Chapitre 24

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La chute d'Ariane dure plusieurs secondes, une éternité pour celle qui se demande dans quel état elle va arriver en bas. Elle finit par tomber lourdement sur un sol dur, peut-être de la terre battue. Des craquements au moment de sa chute ainsi qu'une forte douleur lui font craindre plusieurs fractures, mais comme d'habitude ses blessures se résorbent lentement d'elles-mêmes. Elle reste ainsi un long moment, par terre, avant de pouvoir se relever sans mal. L'endroit est très faiblement éclairé, par de petites fenêtres disposées haut près du plafond. L'humidité ambiante a tâché les murs de moisissures. Tout à coup, elle entend des couinements qu'elle reconnaît instantanément.

Des rats ! Elle en aperçoit un, puis deux, puis trois... Sa chute a du momentanément les effrayer et les faire fuir, mais à présent que l'endroit est plus calme, ils reviennent en masse infester l'endroit.

Génial, vraiment fantastique, je suis dans une cave infestée de rats. Et maintenant, je fais quoi ?

Elle sait que ces animaux peuvent être dangereux, et elle a en tête plusieurs scènes de torture vues à la télévision impliquant ces rongeurs ; ce qui lui fait froid dans le dos. Ariane perçoit l'urgence de retrouver Basile, après tout il ne doit pas être loin, c'est lui qui lui a demandé – plutôt ordonné, d'ailleurs – de sauter.

La jeune femme balaye la cave du regard : une grand pièce quasiment vide, infestée de rats. Ses yeux s'accommodant à l'obscurité, elle finit par remarquer un couloir un peu plus loin sur la gauche. Elle se dépêche donc de l'emprunter, se frayant un passage à travers la foule de rats couinant sur son passage. Le couloir, dépourvu de fenêtres, est encore plus sombre : mais Ariane n'hésite pas. Elle doit être courageuse, elle va le retrouver c'est certain.

Soudain, des images font irruption dans son esprit, s'imposant à elle. Un homme qui vomit du sang. Un autre qui se fait horriblement écarteler à l'aide d'une machine moyenâgeuse. Un enfant perdant sa jambe en marchant sur une bombe.

Je n'ai pas ces visions sans raison, c'est la proximité de Basile qui me fait cet effet. Je dois continuer...

Elle réprime un haut le cœur suite aux images qui traversent son esprit, mais continue son chemin coûte que coûte. Le couloir sombre fait place à une autre pièce aux petites fenêtres, et les rats sont partout. Certains essayent de grimper sur sa jambe, ce qui lui arrache un glapissement d'effroi tandis qu'elle se secoue vigoureusement. Ces bêtes ralentissent sa progression parce qu'elle fait attention où elle marche, il est hors de question qu'elle marche dessus et qu'elle les écrase comme une sauvage. En plus, qui sait comment la meute réagirait si elle tuait l'un de leurs congénères... Ils pourraient facilement la tuer dans d'atroces souffrances, et cette fois-ci Basile n'est pas là pour l'aider à survivre. Ariane se sent démunie sans lui, ce n'est pas une sensation agréable mais quand elle pense à lui, un doux sourire étire ses lèvres. Elle a envie d'être avec lui, malgré les visions qu'il génère. Que lui arrive-t-il ?

La jeune femme arpente ainsi les couloirs de la cave, qui se révèle étonnamment grande. Elle n'aperçoit rien d'intéressant, des jouets d'enfants sont rangés ça et là et elle se demande ce que ces poupées et autres peluches font dans la cave d'un monastère. Si tant est que le monastère se trouve toujours au-dessus d'elle... Le cauchemar met son sens de l'orientation à rude épreuve.

« Basile ! Où est-ce que tu es ? »

Ariane décide de s'adresser directement à la créature, espérant que celle-ci puisse l'aider de là où elle se trouve. Elle dégage d'un geste brusque un rat qui commençait à lui grimper sur la jambe, avant d'appeler à nouveau.

« Basile, tu m'entends ? Aide-moi, s'il-te-plaît ! »

Tout à coup, elle voit la cave dans son esprit : c'est une vision qui s'impose à elle, et elle suppose que Basile en est à l'origine. Elle voit une pièce qu'elle n'a pas encore découverte, avec une porte en bois sombre.

Alors comme ça, c'est là que je dois aller... Merci Basile !

La jeune femme se sent comme encouragée et revigorée par cette vision, elle voit enfin une issue.

Elle se remet en route, zigzaguant entre les rats et les poussant du pied, pour découvrir les autres pièces de cette cave immense. Penser à Basile lui donne du courage, mais que fera-t-elle quand elle se réveillera ? Elle ne le verra plus... A vrai dire, elle doit avouer qu'elle doute de plus en plus en sa capacité à se réveiller et à quitter ce monde cauchemardesque. Pourrait-il...devenir son monde ? Comment s'adapter à un univers pareil ?

Peut-être qu'en arrêtant de lutter, les choses deviendraient plus faciles...

Il faudrait surtout qu'elle ait des pouvoirs comme ceux de Basile : ça, ça rendrait les choses plus faciles. Pourtant, rejoindre ce monde pour de bon signifie quitter le monde de l'éveil, donc mourir d'une certaine façon... Sa famille la laisserait-elle dans le coma, guettant le moindre signe de son réveil ? Ils ne méritent pas ça.

Ariane s'arrache à ses pensées pour continuer son exploration minutieuse.

 Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne sera pas déçue du résultat...

PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant