.

    J'inspirai par le nez et expulsai l'air par ma bouche. Mon rythme cardiaque se calmait. Tout allait rentrer dans l'ordre. Les frissons et les picotements disparaissaient. Les larmes avaient cessé leur descente. J'essuyais mes joues humides du revers de ma manche.

    Le sommeil me gagnait alors peu à peu.

***

    Je n'avais pas envie de me lever mais il le fallait. C'était ma dernière semaine de cours avant mes deux semaines de stage. Plus que deux jours et le week-end serait là. Mais une fois le week-end terminé, je ne verrais pas Gabriel de la semaine à cause de mon stage.

***

    Les bips incessants de la perfusion étaient la seule source de bruit de la chambre. Le calme régnait depuis de nombreuses heures. Gabriel dormait, l'air paisible. Le bruit dans les couloirs, la nuit, rendait ses soirées longues. Il profitait donc de l'après-midi pour se reposer.

    Les deux semaines de stage étaient déjà passées. J'étais enfin en vacances. Les vacances d'été, celle où je l'avais rencontré, pensais-je, regardant sous le drap fin, son torse monter à chaque nouvelle inspiration.

    Ses respirations étaient régulières. La douleur ne se lisait pas sur son visage. Il était serein.

    J'étais là depuis bientôt trois heures. Cela faisait au minimum trois heures qu'il dormait car quand je suis arrivée, Alvaro m'avait prévenu qu'il dormait. À aucun moment, il ne s'était réveillé, il ne s'était donc même pas rendu compte de ma présence.

    La semaine était passée vite mais ne pas le voir de toute celle-ci m'avait semblé une éternité.

    Malheureusement, l'heure tournait. Je déposa donc un baiser sur son front et partis.


Gabriel
   

Lorsque je sortis enfin de mon sommeil, je me rendis compte qu'il était dix-huit heures passées. J'avais dormis tant de temps ?

Allongé sur mon lit, je me redressais et approchai la table au-dessus de mes jambes. Je sortis une feuille et commença à écrire. Vu mon état qui s'aggravait, il ne fallait pas prendre de risque. J'allais écrire une lettre pour mon Azalée, ma fleur... Au fur et à mesure que j'écrivais, les souvenirs de notre histoire défilaient dans ma tête alors que j'exprimais mes sentiments les plus profonds et mes adieux. Mes émotions étaient intenses alors que je me remémorais les si beaux moments partagés et notre promesse d'éternité. À mesure que mon stylo traçait ses mots sur le papier, les larmes coulaient sur mes joues, mais je ne voulais que laisser un dernier message d'amour et d'espoir à mon ange.

Ma Azalée.

"Mi ángel,

Je ne sais pas par où commencer cette lettre, car les mots ne suffisent pas à exprimer tout ce que je ressens en ce moment. Depuis le premier jour où nos chemins se sont croisés, tu as illuminé ma vie d'une manière que je n'aurais jamais pu imaginer. Tu es la personne la plus incroyable que j'ai jamais rencontrée, et chaque instant passé à tes côtés a été un cadeau précieux.

Mais maintenant, mon cœur, je dois te dire quelque chose de difficile à entendre. Les médecins m'ont dit que mon temps ici s'est considérablement raccourci, que je ne pourrai pas continuer cette aventure avec toi. Mon cœur se serre rien qu'à l'idée de te quitter, de te laisser derrière moi.

Je veux que tu saches à quel point tu as été importante pour moi. Tu m'as apporté tant de bonheur, de rires et d'amour. Les souvenirs que nous avons créés ensemble resteront à jamais gravés dans mon cœur. Je veux que tu te souviennes de moi avec le sourire, avec la joie que tu as toujours su apporter à ma vie.

Je ne veux pas que tu te sentes coupable ou triste. Ce n'est pas de ta faute, ni de la mienne. La vie est parfois injuste, mais je veux que tu continues à vivre chaque jour avec passion et amour. Je veux que tu réalises tous tes rêves, car tu mérites tout le bonheur du monde.

Je t'aime plus que les mots ne pourront jamais l'exprimer. Sache que même si je ne serai plus physiquement avec toi, mon esprit sera toujours près de toi. Je serai ton ange gardien comme tu as toujours été mon ange, je veillerai sur toi et te guiderai dans les moments difficiles.

Je te demande une dernière chose : ne m'oublie jamais. Garde nos souvenirs vivants, et continue à aimer de tout ton cœur. Je serai là, quelque part, te soutenant et t'aimant éternellement.

El día que te conocí lo supe. Sabía que mi vida solo estaría marcada por tus sonrisas.

te doy todo mi amor,

Ton Gabriel"

Quand j'eus fini d'écrire ma lettre, je pliais la feuille et la mis de côté. Je pris mon téléphone et tentais d'appeler Azalée.

Elle décrochait.

— Allo ?

— Pital, répondis-je sur un ton humoristique.

— C'est pas drôle dit-elle en rigolant tout de même. T'as fini ta sieste ?

Comment savait-elle ? Mon père lui avait sans aucun doute dit.

— Oui. Tu me manques, tu passes quand ? C'est les vacances, tu n'as pas d'excuse pour ne pas venir me voir.

— Quand tu arrêteras de dormir, tu me verras. Je suis quand même restée toute l'après-midi et tu ne t'es pas réveillé.

Elle était venue et je ne m'en étais pas aperçu. Super le copain.

— Désolé, mes nuits sont longues donc j'essaye de récupérer en journée.

— Ne t'excuses pas, ce n'est pas grave. Je comprends, vraiment. J'espère que tu sortiras vite, comme ça tu pourras reprendre un rythme normal.

Si elle savait.

Après avoir discuté une petite demi-heure, elle raccrocha. Je pris la télécommande qui se trouvait à côté de moi et allumais la télévision.

Together ForeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant