𝒂 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕- ᵇᵒᵒᵏ

N•26

Ava

Dimanche 31 décembre 2023

Villa des Davis 19h23

Le bal des Davis est l'un des évènements les plus attendus de l'année. Bien que je sois maintenant habituée aux réceptions de ma mère, je n'en demeure pas moins anxieuse à l'idée de me retrouver dans l'oeil du cyclone, scrutée et épiée par tout Los Angeles. Je parie que j'aurai droit à deux ou trois remarques indiscrètes, parfois même déplacées venant de curieux -il y en a toujours.

Comment est-ce de vivre au sein d'une famille aussi riche ? Est-ce que Joshua vous considère comme sa demi-soeur ? Pourquoi la mafia de La Mara Salvatrucha vous as t-elle kidnappée ? Est-ce qu'ils vous ont fait du mal ?

Ils ne sont pas tous comme ça, heureusement, néanmoins, nombreux sont ceux qui oublient une chose essentielle : avant tout, je suis une fille qui a perdu son père.

Alors oui, je suis heureuse d'avoir trouvé Iris, Joshua et Enzo, mais si j'avais pu choisir, j'aurais préféré que mon père soit en vie et auprès de moi.

Installée devant ma coiffeuse, je reçois un message d'Iris.

𝙸𝚛𝚒𝚜 : 𝙹𝚎 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎 𝚝𝚎 𝚙𝚛𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎 𝚖𝚒𝚗𝚞𝚝𝚎𝚜, 𝚓'𝚊𝚒 𝚑𝚊̂𝚝𝚎 𝚍𝚎 𝚝𝚎 𝚟𝚘𝚒𝚛 !!

Un sourire naît sur mon visage à la lecture de ce message. Je tape sur les touches du clavier rapidement, avant de le poser, commençant à me préparer.

Je m'applique à couvrir les poches sous mes yeux -un petit cadeau des nombreuses soirées que Iris et moi passons en boîte de nuit. Nous sommes passées de deux sorties par semaine à quatre. Mon maquillage terminé, je laisse la longueur de mes cheveux cascader dans mon dos.

Quand je suis prête, j'enfile ma tenue. Ce soir, je porte la longue robe bleu marine en satin, simple, élégante. La petite touche de subtilité vient de la fente qui démarre au dessus du genoux sur le devant. Pour les bijoux, j'opte pour un ras-de-cou avec un pendentif en diamant qui m'a été offert par Enzo pour mes dix-neuf ans.

Une fois apprêtée, j'enfile une paire d'escarpins pointus qui, je le sens, me feront atrocement mal aux orteils, attrape ma pochette et fais un tour sur moi-même en balayant ma chambre du regard afin de vérifier que je n'ai rien oublié.

Moi : Je crois que c'est bon.

Au même moment, mon téléphone vibre dans ma main. Je suppose qu'Iris est là. Un petit coup d'oeil sur l'écran d'accueil me confirme qu'en effet, c'est bien elle et qu'elle m'attend devant le portail.

Mes pas résonnent sur le marbre du salon en écho aux martèlement de mon coeur : l'impatience, le stress, la peur aussi.

Et si je ne suis pas à la hauteur ?

Ce soir, tout le monde attendra de moi que je me montre digne de ma famille, que je sois aussi chic et distinguée que Joshua, que mes manières soient irréprochables.

Que je sourie, mais pas trop.

Que je m'amuse, mais pas trop.

Que je mange, mais pas trop.

Que je danse, mais pas trop.

Que je sois moi, mais pas trop.

Ces contraintes ne viennent pas des Davis  eux-mêmes -même si ma mère veut que je sois parfaite- mais du monde dans lequel ils évoluent, dans lequel nous évoluons tous finalement. Alors, je m'arme de courage et pousse la porte de ma maison.