Chapitre 25

1 0 0
                                    

Une pièce, puis deux, puis trois... La superficie de cette cave est-elle infinie ? Le terme labyrinthe serait plus indiqué. Et partout des rats qui grouillent, mettant la patience de la jeune femme à rude épreuve. Si elle s'énerve, c'en est fini d'elle, les rats sont si nombreux qu'ils auront facilement l'avantage. La jeune femme prend donc une profonde inspiration, faisant de son mieux pour rester calme et réfléchir posément.

A la suite d'une enfilade de pièces, Ariane reconnaît enfin le lieu de sa vision et un sourire illumine son visage. Elle se dirige sans hésiter vers la porte en bois sombre qui se trouve à sa droite, elle tente de l'ouvrir mais celle-ci est fermée à clé.

C'est bien ma veine...

Heureusement, la porte semble vieille et le système de verrouillage ne doit pas être très résistant. Ariane s'en donne à cœur joie, se remémorant les scènes des films d'action : elle lève sa jambe de manière à ce qu'elle soit perpendiculaire à son corps –ce qui demande une certaine souplesse – puis donne un grand coup de pied à l'emplacement du verrou. Un bruit fracassant, puis la porte tremble et finit par s'ouvrir, pour la plus grande satisfaction de la jeune femme. Enfin, elle va pouvoir savoir pourquoi Basile lui désignait cette pièce dans ses visions.

Elle est étonnée en constatant que la pièce est assez petite, et ne contient que quelques cartons et un grand miroir. Qu'est-ce que ce lieu peut bien avoir à lui apporter ? Il faut qu'elle mène l'enquête pour en savoir plus. Son attention est d'abord attirée par le miroir, qui est assez grand pour lui permettre de se voir en entier. Elle s'en approche, et constate qu'il n'a rien d'un miroir normal. En effet, son reflet est changeant, comme s'il reflétait deux personnes à la fois. Pourtant, ce double reflet est bien le sien : le reflet d'une personne normale, puis celui d'une femme en état de décomposition. Cette vue est insoutenable, et Ariane s'écarte quelques secondes du miroir. Quel reflet est le bon ?Est-elle vraiment en train de se décomposer ? Bien sûr que non, elle s'en serait aperçue sur son corps... Alors, pourquoi cet objet de malheur lui renvoie-t-il cette image ? Est-ce qu'il s'agit d'une sorte d'allégorie ?

Ariane est restée trop longtemps dans le monde cauchemardesque, ça a des répercussions sur son être... Répercussions qu'elle ne peut pas éviter, puisqu'elle ne peut pas quitter ce monde. Elle décide de faire face à son reflet dans le miroir, et d'appliquer un conseil qu'elle a lu dans un ouvrage de développement personnel, il y a de cela plusieurs éternités. Cela consiste à se dire qu'on s'aime, et à sentir la chaleur de l'amour envahir son être. Elle ne s'en sentira que mieux, après avoir soutenu cette vision d'horreur. Elle observe donc attentivement son reflet, avant de parler calmement et distinctement.

« Je m'aime. »

Tout à coup, la pièce s'agrandit de quelques mètres et la luminosité est plus forte. Cela peut-il avoir un lien avec ce qu'elle vient de dire ? Comment est-ce possible ? La jeune femme regarde autour d'elle, interloquée. Elle décide de réitérer l'expérience, et de voir ce qui se passe.

« Je m'aime. »

La luminosité devient encore plus forte, presque éblouissante, et les rats quittent peu à peu la pièce en couinant. Il y a donc des mots magiques dans ce monde... Est-ce que ce sont les seuls, ou y en a-t-il d'autres ? Tellement de choses à découvrir encore ici... Basile connaît-il l'existence du pouvoir des mots ? Sans doute, s'il possède du pouvoir dans ce monde, il doit en connaître les ficelles.

Rassérénée, Ariane se lance dans l'exploration des quelques cartons qui jonchent le sol. Des cartes postales, des vêtements, des trophées de compétitions sportives... Elle ne trouve rien d'intéressant. De toute évidence, cette cave n'a rien à voir avec le monastère qu'elle a quitté, les objets entreposés sont ceux de familles avec enfants. Elle a l'impression d'avoir fait le tour de ce lieu, il n'a plus rien à lui apporter et elle doit sortir d'ici.

Alors qu'elle emprunte les mêmes pièces qu'elle a déjà traversées en sens inverse, la jeune femme répète les mots de pouvoir à l'identique : la luminosité augmente à chaque fois, et les rats ne cherchent plus à grimper sur ses jambes, ce qui facilite grandement son cheminement. Comment va-t-elle sortir d'ici ?Elle ne peut quand même pas remonter le puits, et qu'est-ce qu'elle irait faire dans ce monastère... Elle parvient à son point de départ, et remarque qu'une corde pend là où se trouve le puis, au-dessus d'elle. Ariane n'a pas vraiment d'autre choix, cette corde est son unique moyen de quitter la cave. Elle l'empoigne donc, et commence à se hisser, ses muscles peu développés la faisant rapidement souffrir.

La remontée lui semble durer une éternité. Plusieurs fois elles'arrête pour reprendre des forces, mais se remettre à grimper après avoir fait une pause est encore plus difficile. Elle ressent une sensation de brûlure dans tout son corps, mais mobilise toute sa force et sa motivation pour parvenir en haut. Elle met longtemps à atteindre son objectif, mais elle finit par le faire et elle pousse un cri de soulagement mêlé à un grand sentiment de victoire.

Cependant, son soulagement est de courte durée lorsqu'elle s'aperçoit que la brûlure n'est plus dans ses muscles, mais sur sa peau. Elle relève la tête, et devant elle s'étendent des dunes de sable.

 Un désert...

PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant