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Point de vue de Sophie.

J'examine la pièce. Nous sommes enfermés dans un espace exigu, sans fenêtres, juste une porte verrouillée. La chaleur est suffocante, comme une couverture trop épaisse qui nous empêche de respirer correctement. L'air est lourd, saturé de la senteur métallique du sang, de la sueur, et de la peur. Le silence est presque total, seulement brisé par les pleurs étouffés de ma meilleure amie, qui ne cesse de se tortiller en douleur dans l'ombre.

Au plafond, une ampoule clignote frénétiquement, projetant une lumière faible et vacillante qui se mêle aux ombres de la pièce. Il fait encore plus sombre qu'il n'y paraît, chaque éclair de lumière ne faisant que souligner l'obscurité oppressante qui nous entoure. Il y a des moments où l'on se croirait dans un mauvais rêve, mais c'est bien réel.

- J'ai peur, murmurais-je, presque inaudible, ma voix étranglée par l'angoisse qui me serre la gorge.

Je jette un regard furtif à Margot. Elle est couverte de sang, sa peau pâle contrastant violemment avec la couleur rouge qui macule ses vêtements et son visage. Elle se tient l'abdomen, comme si elle essayait de contenir la douleur et la vie qui s'échappent d'elle. Je sens mon cœur se serrer à la vue de son état, mais je suis paralysée par la terreur qui m'envahit.

- C'est de ta faute, me lance-t-elle, la voix brisée, mais chargée de haine.

Chaque mot résonne comme une cloche de métal dans ma tête. Je me sens envahie par la culpabilité, une vague douloureuse qui me submerge. Je suis trempée de sueur, mes mains moites collées contre mon corps, mais c'est la chaleur suffocante de la pièce qui m'étouffe. Une nausée amère envahit ma gorge.

- Je n'ai rien fait, Margot, sanglotais-je, mes larmes se mêlant à la sueur qui coule le long de mon visage.

Mais tout se passe si vite. Margot se précipite vers moi avec une violence inouïe. Elle me saisit par les épaules, ses mains ensanglantées glissant sur ma peau. Son regard est plein de douleur et de rage, un mélange explosif qui me glace le sang.

- Regarde, c'est de ta faute ! Si je suis morte, c'est de ta faute. Tout ça est de ta faute. Je te hais !

Les mots m'assènent comme des gifles. Je tremble de plus en plus fort, mes sanglots se faisant plus bruyants, plus désespérés. Je me laisse tomber à genoux sur le sol, incapable de supporter la lourdeur du moment.

- Pardonne moi, Margot. Je suis désolée, murmure-je, mais mes paroles sont noyées par la douleur de sa haine. Je n'arrive pas à respirer, comme si chaque souffle m'était volé.

Je m'effondre, complètement brisée, mes mains enserrant mon propre corps comme si je pouvais m'empêcher de m'effondrer davantage. Je la regarde, mes yeux emplis de larmes. Son regard me transperce, aussi dur que l'acier, comme si tout l'amour que j'avais eu pour elle s'était envolé en un instant.

- Pardonne moi, pitié... je supplie, ma voix fragile se perdant dans le tumulte de mes émotions.

Soudain, une porte s'ouvre avec un grincement sinistre. Je me redresse immédiatement, mes yeux écarquillés, mes mains tremblantes. Cole entre dans la pièce. Dès que je le vois, un soulagement immense m'envahit, et je souris presque instinctivement. Il est là, il va nous sortir de ce cauchemar, il va nous sauver de tout ça, de cette réalité terrifiante.

Mais alors, je vois son regard. La colère et la rage qui y brûlent, aussi sombres et profondes que l'enfer. L'air autour de moi semble se raréfier, et mon sourire s'éteint instantanément. La promesse de liberté que j'avais vue dans ses yeux disparaît sous cette mer de fureur. C'est comme si l'ombre de ce que nous vivons l'avait englouti, tout comme elle m'a engloutie.

The Devil's Wolf Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant