Louisa' diary: from chaos to light

Chapitre 5

Samedi 5 Octobre 2013

Par la force des choses, ce fameux samedi, je me suis bel et bien retrouvée au match de Matthew, non pas par choix, mais par obligation.

Malheureusement, Ben, qui était maintenant entraîné par mon père, avait un match le même jour, à la même heure, au même endroit. Non, ils ne jouaient pas l'un contre l'autre, mais il y avait plusieurs terrains et plusieurs matchs pouvaient se jouer en même temps. Et malheureusement pour moi, ma mère travaillait ce jour-là, et mon père, ne souhaitant pas me laisser seule à la maison, m'a contrainte à les accompagner.

Alors me voilà à passer mon samedi après-midi à regarder ce satané match plutôt que d'être tranquille dans ma chambre à lire mes livres ou regarder un bon vieux film. D'habitude, venir aux matchs ne me dérangeait pas. Après tout, c'étaient les seules fois où je pouvais reluquer Alec sans avoir à donner d'explications. Mais cette fois, c'était différent. Le groupe de ses groupies était toujours là, mais cette fois, il y avait cette fille. Sa petite amie. Je ne supportais pas de l'entendre crier après lui juste pour lui dire qu'il était le meilleur. En plus, il n'était pas si exceptionnel que ça quand on y réfléchit bien.

J'avais donc fini par aller regarder le match des personnes de mon âge. Je connaissais la plupart des joueurs, même s'ils ne connaissaient pas mon existence, car ils étaient dans mon collège.

Pour être franche, je ne regardais pas vraiment le match. J'avais le regard planté sur le terrain, mais j'étais perdue dans mes pensées. Qui a eu l'idée d'inventer ce concept pourri du crush ? Sérieusement ? Moi, je vais vous dire la vérité : si jamais vous avez un crush, oubliez-le. Sérieusement, oubliez-le. Votre chance de finir ensemble est quasiment nulle. Alors, oubliez-le.

Est-ce que le fait qu'Alec se soit trouvé une petite amie m'a complètement retourné le cerveau ? Probablement. Est-ce que j'en veux à la terre entière ? Pas qu'un peu.

Je ne sais pas si je suis vraiment de bon conseil. Je n'ai jamais eu de petit ami. Je ne sais même pas si qui que ce soit soit déjà tombé amoureux de moi, sauf peut-être ces deux gars en primaire, Nathan et Charlie, mais ils ne me plaisaient pas du tout.

Mes yeux se posèrent sur Simon. Lui, il n'aura probablement jamais ce problème. Il ne va pas devenir moche du jour au lendemain. Mes yeux voletaient de joueur en joueur. C'est certain qu'aucun d'entre eux n'aura le même problème que moi. Les filles doivent se bousculer à leur porte.

Mes yeux se posèrent en dernier sur Matthew, que le coach venait de faire sortir. Lui non plus n'a pas ce problème-là. La preuve, tout un groupe de filles était sur le côté à hurler son nom. Pendant un instant, j'ai même cru que certaines allaient faire un malaise quand il s'est approché d'elles. Je levai les yeux au ciel face à tant de stupidité. Ce n'est pas comme s'il avait Zidane ou Maradona sous les yeux, quoi. C'est juste Matthew.

Je continuai de fixer dans la direction de Matthew, qui avait l'air de beaucoup apprécier l'attention que lui portaient ces filles, et mon esprit divagua une fois de plus.

Et si Kalissa avait visé dans le mille ? Et si Matthew s'intéressait vraiment à moi ? La petite voix dans ma tête s'imposa dans mes pensées : "Nan mais t'es vraiment stupide, Louisa. Comment elle pourrait avoir raison ? Regarde-le, regarde-toi, c'est insensé. En plus, il n'a même pas remarqué ta présence. Tu vises encore trop haut."

Je secouai la tête pour chasser ces idées absurdes, et je me rendis compte que le match était en fait fini. J'étais la seule à continuer de regarder le terrain. Je fis alors volte-face et me dépêchai de retourner sur l'autre terrain pour rejoindre mon père, mais quelqu'un me rentra violemment dedans, au point que j'en tombai à la renverse.