2. Not afraid.

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"Aucun homme n'est assez riche pour racheter son passé."

Oscar Wilde.


Ezra.


Les cailloux crissent sous mes chaussures, le soleil tape sur ma tête et les hurlements des détenus sonnent comme une douce mélodie à mes oreilles. Josh, le gardien le plus cool de cette prison, fait un signe de tête pour que la grille qui m'a enfermée pendant sept ans s'ouvre enfin. Le vent fait bouger mes cheveux blonds et les pans de ma veste en cuir au logo de mon gang. À quelques mètres, je peux voir mes proches assis sur le capot de ma voiture noire.

Josh me tend mes affaires rangées dans un sac.

— Au plaisir de ne plus jamais te revoir, me lance-t-il en remettant bien la casquette de son uniforme.

— T'inquiète pas, ils m'attraperont plus, ricané-je en le saluant.

Un pas dehors et j'entends déjà le portail se refermer derrière moi, y laissant également mes sept années de prison. Je marche jusqu'à ma famille, mon sac sur les épaules.

La première chose que je vois chez ma sœur est son visage cerné et ses muscles qui se sont développés avec le temps. Ses cheveux blonds sont attachés en une queue de cheval sans aucun frisson, ses yeux bleus me scannent comme je le fais, essayant de trouver les failles qu'avait créées la séparation. Je dépose mon sac à mes pieds et ouvre mes bras qu'elle s'empresse de rejoindre, me percutant de plein fouet.

Je suis rentré à la maison.

Je plonge ma tête dans sa chevelure qui sent toujours le bonbon, mes mains caressent ses muscles que je sens à travers le t-shirt. Au loin, j'aperçois mon meilleur ami, Clyde, qui m'offre un signe de tête, ses bras métissés croisés sur son torse. Je le remercie silencieusement d'avoir accompagné ma sœur pendant mon absence, malgré leur haine réciproque.

Je sais que j'aurais le droit à l'interrogatoire complet de mon séjour entre ces quatre murs, mais aussi d'un rapport détaillé sur les événements du gang depuis mon arrestation. Mais plus tard, il me laisse profiter de ma sœur.

— Tu m'as tellement manqué, mon prince, m'avoue-t-elle d'une voix cassée par l'émotion.

Mon cou est trempé de ses pleurs silencieux et je raffermis ma prise face à sa douleur dont je suis le responsable.

— C'est fini, je suis là, ma princesse, chuchoté-je en lui caressant la tête.

Daya Marshall est la femme la plus forte sur Terre. À 22 ans, elle a repris le gang familial, The BloodKiller. Alors que les femmes ne sont bonnes qu'à être présentes sans aucun pouvoir, ma sœur a dû faire preuve de courage pour avoir le respect des membres et être traitée comme un chef et non comme une femme au foyer.

Elle se sépare de moi et sèche ses larmes avec rapidité, comme si elle avait honte d'émettre une émotion. Je prends son visage en coupe et colle mon front au sien, essayant tant bien que mal de reconnecter nos âmes.

Elle était mon monde et j'étais le sien, nous étions le duo inséparable, celui qui ne se battait pas pour le pouvoir ou la succession. Mon cœur s'était déchiré quand j'ai vu dans ses yeux, identiques aux miens, la peur de ne plus jamais me revoir se refléter dedans.

Bien sûr, au début, j'avais accepté les visites au parloir. Mais j'avais vite compris que je n'étais pas très aimé derrière les barreaux. Alors, quand mon état s'est empiré, j'avais refusé de le voir et malgré sa peine, je savais qu'elle comprenait mon geste.

Star.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant