29: Spitzberg

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Le lundi 7 février est passé à préparer la logistique de l'expédition. Et alors que les jerrycans d'essence sont remplis et dispatchés sur des traineaux, George a le malheur de voir sur son smartphone que le président français est parti en Russie voir le maitre du Kremlin, avant même de rencontrer le président ukrainien. Emmanuel Macron semble convaincu de pouvoir empêcher un conflit en Ukraine en 'discutant' avec le président russe. Mais comment peut-il être aussi naïf ? Est-ce pour ça que Grand Manitou veut retarder l'opération Éponine ?

Dans tous les cas, un coup de téléphone au consulat russe de Barentsburg lui apprend que sa demande de passeport a bien été reçue et est traitée en priorité. Il pourra retirer son visa à la fin de la semaine. Qu'il apporte bien son passeport.

Le mardi 8 février au matin, le groupe d'une vingtaine étudiants de l'UNIS se prépare pour partir en direction du glacier de Tunabreen. Ils sont encadrés par Elmantas, George et deux doctorants. Ce n'est évidemment pas aussi simple qu'on le voudrait. Deux étudiantes se plaignent que les combinaisons de motoneige fournies par l'UNIS sont toutes trop grandes. Elmantas fait remarquer que George ne se plaint pas, lui qui est de la même taille, et que les femmes astronautes dans l'espace ont le même problème et elle ne se plaignent pas non plus. Le monde est sexiste, on ne le changera pas. Deux des motoneiges Lynx ne démarrent pas et doivent être changées au dernier moment. Ils rencontrent des problèmes pour accrocher les traineaux remplis de bidons d'essence, sacs et matériel scientifique aux motoneiges. Une des étudiantes est soi-disant si mauvaise au tir au fusil que le responsable sécurité de l'UNIS insiste pour qu'elle n'ait pas de fusil, mais soit toujours à proximité d'un tireur compétent. George devient son garde du corps. Cinq étudiants n'ont pas le permis de conduire et doivent s'assoir à l'arrière des motoneiges qui ne tireront pas de traineaux.

La troupe s'élance finalement en file indienne en direction du fjord de Tempelfjorden à la lueur de cette longue aube-crépuscule de février privée de midi. Le paysage svalbardien privé d'arbre et de végétation donne l'impression aux habitués des milieux alpins d'évoluer à plus de 3000m d'altitude. Et ce alors qu'ils sont au niveau de la mer.

La banquise au fond du fjord est suffisamment solide, et la troupe, Elmantas sur la motoneige de tête, s'approche du front du glacier. Tunabreen est un glacier à surge. Au cours des deux derniers siècles, le glacier a avancé plusieurs fois dans le fjord. La dernière fois en 2004. La prochaine surge pourrait se produire en 2040. Et Elmantas de préciser à l'intention des 'climato-sceptiques' – il sait qu'il y en a parmi les étudiants ; les climatosceptiques pullulent parmi les géologues (rires généralisés) : « Le fait qu'un glacier surge et avance dans le fjord n'est en rien un indicateur invalidant le réchauffement climatique. Une surge est un phénomène physique, dont les modèles mathématiques seront étudiés la semaine prochaine. Mais la masse glaciaire reste inchangée. Or pour le Tunabreen, l'épaisseur et la masse glaciaire ont décliné constamment depuis un siècle, comme pour tous les autres glaciers du Svalbard. Donc la prochaine surge risque bien d'être la dernière.»

Après la visite du glacier de Tunabreen, cap au sud vers la mine de Svea, où les Norvégiens exploitent du charbon pour l'export, et où la petite troupe passera deux nuits, et jouera avec les géoradars aux alentours.

Un cours en glaciologie n'étant pas l'objet de ce livre, George étant tout au long de cette expédition privé d'accès à Internet, avançons au jeudi 10 février en fin d'après-midi, lorsque la petite troupe de motoneiges arrive dans Barentsburg par l'entrée sud après être passés par le glacier Vestre Grönfjordbreen.


L'espion à la fille désenfantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant