𝒂 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕- ᵇᵒᵒᵏ

N•24

Enzo

Vendredi 11 août 2023

The Love Song Bar 21h02

Les mots n'étaient parfois pas assez fort pour exprimer ce que l'on ressentait.

Mais les mots étaient souvent plus forts qu'on ne le pensait. Trop fort.

Mais on ne s'en rendait pas compte tout de suite, alors on continuait, on parlait, on parlait encore, puis on regrettait. On regrettait toutes ces syllabes, dites sans aucune raison. On regrettait l'excès de parole.

J'allais m'excuser.

Parce que dire un mot, dire un simple "pardon", c'était facile.

Ma mère ne s'était jamais excusée. Jamais.

Retour au présent

Je reprends ma bécane, puis je me dirige vers la maison, priant encore. Priant que pour que ce soit la bonne. Priant pour que ce cauchemar se termine. Si elle est ici, je m'allongerai à ses côtés avant de poser mon arme contre ma propre tempe et de tirer. Je suis prêt à être avec elle, pour toujours. Je prends mon arme, en rentrant à l'intérieure de la propriété.

Je fais le tour des pièces, vérifiant qu'il n'y a personne. Une fois le tour achevé, je cherche une porte pour descendre dans une cave.

Je l'a trouve finalement à l'arrière de la cuisine. Je ne prends pas le temps de réfléchir avant d'y rentrer, mon pistolet en main, prêt à tirer. Je ne trouve pas l'interrupteur, alors je prends mon téléphone pour allumer le flash. Malgré le manque de lumière, je n'ai aucun mal à reconnaître l'endroit.

J'avance lentement, scannant le sol, mon coeur battant la chamade. Chaque marche que je franchis est couverte de sang. Je préfère me persuader qu'il s'agit de celui de tous les gens qui sont morts ici.

Je touche enfin le sol de la cave. J'avance tremblant.

Je m'enfonce un peu plus pour apercevoir au loin, la chaise renversée mais surtout, quelqu'un qui est encore lié. Je reconnais ses chaussures. Ava. 

Malgré tout, je prends mon temps pour marcher jusqu'à elle, incertain de vouloir voir son visage déformé par l'impact de la balle. Seulement, je ressent le besoin de savoir, de prendre conscience de sa mort, alors je continue.

Elle est sur le côté, contrairement à la fin de la vidéo où elle tombée sur le dos.

Je fais le tour de son corps pour lui faire face. Il  y a du sang, mais pas autant que je le pensais. Je me suis toujours imaginé qu'une plaie par arme à feu dans la tête serait un bain d'hémorragie. Je fais glisser lentement mon flash de ses pieds à son visage. Ses cheveux retombent et la collent. De mes doigts tremblants, je m'approche, doucement, hésitant, mais je prends une mèche, puis une autre jusqu'à retrouver le visage d'Ava, mon Ava.

Néanmoins, je ne vois aucune trace de balle. Je passe délicatement mon pouce sur son front. Je n'abandonne pas mon inspection, un espoir idiot crépite dans ma poitrine. Elle est recouverte de sang, de plaie, d'hématome, de bleue, mais elle n'a aucune trace de coup de feu.

Moi : Mon ange ? *en murmurant*

Je repasse la lumière de mon portable sur son corps, m'imaginant que l'arme a dévié jusqu'à atteindre une autre partie de son corps. Mais, il n' y a rien.

Je positionne alors mon index et mon majeur contre sa jugulaire, espérant pouvoir avoir un pouls. Je sursaute en sentant sa peau chaude, mais aussi son coeur battre. Elle est encore en vie, à peine mais encore.

Moi : Ava ! *en hurlant*

Elle ne réponds pas, bien trop atteinte, bien trop à bout de souffle.

Je suis déjà derrière son dos pour détacher ses mains, puis ces pieds.

Moi : Tout va bien. Tu vas t'en sortir.

Je la prends dans mes bras, en remontant pour rejoindre au plus vite ma bécane. Je la pose délicatement sur le siège, avant de m'insérer derrière elle et de la serrer contre mon corps. Je me retiens pour ne pas rester à la regarder, à ne pas me perdre dans cet apaisement qu'elle me procure.

Je pars au quart de tour, tremblotant. Je dois l'emmener au plus vite dans un hôpital.

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