33: Moscou

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Le plus bel hymne national du monde est indubitablement La Marseillaise, et cela en toute objectivité, pas seulement pour les Franco-Français. En garnison à Strasbourg en 1792, le capitaine du génie Rouget de L'Isle a ses entrées chez le maire. Au retour d'une beuverie chez celui-ci, alors que la puissante Autriche vient de déclarer la guerre à la petite République naissante, il compose Le Chant de guerre pour l'armée du Rhin. Ce chant deviendra plus tard La Marseillaise, que même les Anglais et Américain nous envient. Un chant patriotique entraînant et motivant résultant de la collision d'un esprit militaire avec une bonne dose de Riesling. De même que l'Himalaya résulte de la collision du sous-continent indien avec la plaque eurasienne.

La Marseillaise est l'Everest des hymnes nationaux. L'hymne de l'URSS en est le K2. Une mélodie tellement envoutante qu'elle a été reprise dans le nouvel hymne national russe. George ne connait pas les paroles du nouvel hymne russe. Il connait les paroles de l'hymne soviétique. Comme tous les étudiants étrangers en Union soviétique, il avait dû en apprendre les paroles en même temps que le russe :

Soyuz nerushimyy respublik svobodnykh

Splotila naveki velikaya Rus'.

Da zdravstvuyet sozdanny voley narodov

Yedinyy, moguchiy Sovetskiy Soyuz!

Slav'sya, Otechestvo nashe svobodnoye,

Druzhby narodov nadyozhny oplot!

Partiya Lenina — sila narodnaya

Nas k torzhestvu kommunizma vedyot!

Skvoz' grozy siyalo nam solntse svobody,

I Lenin velikiy nam put' ozaril,

Na pravoye delo on podnyal narody,

Na trud i na podvigi nas vdokhnovil!

Slav'sya, Otechestvo nashe svobodnoye,

Druzhby narodov nadyozhny oplot!

Partiya Lenina — sila narodnaya

Nas k torzhestvu kommunizma vedyot!

V pobede bessmertnykh idey kommunizma

My vidim gryadushcheye nashey strany,

I Krasnomu znameni slavnoy Otchizny

My budem vsegda bezzavetno verny

Alors que l'Airbus 320 d'Aeroflot roule sur le tarmac en direction du terminal E, de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, George ne peut s'empêcher de chanter l'hymne soviétique dans sa tête.

Moscou.

George avait fait son baptême de l'air pendant son service militaire. Son premier vol civil avait été ce vol Aéroflot Paris-Moscou de septembre 1985. Il n'avait franchement pas été rassuré pendant le vol. Lui qui était devenu moniteur parachutiste se demandait pourquoi on ne proposait pas de parachutes aux passagers des vols commerciaux.

À travers le hublot, il ne distingue pas grand-chose dans la nuit tombée, malgré la neige qui adoucit l'obscurité. Il semble cependant que l'aéroport s'est bien agrandi depuis 1993. Il avance sa montre de deux heures : il est 17h45 à l'heure de Moscou.

L'espion à la fille désenfantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant