Vêtue seulement d'un peignoir en velours blanc cassé, je dévalai les escaliers, les pieds endoloris par le bois écharpé. Puis, je traversai tout le réfectoire du bar jusqu'à l'accueil. J'étais si contrariée que je me précipitai vers la porte de sortie sans me rendre compte que j'étais épiée. Le personnel du service en salle, de la réception et de la conciergerie s'était retourné. Tout le monde m'avait vue, et une personne en particulier avait glissé son regard sur moi sans me quitter des yeux, interloquée par ma dégaine.
Issan s'était en effet installé près du bistrot et lorgnait la pièce au cas où quelque chose arriverait. Surtout s'il s'agissait quelque chose qui me concernerait. Il sirotait le fond de son verre dans un coin presque inaccessible et il était si bien caché, que je n'aurais pu deviner sa présence à cette heure si avancée. J'ignorais à cet effet qu'il me verrait traverser la pièce dans une tenue aussi inappropriée. Je devais paraître drôle dans cet accoutrement pour attirer autant les visages dégourdis.
J'étais devenue en une fraction de seconde le centre de toutes les conversations. J'avais attiré l'attention trop vite et cela me déconcertait au plus haut point... Je sortis alors rapidement de l'hôtel, parcouru sur le trottoir humide et traversai la route à grandes enjambées sans me soucier de savoir si j'avais pris le passage piéton. J'espérais pouvoir me dérober et atteindre la mer sans que personne ne s'en aperçoive, mais je n'étais pas sûre que je réussirais.
Au loin, Issan me suivait à sans relâche et haletait. Il s'accrochait à moi de peur que je ne disparaisse et je l'entendais s'égosiller lorsqu'il hurlait mon nom. De manière indéfectible, sa voix éreintée s'éteignait sur la dernière syllabe et je tremblais en le voyant vriller face à moi. Je me retenais pour ne pas me retourner, mais il se cramponnait toujours plus.
— Lolaaaaa ! Arrête, je te prie ! me cria-t-il à nouveau avec son timbre granuleux.
Je ne le supportais plus et je ne désirais qu'une chose désormais. Le semer le plus rapidement possible avant qu'il ne m'atteigne davantage. Complètement ivre de liberté, je réussis à le fuir au tournant d'une ruelle, mais il m'agrippa précipitamment le poignet et me plaqua contre le muret de l'immeuble. Je m'affolai devant lui, contrariée par sa force et me déhanchai pour me retirer de ses bras, mais rien ne pouvait l'arrêter.
— Lola s'il te plaît, écoute-moi ! Il faut que tu m'écoutes.
— Hors de question ! criais-je.
Paniquée de devoir revenir vers Maxence, une bouffée d'angoisse me dévora les veines puis l'estomac et alors qu'Issan tentait de me raisonner, je hoquetais. Entre quelques pauses, je tentais de reprendre ma respiration, mais plus je le faisais, plus j'avais l'impression de m'étouffer.
— Lola ! Écoute-moi ! S'il te plaît...
— Non ! vociférais-je, les yeux légèrement mouillés.
— Arrête !
— Sûrement pas !
Désemparé, Issan s'empara de moi et me coinça contre son torse.
— Je ne te laisserai pas partir... Pas dans cet état...
Je m'effondrai en larmes sur sa chemise, déboutonnée par la violence de mes gestes, et m'abandonnai dans ces bras.
— Tu sais, Maxence me parle beaucoup de toi quand je suis avec lui.
— Quelle importance...
— Crois-moi. Il n'a qu'un seul mot à la bouche.
Je pouffai amèrement. Maxence s'en sortait toujours d'une manière ou d'une autre.
— Et je ne sais pas si je devrais te le dire mais...
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Un Chanteur à New York
RomanceLola, 29 ans, doit suivre son fiancé dans une autre contrée contre son gré. Étoile montante en Europe, ce dernier ne désire qu'une seule chose : conquérir l'Amérique et par conséquent sauver sa petite sœur d'une grave maladie. C'est ainsi que notre...