15. Someone you loved.

63 5 17
                                    

"L'amour est composé d'une seule âme habitant deux corps."

Aristotle.


Azalea


Comme si les jours se succèdent sans pouvoir y mettre fin, je reproduis ce cercle infernal et terriblement épuisant, et ce, depuis plus d'une semaine.

J'alterne entre bureau, cachet, atelier, bureau, cachet... Je ne suis pas rentré chez moi depuis cinq jours et ça se voit. Mon teint est blafard, mes joues sont creuses et je n'arrive plus à cacher mes cernes.

Depuis le défilé où Jason m'a fait basculer dans une colère noire, il essaye de se racheter, pensant m'amadouer avec des cadeaux et des attentions. Un bouquet de fleurs, qui ferait vomir mon oncle, m'attend chaque jour devant ma porte au petit matin. Des gobelets remplis de café noir avec une étiquette comportant mon prénom, que je m'empresse de vider, haïssant la caféine. Hier, Jason m'a même offert un de ses ours en peluche qu'on trouve dans les fêtes foraines. Gros, tout doux et blanc avec un noeud rouge en guise de collier. Je l'ai découpé pour me servir du tissu, laissant les boules de coton au fond de la poubelle.

J'ai voulu parler à Frank de ce pari dont je ne suis pas au courant et qui mettrait notre Fashion week dans de sales draps. Mais celui-ci est en voyage d'affaires et n'a pas de date de retour.

Cassandra ouvre la porte sans frapper, faisant claquer ses talons jusqu'à moi pour déposer les profils de mes nouveaux mannequins.

— Il y en a qu'une dizaine seulement, les autres sont soient en vacances soient pas disponibles, m'informe-t-elle en mâchant son chewing-gum.

Ses cheveux blonds sont attachés en queue de cheval stricte et le peu de vêtement qu'elle porte laisse voir sa peau laiteuse. Son parfum m'agresse les narines mais je la remercie avec un sourire hypocrite.

— Ce n'est pas Ez... Nate que tu envoies d'habitude pour ce genre de tâches ? Questionné-je en essayant de paraître détachée en jetant un coup d'œil aux dossiers.

— Euh... Si mais il n'est pas venu aujourd'hui, ça fait d'ailleurs plusieurs jours qu'il ne remplit pas ces responsabilités. Il passe en coup de vent et repars directement, m'explique-t-elle en s'asseyant sur le bord de mon bureau.

Oui, ça je le sais merci. Il paraît si renfermé et distant. Pas que nous soyons très proches mais il semble absent, plonger dans ses pensées, et à mon avis, elles ne sont pas très joyeuses.

Soudain, je sens le corps de CAT se pencher vers moi, un sourire de garce collé aux lèvres, je sens qu'elle prépare quelque chose. Et contrairement à Jason ça sera pas un bouquet ou un ours, j'opterai plutôt pour une pique blessante bien placée ou un coup monté pour me ridiculiser devant tout le monde.

— Dis-moi, tu sortirais pas avec, par hasard ?

J'avale ma salive de travers avant lui adresser mon plus beau regard noir. J'allais répliquer quand elle ouvre la bouche pour continuer.

— Aller, tu peux me le dire Aza'. Mais sincèrement, je me demande ce qu'il te trouve, grimace-t-elle en reculant pour m'observer. Et s'il connaît ton penchant pour la drogue.

Elle ricane légèrement avant de se relever et de quitter les lieux rapidement, comme si elle fuyait une personne où que son plan pour me déstabiliser arrivait à grand pas.

Je secoue la tête quand la porte de mon bureau s'écrase avec fracas contre le mur. Instinctivement, je me lève pour rencontrer son regard bleu électrique. Plus il approche, plus il s'assombrit. Ne laissant plus qu'un bleu nuit au fond de ses iris. Ses cheveux blonds sont cachés par sa capuche et sa cicatrice qui lui barre le visage le rend encore plus terrifiant. En quelques secondes, il est devant moi, mon bureau nous séparant, la rage brûlant dans son corps.

Star.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant