Slavko regrettait déjà sa venue au marché noir. Il ne s'était même pas encore enfoncé sous terre, que les choses prenaient déjà une tournure contraignante. Bloqué à l'entrée du marché, sa mission était pour l'instant au point mort. Il tourna la tête vers le chemin principal qui s'enfonçait dans le sol. La pente était raide, mais certains disaient qu'elle ne l'était pas autant que les escaliers de la ville. La cavité d'entrée était large, comme le chemin principal, ce qui permettait une circulation fluide. Certains murs étaient équipés de passerelles ou de revêtements en tout genre, d'autres gardaient l'aspect de la roche. Le sol, quant à lui, conservait sa poussière sableuse.
Au fil du temps, les foules avaient creusé des chemins bien nets mais avait aussi causé l'affaissement de la terre par endroits. Tout portait à croire que ce lieu avait résisté aux intempéries, comme aux frontaliers, ce qui rassura Slavko l'espace d'un instant.
Ses craintes légèrement apaisées, Slavko releva le nez vers la carte affichée à l'entrée. Un immense pilier, devant lequel il était planté, séparait une partie de la grotte en deux. Le haut de la colonne était recouvert de panneaux cybernétiques violets, sûrement pour permettre la transmission des données. Quelques liaisons brillaient d'une lumière bleutée, serpentant jusqu'au plafond de la grotte.
Concernant le bas, l'immense pylône naturel gardait sa texture d'origine : de la pierre qui laissait apparaître des gravures mi-utiles mi-abstraites. L'emplacement d'origine de ce pylône avait fait de lui le panneau d'affichage idéal. Néanmoins, l'ensemble restait vétuste, délabré et peu de personnes se souciaient de lui. Ce qui était compréhensible, puisque la plupart des natifs connaissaient déjà le marché comme leur poche. Plusieurs autres écrans étaient accrochés à ce pilier, mais la majorité n'était plus en état de marche. La carte -elle aussi détériorée- survivait aux caprices du temps malgré sa vitre brisée.
Slavko soupira lorsqu'un bruit de ferraille le tira de ses pensées. Son nouveau compagnon de route ajusta pour la troisième fois son sac en bandoulière, ce qui eût pour effet d'entrechoquer les gadgets à l'intérieur. Lorsqu'il remarqua le regard désapprobateur de Slavko, il suspendit son geste et leva les mains, l'air de dire : ce n'est pas moi, je n'ai rien fait. Slavko leva les yeux au ciel, impatient d'en finir au plus vite avec ses emplettes d'un genre nouveau. Le frontalier sembla remarquer cet agacement, puisqu'il commença enfin son explication.
- Le chemin qui descend là-bas, dit-il tout en montrant la pente du doigt, il mène tout droit vers le district N100. Tout l'monde passe par là. C'est obligatoire si vous voulez accéder aux autres zones marchandes.
Ce qui était plutôt malin venant de la part de la Résistance. Les frontaliers étaient affamés, sous-alimentés et, le fait de traverser ce district rempli de nourriture, devait sûrement les pousser à la consommation. Le guide, secoué d'un nouveau soubresaut, fit coulisser son doigt en direction de l'écran cartographié.
- V'voyez ? C'est la seule entrée possible.
Les yeux plissés afin d'y voir plus clair, Slavko observa avec attention la carte, puis la légende gravée dans la partie basse du pylône.
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𝕃'𝔼ℂ𝕃𝔸𝕋 𝔻𝔼𝕊 𝕆𝕄𝔹ℝ𝔼𝕊
Science-Fiction𝕋 𝔼 ℝ ℝ 𝔼 𒈝 𝟛 𝟘 𝟙 𝟚 En l'an 3012, la Terre n'est plus que l'ombre d'elle-même, épuisée par des siècles de surexploitation et de négligence environnementale. La famine, les radiations et le chaos ont rongé la surface du globe. Pourtant, ce fu...