11- Blanche

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   Elle fixe le panneau d'affichage qui s'élance jusqu'au plafond. Celui-ci la domine de sa hauteur, elle le contemple avec un sourire béat. Pour elle, c'est comme être à la fête foraine. Hypnotisée, elle scrute le balais incessant des vols. Elle n'en revient toujours pas d'être face à lui. Radieuse, elle cherche sa destination.

Nouvelle-Orléans ... Londres ... Montréal ... Honolulu ... Singapour.

Elle hallucine en contemplant ces villes incroyables qui dansent devant ses yeux. Un jour, elle les visitera toutes. Elle aime se dire que tout est possible. Elle éclate de rire lorsqu'elle repère son vol. Celui-ci existe vraiment. Elle détaille chaque lettre du lieu sans y croire :

Tokyo.

Son énorme bagage trône à ses pieds tel un chien obéissant. Blanche espère n'avoir rien oublié. Elle sait qu'elle a checké chaque élément de sa liste et pourtant, elle stresse. Son anxiété la fait sourire. S'il manque quelque chose, elle pourra se l'acheter là-bas, cela fera un souvenir supplémentaire à ramener en Belgique.

Ce moment tant espéré est enfin là. Elle aspire à prendre l'avion depuis qu'elle est enfant et là, elle réalise qu'elle y est enfin parvenue.

Blanche se rappelle de tous ces petits boulots qu'elle a faits pour en arriver là. Cet instant lui semblait pourtant inaccessible, irréalisable lorsqu'elle venait de sortir de l'école et qu'elle s'était retrouvée au chômage du jour au lendemain. Elle qui pensait qu'avec un diplôme en poche, elle trouverait un poste rapidement.

Finalement, elle avait accepté toutes les propositions qui s'étaient présentées à elle. Elle repense aux nombreux repas qu'elle a véhiculé avec sa petite voiture, aux nombreuses pelouses qu'elle a tondues, au costume improbable qu'elle a enfilé au parc d'attractions près de chez elle, aux chiens qu'elle a promenés dans le parc, aux petites mamies dont elle s'est occupées avec patience et dévouement. Sans se plaindre, elle a mis de côté chaque euro engrangé.

Fièrement, Blanche traîne sa lourde valise derrière elle. Elle regarde par la grande baie vitrée les avions qui s'envolent pour de lointaines contrées.

Bientôt, ce sera elle qui s'élèvera tout là-haut parmi les nuages. 

Bientôt, elle présentera son précieux passeport à la douane, lui qui prenait la poussière dans le tiroir de sa commode.

Bientôt, elle regardera par le hublot la ville devenir toute petite, minuscule. Le ciel se déploiera sous ses pieds à perte de vue. Elle s'enivrera de cette étendue céleste, de cette beauté enchanteresse.

Soudain, elle sent son téléphone vibrer dans sa poche. Ses parents certainement. Elle sait que c'est eux. Ils l'ont toujours soutenues dans ses projets.

- Ta patience a été récompensée ! Bon voyage !




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Pourquoi Blanche ?

Petit clin d'oeil à ma grand-mère maternelle qui s'appelait Blanche et à ma super maman : Brigitte.

Les méandres de nos viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant