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À tous ceux qui ont subi les actions des autres, ce livre est pour vous.

























Fantôme



Jenha

— Souffle tes bougies, Jenha, ordonne ma mère.

Je répands alors mon souffle sur les quatorze bougies qui se présentent au-dessus du fraisier.

— Joyeux anniversaire petite sœur, s'écrit un voix rauque au-dessus de mon épaule.

Je frissonne à l'entente de sa voix. Mon corps ne répond plus et mon sourire s'efface.

— J'espère que t'as fait ton vœu ? dit mon père.

Je sens le corps de Darren s'éloigner et j'acquiesce à la question de papa.

Mon vœu, mon unique vœu depuis la mort de mon frère c'est qu'il arrête de me hanter...

Son regard, sa voix, sa présence, ne me lâche plus depuis son accident de voiture.

— J'ai pas faim, lâche sèchement ma mère avant de quitter le salon.

Mon père la fixe partir, d'un air épuisé.

— Coupe le gâteau Jenha, j'arrive, dit-il avant de rejoindre ma mère dans la cuisine placée derrière moi.

Je prend le grand couteau à ma droite et commence à couper des parts.

— Je veux la fraise ! s'écrit ma petite sœur à genoux sur sa chaise en bois, les coudes appuyés sur la table.

Ses yeux bleus scrutent le gâteau pourpre et son pendentif argenté, qui comporte la forme d'un cœur, se bloque dans le col de sa robe rose à motifs de fleurs. Elle a une couette haute regroupant tous ses cheveux châtains fins et lisses.

J'ai le même pendentif mais en or, c'est censé être un collier pour deux meilleures amies. Pour nous c'est différent, c'est pour deux sœurs.

Je lui sers la part de gâteau qui comporte une fraise entière avant que les voix de mes parents se font entendre.

— Elle n'a rien demandé si tu pouvais au moins faire semblant quelques heures pour son anniversaire ! s'écrit la voix de mon père.

— Darren aussi n'a rien demandé ! J'ai perdu un enfant, tu m'en demandes trop ! hurle ma mère d'une voix tremblante.

Elle pleure.

— Je te demande de ne pas en perdre un deuxième à force de la rabaisser comme tu le fais depuis sa mort, réplique papa.

— C'est de sa faute Bruss, c'est elle, c'est à cause d'elle. Tout est à cause d'elle ! s'effondre ma mère.

Mon cœur se comprime. Je retiens mes larmes du plus fort que je peux, j'essaye en vain de ralentir ma respiration et plaque ma langue sur mon palais.

— Qu'est-ce qui se passe Jenha ? demande Sofia encore appuyée sur la table dorénavant les sourcils froncés.

Son regard bleu marine révèle une inquiétude profonde.

Je secoue légèrement la tête de droite à gauche signifiant : « Rien, ne t'inquiètes pas. » sans pour autant effectuer un seul son, un sourire affiché sur mon visage.

DECEITFULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant