11. Lose yourself.

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"La vraie vie est amour et haine, meurtre et trahison, passion et angoisse."

Oscar Wilde.


Ezra


Le goût du cuivre envahit ma bouche, mes muscles brûlent sous la douleur et j'imagine déjà un cocard apparaître à mon œil droit. Mon jogging est trempé car je suis agenouillé dans les douches communes, et mon torse nu souffre des coupures qu'on m'a faite au couteau.

J'entends toujours les jets d'eau qui couvrent mes grognements de souffrance. Je ne sens plus mes côtes et mes bras sont retenus par deux gorilles qui obéissent comme des petits chiens à Tray.

Ce dernier me fait face, un sourire cruel sur sa gueule d'enfoiré, il croise les bras en me dévisageant comme si je n'étais qu'une merde sur son chemin. Son uniforme de détenu orange est sali par mon sang et la lame du couteau qu'il tient brille avec la lumière de la pièce.

On me tire les cheveux, m'obligeant à lever la tête en l'air. La seconde d'après de l'eau me coupe la respiration alors que j'entend faiblement la porte s'ouvrir et des pas approcher.

Je me débat comme je peux et tousse sous la pression de l'eau. J'ai l'impression de mourir, mes poumons n'ont plus d'oxygène et je tente de trouver une issue à ce pétrin.

Ce fils de pute de Tray m'a coincé alors que je terminais ma douche, ces deux gorilles m'ont attrapé les bras alors qu'il commençaient déjà à me frapper. Cet enfoiré ne peut pas me blairer, dès le premier jour, il a voulu m'entrainer dans ces manigances de merde avec la drogue qui circulent dans la prison.

J'ai refusé et je suis devenu sa proie.

Puis, les rumeurs comme quoi j'avais buté plus d'une vingtaine d'hommes et que j'étais l'héritier de The KillerBlood ont suffit pour faire rager les autres.

Je n'ai rien démenti et je suis devenu la proie de tous.

C'est vrai, qui ne rêverait pas d'éliminer le dernier successeur du plus grand gang de New-York ?

Même moi, j'aurais tenté.

Une fois le massacre terminé, je secoue la tête et crache l'eau qui s'est infiltrée dans mes poumons. Je vois que plusieurs détenus se sont ramenés à la fête pour voir celui qui arrivera à me tuer pour de bon. C'est toujours la même routine, depuis cinq ans.

Chaque tournant de couloir, chaque minutes passées sous la douche. Une bousculade au réfectoire et des insultes qui rugissent la nuit.

La peur devrait être la principale raison de me la fermer et de subir, quitte à me suspendre au bout d'une corde. Mais chez nous, les Marshall, aucune faiblesse n'est acceptée, notre fierté et notre loyauté fait notre famille. Et jamais je ne dériverais des valeurs que m'ont enseignées mes parents.

Je sens ma lèvre craquer quand je souris en parcourant la pièce du regard pour revenir à Tray.

— Je vois que tu as ramenais tout le monde pour ta petite réunion, lançais-je avec un sourire de connard. Dommage, j'ai pas fait chauffer le thé et les petits gâteaux.

Je reçois un énième coup de sa part accompagné d'une poignée d'insultes alors que je grogne de douleur, ne voulant pas lui offrir la satisfaction de savoir que j'ai mal.

J'entends des encouragements pour m'achever tandis que d'autres veulent encore profiter du spectacle. Un dur dilemme.

Tray s'accroupie pour être à ma hauteur et relève ma tête avec la lame de son canif.

Star.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant