𝒂 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕- ᵇᵒᵒᵏ

N•16

Ava

Samedi 15 juillet 2023

Villa des Davis 8h26

Je me mordis la langue pour m'empêcher de pleurer car je savais à quel point ça le mettait en colère. Il brisait quelque chose en moi, quelque chose qui, au lieu de grandir, resterait petit pour toujours. Fragile et abimé.

Retour au présent

J'ouvre les yeux dans un sanglot étouffé. La chambre tourbillonne et mon estomac se tord. Je me lève, inspire profondément, comme si j'ai failli me noyer. J'essaye de garder mon calme mais une sueur glacée coule le long de mon dos. Des frissons parcourent mon corps et mon coeur menace d'exploser dans ma poitrine.

Je me mets en boule en serrant les draps, comme quand j'étais là-bas. Je suis en sécurité. Dans une autre pièce, dans un autre coin, dans une autre vie... Mais la sensation persiste. À cause d'elle, je me replie sur moi-même et je retourne là-bas, dans cette obscurité. Je redeviens sa chose. Sa princesse.

Peut-être le suis-je encore. Peut-être que je n'ai jamais cessé de l'être. Quelque chose en moi s'est cassé et est resté petit, terrorisé et naïf. Je le sais. Parce que, même si il m'a fait du mal, je cherche encore la lumière en lui, sans jamais l'a trouver. Je suis une princesse enchaînée. Et peut-être que je vais le rester pour toujours.

Joshua : Tu vas bien, Ava ?

Ses épais cheveux blonds décoiffés, Joshua m'observe. Je suis restée éveillée toute la nuit, cherchant à ne pas plonger dans mes cauchemars, et mon visage en porte les marques. L'obscurité ne m'apaise pas. Elle me terrifie. J'ai quelques fois essayé de laissé ma lampe allumé, mais Joshua s'en rend compte. Croyant que c'est un oubli de ma part, il entre dans ma chambre et l'éteint. Je n'ai pas le courage de lui avouer que je préfère dormir avec.

Moi : Oui. Pourquoi ?

Joshua : Je ne sais pas... Tu es moins pâle habituellement.

Il me scrute avec attention.

Joshua : Tu as l'air plus fatiguée. Tu n'as pas beaucoup dormi ?

L'angoisse me pétrifie et une agitation s'éveille rapidement en moi. Mes mains deviennent moites, mon coeur est sur le point de se briser en mille morceaux et mon seul désir est que personne ne puisse me voir.

Moi : Tout va bien... je... je suis stressée par la course de ce soir... c'est pour ça... *petite voix que j'espère convaincante*

Mais Joshua semble me croire.

Joshua : Si tu veux, je peux te donner quelques conseils. J'ai l'habitude de faire ce genre d'évènement. Je suis un vrai pro ! *en rigolant*

Moi : Euh... d'accord... je veux bien !

Parking Los Angeles 22h28

Je me gare près de Joshua qui m'a gardé une place à côté de lui. Le parking est bondé de voitures et rapidement, la musique de celles-ci me parvienne. J'aime ce genre d'ambiance. J'ai l'impression d'être dans un autre monde. Un monde où plus rien n'existe à part moi.

Les sensations qui m'emportent et l'euphorie dans laquelle je me trouve, me font presque peur. J'ai l'impression d'être une petite fille à Disneyland Paris.

Iris : Salut !

Je descends de ma bécane, un grand sourire aux lèvres. Iris est mon coucher de soleil, et je suis le sien.

Iris : Alors, tu n'es pas trop stressée ?

Moi : Pas tant que ça.

Iris : Super ! Tu vas faire des ravages ! *en riant*

Je suis sur le point de lui répondre, quand Enzo apparaît.

Enzo : Tu cours contre Anton ce soir, Ava.

Moi : D'accord...

Le premier duel est terminé.

"Nous demandons aux deux prochains concurrents de bien vouloir se positionner sur la ligne de départ."

Joshua me donne une tape dans le dos pour m'encourage, puis je me positionne sur la bécane. J'attache négligemment mes cheveux avant d'agripper le guidon.

La foule est en délire de tous les coins. Les filles se dandinent au rythme de la musique qui résonne violemment et les garçons s'affolent au moindre vrombissement des moteurs. Je sens doucement l'adrénaline parcourir toutes les parcelles de mon corps. Un sourire débile au visage, je cherche du regards ma famille. Quelques secondes passent, puis j'aperçois deux iris noires. Enzo. Mon coeur s'emballe et un frisson traverse mon corps. Il est là. Il va me regarder. Il va me regarder.

Le décompte. Je chauffe mon moteur. Le drapeau se baisse.

Je passe alors la première vitesse et la seconde en moins de trois secondes, faisant crisser les pneus au départ. Le sourire aux lèvres, je passe la troisième et fait monter le compte-tour, mettant une certaine distance entre Anton et moi. La première ligne droite est assez longue, ce qui me permet d'enclencher la quatrième vitesse, puis la cinquième. 199 KM sont affichés au compteur, lorsque j'approche le premier virage à droite. Je rétrograde et passe sans soucis. Anton va sûrement profiter du prochain virage pour essayer de me doubler.

Moi : C'est mort mon gars.

La vitesse m'emporte de lignes droites en virages, de virages en lignes droites. Toujours, derrière moi, Anton tient bon et ne lâche rien. J'ai réussi à le bloquer à chaque courbes pour qu'il ne puisse pas me dépasser. Mais alors que le toute dernière ligne se profile devant nous, je suis certaine qu'il va pousser son moteur à plein régime pour me doubler.

Ce n'est même pas drôle ! Il est tellement prévisible !

Son allure grimpe rapidement, lui permettant de me rattraper aisément. Je pousse également le mien à plein régime, puis je me mets à sourire, en voyant qu'il essaye tant bien que mal de tenir le rythme.

La ligne est proche et la moto d'à côté est maintenant au même niveau que moi. Il ne reste que quelques mètres, qui me séparent de la victoire. Purée, c'est chaud ! Je franchi la ligne peinte à la bombe rouge sur le goudron, suivi de très près par mon concurrent.

Je me gare loin de l'arrivée, Anton vient se garer à mes côtés. Je descends tranquillement. La foule accourt dans ma direction, tandis qu'Anton se poste face à moi. Il allume une cigarette avant de planter son regard dans mes yeux.

Anton : Bien joué, tu conduis bien pour ton âge. Tu t'appelles ?

Moi : Ava.

Anton : Heureux de t'avoir enfin rencontrée, Ava. *sourire*

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