Les méandres de nos vies

17 - Ingrid (suite)

   Elle ferme à clé sa boutique. Les ténèbres envahissent déjà le ciel. Elle tire sur le store sous la lumière du lampadaire. Son petit chien sur ses traces, elle marche d'un pas rapide sur le trottoir.

Épuisée, elle a hâte de rentrer chez elle. Sa journée lui a donné des idées. Elle ne compte pas se vautrer sur son divan en rentrant chez elle, non elle va se mettre à peindre sans tarder, sans même avaler un morceau.

Toute la journée, elle a humé des fleurs, créé des bouquets, elle a joué avec les couleurs et les textures. Maintenant, elle va inventer les bouquets qu'elle ne sait pas réaliser dans la réalité.

Elle rendra réel l'irréalisable.

Elle accroche ses boucles brunes avec un élastique pour dégager son visage. Elle s'installe devant sa toile immaculée.

Les délicates fleurs germent déjà dans son esprit. Avec son pinceau, elle compose le bouquet de ses rêves. De multiples pétales couleur taupe, grises, beiges, brunes. 

Elle invente des fleurs qui n'existent pas et qui pourtant rehausseront son intérieur.

Elle s'éclate et porte chaque coup de pinceau avec fougue. Elle se sent bien devant sa toile. Sous le regard endormi de son animal, elle mélange les couleurs, elle improvise, elle façonne.

Les fleurs la poursuivent jusque dans son temps libre et dans ses songes. Les bourgeons et les pétales habitent son âme et garnissent son cœur.

Elle sait déjà que, si un jour, elle aura un enfant, peut-être une petite fille, elle l'appellera Anaïs. 

Celle-ci deviendra sa plus grande réussite, sa plus précieuse composition, sa plus belle fleur.

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Pour ma chère soeur, notre super peintre, tout comme maman et ta fille.