Chapitre 8

100 7 2
                                    

Résumé des épisodes précédents :
Eva s'est installé en colocation chez Tom, le meilleur ami de son frère, malgré leur attirance évidente. Mais Eva a été très claire sur le sujet : elle ne veut pas d'une nouvelle relation. Combien de temps vont-ils résister à la tentation ?

 Combien de temps vont-ils résister à la tentation ?

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

{ Eva } 

Je déteste les orages. Depuis toute petite, ça me terrifie. A l'époque, je me réfugiais dans le lit de mes parents ou de mon frère. En grandissant, j'ai dû apprendre à gérer seule, ce qui se traduit généralement par de longues heures d’insomnie et d’angoisse. Cette nuit-là, le tonnerre gronde juste au-dessus de l'immeuble, ça fait trembler les murs. Je me réveille en hurlant, le cœur battant. La chambre est illuminée par les éclairs et le tonnerre roule comme un gros tambour. Je suis terrorisée, j'essaie de me calmer en respirant lentement mais rien n'y fait. Nouveau coup de tonnerre. J'ai la gorge nouée et les larmes commencent à couler sur mes joues. Inspire, expire. Inspire, expire. Peut-être qu'un verre d'eau me ferait du bien. J'allume ma lampe de chevet, m'extirpe de sous ma couette. Je passe devant la chambre de Tom sur la pointe des pieds. J'espère que je ne l’ai pas réveillé. Un vague souvenir de vacances à la mer l'été de mes huit ans me revient en mémoire. Alex et Tom m'avaient accueilli dans leur chambre pendant une nuit d’orage et fabriqué une cabane avec les couvertures pour me changer les idées.

Dans la cuisine, je remplis un verre d'eau au robinet mais mes mains tremblent. Un grondement, encore plus fort que les précédents, me fait sursauter. Le verre m'échappe des mains et se brise sur le carrelage, de minuscules morceaux volent dans tous les sens comme une galaxie de petites étoiles. Je m'accroupis pour les ramasser mais dans la pénombre je ne vois presque rien et je finis par me blesser au doigt en cherchant à taton les bouts de verre. Les larmes me brouillent la vue, je recule contre le mur et ramène mes genoux contre ma poitrine, la tête dans mes bras. Je voudrais juste que ça s'arrête… Les grondements se confondent avec les battements affolés de mon cœur. Je ne sais pas combien de temps je reste prostrée ainsi.

La voix de Tom me fait relever la tête 

– Ev ? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ça va ?

Il se tient sur le seuil de la cuisine, en caleçon et t-shirt. Je ne l'ai même pas entendu arriver. Je suis mortifiée qu’il me voit dans cet état et m’essuie mes joues en bredouillant des excuses.

– Je… n'approche pas, y a des bouts de verre partout et j'ai… j'ai pas fait exprès… je ne voulais pas te réveiller… désolée.. 

Bon sang, je me sens ridicule. Quelle personne de plus de douze ans a peur des orages ? Il va se moquer, c'est sûr. Ou m'engueuler parce que je l’ai réveillé en pleine nuit. Il est déjà bien sympa de m'héberger gratuitement. Mais Tom ne dit rien. Il n’a même pas l’air fâché... Il traverse la pièce sans se préoccuper des morceaux de verre brisés qui craquent sous ses pieds nus et me soulève dans ses bras. Je m'accroche aussitôt à mon cou. Il me ramène dans ma chambre et me pose en douceur sur le lit.

– C'est l'orage ? demande-t-il.

Sa voix est douce, teintée d’inquiétude. Je hoche la tête. Un nouveau grondement retentit. Je m'agrippe au t-shirt de Tom.

Il prend ma main blessée avec délicatesse.

– Je vais juste chercher de quoi soigner ta main, d'accord ?

Je refuse de le lâcher et secoue la tête.

– Il faut nettoyer et mettre un pansement. Je reviens dans moins d’une minute.

Je finis par accepter. Il désinfecte la plaie, met un bandage. Ça me réconforte que quelqu'un s’occupe de moi comme ça avec autant de patience.

– Tu es blessée ailleurs ?

– Non, je crois pas. Mais toi, tu as marché dans…

– Je n’ai rien du tout, ne t'inquiète pas. Tu veux que je reste avec toi ?

L'orage gronde toujours. Je n’ai pas envie que Tom s’en aille, mais je ne veux pas le déranger…

– Ev ? insiste Tom. Tu veux que je reste ?

– Oui… s’il te plaît.

Il s'allonge à côté de moi en me prenant dans ses bras et rabat la couette sur nous deux. 

– Tu crains rien, chuchota-t-il. Je suis là, d'accord ? 

Le tonnerre continue de tonner et la pluie martèle les vitres. Je me blottis contre Tom et tord le tissu de son vêtement entre mes doigts crispés à chaque grondement. Je n'arrive pas à me calmer, et je me sens vraiment idiote de paniquer pour un simple orage. Tom commence à me caresser les cheveux et ça m’apaise aussitôt. Je lève les yeux vers lui, il suspend son geste, l’air gêné.

– C'est ce que faisait ma mère quand j'étais petit, je pensais…

– Ça fonctionne bien, soufflé-je.

Il me sourit et reprend ses caresses. Je repose la tête contre son épaule. Par moment, ses doigts effleurent mon front ou ma joue avec tendresse. L'orage commence à s'éloigner.

– Je… je suis désolée, marmonné-je.

– Pourquoi tu t'excuses ? C'est pas grave.

Je baisse encore la voix.

– Je… ça énervait Maxime. Il disait qu'il n'y a que les enfants qui ont peur de l'orage et que… que je l'empêchais de dormir avec mes caprices.

Tom resserre ses bras autour de moi en marmonnant des insultes à l’intention de Maxime. 

– Ecoute, je ne me moquerais jamais de toi parce que tu as peur de quelque chose. Et tu peux me réveiller quand tu veux… pour n'importe quelle raison. Tu peux compter sur moi, d'accord ?

– D'accord… Tu peux rester jusqu… jusqu'à ce que je me rendorme ?

– Bien sûr.

Maintenant que la crise est passée, je me rends compte à quel point la sensation de son corps chaud contre le mien me fait du bien. Je finis par me rendormir. 

Quand je me réveille le lendemain, Tom est déjà parti. En repoussant la couette pour me lever, je remarque des traces de sang au pied du lit. Pourquoi il n’a rien dit ? Une assiette de pancakes encore tiède m'attend dans la cuisine avec un mot de Tom me souhaitant une bonne journée. Je ne suis pas habituée à autant de gentillesse… Qu’est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Je contemple le mot un long moment avant de le glisser dans ma poche.

Je ne m'attendais pas à toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant