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Les jours qui suivirent furent pires que les précédents. Les cauchemars de Slavko redoublèrent d'intensité tandis que sa prise de Sérénité Céleste ne fit qu'augmenter. Au sein de la Frontière de Néo-City, une atmosphère de révolte se propageait comme un virus, alimentée par les manœuvres habiles de la Résistance. 

A l'abri derrière les manifestations et les confrontations, la Résistance opérait dans l'ombre. Elle s'efforçait de semer les graines de la rébellion dans les esprits déjà tourmentés des habitants de la Frontière. A travers un réseau clandestin de forums cryptés, les résistants diffusaient des messages trafiqués. Ainsi, ils incitaient les citoyens à remettre en question l'autorité des Saigneurs et à envisager un avenir où le pouvoir appartiendrait véritablement au peuple. Tout ceci n'était que de la poudre aux yeux, rien de plus qu'une illusion sordide. Mais les habitants y croyait. Ce qui eût pour effet de mettre le feu aux poudres. 

Slavko tomba nez à nez avec un message de propagande, malgré lui. Une silhouette holographique venait d'apparaître devant lui, au détour d'une ruelle. Il observa la figure holographique avec dégoût. Elle était habillée d'une combinaison noire qui semblait fusionner avec son corps. Ses yeux se posèrent sur le visage de la silhouette. Il était dissimulé derrière un masque orné du symbole de la Résistance. L'emblème prenait la forme d'une spirale, des arcs de cercles en mouvement perpétuel. Ces courbes représentaient l'évolution et la persévérance du mouvement rebelle, disaient-ils. Slavko rit en son for intérieur. Et dire qu'ils s'apprêtaient à faire exploser des bombes au cœur de la Frontière. Tout ça pour accuser les Saigneurs. Quelle vaste blague. Des lumières captèrent son attention. Ces lueurs s'échappaient des contours de la spirale, telles des flammes d'espoir. Au centre de ce jeu de lumières, se trouvait une silhouette humaine dont l'aura semblait palpiter. Leur messie. 

En y regardant de plus près, Slavko remarqua que les lignes circulaires glissaient sur la silhouette, comme le feraient des assauts non victorieux. Seul le dos de la personne était visible et encore, les lumières étaient trop rapides pour déterminer précisément la carrure du messie en question. Ce dernier restait immobile, imperturbable, déterminé. 

Irrité, Slavko se protégea les yeux à l'arrivée des couleurs de la Résistance. Il les avait toujours trouvé trop vives, trop chatoyantes. Elles possédaient des teintes de turquoise, de violet et de rose. Non, vraiment, ces couleurs étaient trop douces pour les atrocités que la Résistance commettait. Ce n'était pas la première fois qu'il croisait le symbole de la Résistance, le Blackneon en étant saturé. Mais c'était la première fois qu'il prenait la peine de l'examiner. 

Après l'emblème, ce fut la silhouette masquée qui retint son attention. Équipées de technologies avancées, les lumières du masque pulsaient dans un ensemble hypnotique. Des câbles et des connecteurs cybernétiques serpentaient le long du cou de la silhouette. Ils se fondaient harmonieusement avec la peau de l'orateur. Ce dernier dégageait un puissant magnétisme, le tout avec une pointe de menace et d'intensité. Une chose était sûre, la Résistance n'avait pas lésiné sur le budget de leur propagande. D'ailleurs, où trouvait-elle tout cet argent ? 

Slavko, qui s'apprêtait à détruire l'hologramme à grands coups de pieds, suspendit son geste lorsque le messager se mit à parler. Cette voix... Il l'avait déjà entendu quelque part. Le colosse passa sous silence le discours engagé de la silhouette pour se concentrer sur les tonalités de sa voix.

- ...réjouissez-vous mes amis, car ce temps est révolu.

Alors que les mots résonnaient dans l'air, le cœur de Slavko se serra dans sa poitrine. Cette voix. Cette voix qui retentissait à travers l'hologramme. Cette voix qu'il avait entendue maintes et maintes fois au sein du CEDT, délivrée par les assistants personnels de quelques chanceux. Cette voix qui résonnait au rythme de la musique du Blackneon. Cette voix lancée en boucle sur les hauts-parleurs du marché noir. Mais pire encore, cette voix qui s'était insinuée dans l'atelier de couture de Becca. Autrement dit : la voix du leader de la Résistance. Pris d'un excès de rage, Slavko écrasa sa botte contre l'hologramme de la ruelle. Il continua son geste jusqu'à ce qu'il ne restât plus qu'un tas de fils désarticulés à ses pieds.