༶ Chapitre 7 ༶

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La haine est à la fois puissante et destructrice.

Jenha

Ma tête enfouie entre mes bras, répétant la même position depuis trois heures; je suis épuisée.

Par ailleurs je ne veux pas qu'on remarque mes yeux rouges.

Je ne veux pas qu'on m'adresse la parole.
Je ne veux pas qu'on me voit.
Et pour la première fois, je ne veux pas être remarquée.

Je ne m'attendais pas à cette réaction de la part de papa. Il me déteste, et me regarde comme maman le fait, c'est ce dont j'ai toujours eu peur. J'en ai assez, assez d'eux, assez de Darren, assez de moi.

J'aimerais m'endormir pour toujours mais mon âme est contrainte de ne pas me lâcher aujourd'hui.

Je ressens une bousculade sur mon bras, sûrement Alex qui essaie de me réveiller comme il le fait à chaque cours depuis ce matin. Il me donne de légers coups qui sont censés m'éveiller. Même si il s'arrête des fois, par peur de ne pas me faire mal. Mais je ne peux pas me réveiller.

Les yeux trop humides pour qu'il ne se rende pas compte de mon état, le teint bien trop pâle pour ne pas se demander si je me suis bien nourrie la veille. La réponse est la suivante : non. Mon estomac s'est gavé des sentiments qui prenaient trop de place dans mon esprit.

— Jenha, ça va ? Enfin, si ça va pas je peux te ramener chez toi, demande Alex.

Par le son de sa voix j'en conclue qu'il est dans une position similaire à la mienne. La tête sûrement posée sur un de ses bras, afin de me faire face même si la mienne est dissimulée.

Je prétends ne rien entendre, d'être dans un sommeil profond. Je n'ai pas la force de parler.

Quelques minutes plus tard, c'est le professeur qui vient à ma table me demandant d'obtenir une position d'élève. Je n'ai pas le choix, je me redresse et frotte mes yeux. Peut-être que comme ça, Alex pensera que la rougeur de mes yeux vient de ce geste.

— C'est un travail en binôme, je ne veux pas qu'Alex travaille pour deux, explique rudement le professeur.

Sa chamise à carreaux aux rayures brunes et vert sapin, s'accorde avec sa veste en daim marron ainsi qu'au vert de ses yeux. Même si je l'avoue, ses iris sont si clairs qu'à travers ses lunettes rectangulaires aux verres épais, on a du mal à les distinguer.

L'énergie me vient peu à peu quand on commence à travailler, mais le morale n'est toujours pas là. Malgré mes efforts pour me concentrer sur le travail demandé, mes pensées sont ailleurs, comme elles en ont l'habitude finalement.

Je ne peux m'empêcher de penser aux choses étranges qui m'arrivent, et au point où j'en suis, peut-être que je devrais en parler avec quelqu'un.

Le regard bleu d'Alex va et vient à maintes reprises sur ma personne comme pour s'assurer que je suis toujours attentive à ce qu'il m'explique. En vérité, ses paroles résonnent tel un bruit de fond. Ce que je me demande, c'est si je devrais me confier à lui. Je sais que je peux faire confiance à Alex, alors je me lance :

— Quand pleins de choses te retombent dessus, tu ne t'es jamais demandé si quelqu'un était derrière tout ça ? Comme si on s'acharnait sur toi. Un mauvais pressentiment peut-être ?

Ses yeux bleutés se relèvent vers moi, je crois que je ne sais pas m'exprimer. J'ai sûrement utilisé une autre langue pour recevoir un tel regard. Il est complètement perdu. C'est vrai que en vu de la discussion qui balançait sur des mathématiques, mes questions n'y sont en rien reliées.

DECEITFULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant