Chapitre 6

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2 Janvier 2015 : 6 mois avant l'accident.

Nous étions encore en vacances, celles des fêtes de fin d'année. Je n'ai jamais beaucoup aimé les fêtes de fin d'année, mais celle-ci était la pire de toutes. Mathilde avait organisé une soirée pyjama juste avec elle, Kalissa et moi, mais je n'avais pas pu m'y rendre. Je voulais y aller, je le voulais vraiment, mais Matthew n'y était pas invité et refusait que j'aille à une quelconque soirée sans lui. J'avais tenté de le convaincre que cette soirée n'était qu'une soirée pyjama entre filles et qu'il n'y avait aucun risque. Quand je dis aucun risque, cela signifiait aucun membre de la gent masculine. Mais il ne voulait rien entendre, il avait d'ailleurs fini par s'énerver, et cette fois encore il n'a pas fait que crier. Il s'était mis à jeter tout ce qui lui passait sous la main, non pas sur le sol, mais sur moi, et à frapper dans tous les sens.

C'était devenu fréquent, chaque fois que quelque chose le contrariait, il s'emportait et bien sûr c'était moi qui prenais. Même lorsqu'il perdait un match ou qu'il subissait un quelconque échec.

Ce 2 janvier 2015, j'étais enfermée, enfermée dans la salle de bain de la maison des Fray. Une fête post-nouvel an, avaient-ils dit, j'appellerais plutôt ça un fiasco post-nouvel an.

Nous étions 4 enfermées dans cette salle de bain, 4 filles contre une dizaine de garçons complètement ivres et probablement sous substance de l'autre côté de la porte.

Je sais ce que vous vous dites, comment des gamins âgés entre 14 et 15 ans peuvent-ils être ivres ou même avoir consommé une quelconque sorte de drogue ? Eh bien, bienvenue au 21e siècle.

J'étais l'une des rares personnes de cette soirée à n'avoir vu aucune goutte d'alcool. La vérité, c'est que cela m'effrayait. J'avais peur de ce qui pourrait se passer si jamais je buvais ne serait-ce qu'une seule gorgée.

Les filles autour de moi étaient soit en larmes, soit en état de choc. L'une d'entre elles, dénommée Lina, était plus jeune que nous d'une ou deux années. Des cris s'entendaient de l'autre côté de la porte, plus il y en avait, plus elle pleurait, comme la plupart d'entre nous.

— Sophie ? T'es la dedans ? Ouvre on s'en va.

La dénommée Sophie ne bougea pas et planta ses yeux sur le teeshirt de la fille en face d'elle. Une grosse tache de sang voilà ce qu'elle fixait, du sang.
Une autre voix toi aussi calme que la précédente se fit soudain entendre.

— Les filles vous pouvez sortir on a réglé le problème, ouvrez.

Les cris avaient disparu. On se regarda toutes, cherchant qui aurait le courage d'ouvrir cette porte. Ambre se leva et se dirigea vers la porte, hésitant un instant avant de la déverrouiller.

Les filles se levèrent, mais je restai assise derrière la porte, incapable de me lever. Lina revint quelques secondes après et me tendit sa main pour m'aider à me relever. La maison était calme maintenant, beaucoup trop calme.

Quand j'arrivai dans le salon, je fixai le sol là où une grosse tache de sang avait été laissée.

C'était de ma faute. Tout était de ma faute.

Les filles partirent une à une, et moi je restai là. Comment allais-je repartir ? Sûrement pas avec la personne qui m'avait déposée. J'entendis la porte s'ouvrir à nouveau mais ne se refermer pas. Ils étaient tous revenus, pas les filles ni leurs copains, mais ceux qui avaient disparu quand nous étions sorties de la salle de bain. Matthew s'approcha de moi et j'eus un mouvement de recul, son visage se décomposa face à ma réaction.

— Tout va bien c'est finis mon cœur il peut plus rien t'arriver maintenant.

Il m'attira à lui pour m'embrasser et me serra dans ses bras. Je ne bougeai pas comme paralysé.

Louisa' diary: from chaos to lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant