Lee Heeseung
Je suis à nouveau dans un train. Sans Nara cette fois-ci. En fait, si. Elle y est aussi, je peux l'entendre crier.
Ici je suis seul ou presque. J'ai des soldats de part et d'autre de moi qui me regardent comme si j'avais commis les pires atrocités possibles et imaginables.
Mais de ce que je sais, je n'ai rien fait à personne. Je n'ai tué personne.
Je regarde à travers la fenêtre refusant de parler à qui que ce soit.
"Ne me parle pas sur ce ton !" Une voix que je devine être celle de sa mère parvient à mes oreilles.
"Comme si tu étais présente ! Tu ne me connais même pas !" Sa voix tremble. Mais elle crie. Elle crie tellement fort que même les soldats à côté de moi ont de plus en plus de mal à faire comme si rien n'existait et que personne n'étendait la conversation.
Les cris s'intensifient et finalement s'arrêtent d'un coup. Je regarde à droite et à hoche pour essayer de voir si quelqu'un comprend la situation. Mais mis à part ses regards soulagés je ne vois rien d'autre.
Est-ce que les autres vont bien ?
Est-ce que mes parents sont en vie ?
Je déglutis et ferme les yeux, essayant de me reposer un minimum.
—
Un bandeau est placé sur mon visage, m'empêchant de regarder autour. Je me réveille en sursaut.
Qu'est-ce qui est en train d'arriver ?
Deux bras me prennent de part et d'autre de mes épaules et me forcent à me lever. J'essaie de suivre leur rythme tout en essayant de ne pas tomber.
Mon ventre gargouille, ma tête tourne. On descend du wagon. Je le sens, mes pieds touchent enfin la terre ferme.
Je marche longtemps, très longtemps. Je ne sais pas combien de temps exactement. Une heure ? Peut-être deux. Mais j'entends à nouveau du bruit. Des personnes qui parlent, des enfants crier.
Je sens le vent me frapper en plein visage, les gouttes de pluie couler le long de mes joues, et si j'en avais encore la force, peut-être, juste peut-être que ces gouttes seraient mes larmes.
Et puis une voix forte, féminine, presque robotique retentit à travers toute l'endroit, sa voix faisant un écho pas possible.
La purge de Séoul a commencé depuis maintenant trois heures.
Plus de milles infectés ont déjà été neutralisés.
Si vous avez des suspicions, des doutes sur une personne qui pourrait être potentiellement infectée ou si vous avez vu quelqu'un, un voisin, un proche, n'importe qui montrant des symptômes d'infection, n'hésitez surtout pas à contacter les autorités.
Saignement de nez, frénésie, agressivité, fringale, vertiges voilà les symptômes connus à l'heure actuelle.
Reportez tout ce que vous savez aux autorités compétentes.
Une abstention d'information conduira à un emprisonnement ou à des travaux d'intérêts généraux pour une durée indéterminée.
Vous aidez la société à se relever. Vous aidez le monde.
La purge à Séoul ? Il sont en train de massacrer le reste des habitants ?
Mon sang se glace. J'espère que mes parents ont réussi à s'en sortir. Pitié qu'ils soient en vie, en sécurité loin d'ici.
L'air froid de l'extérieur me quitte lorsqu'une vague d'air chaud me frappe. Nous sommes entrés quelque part. Je ne sais pas où, je ne sais même pas dans quelle vie je me trouve- si c'est une ville pour commencer.
On me fait descendre des marches, j'entends des personnes parler, mais tout se mélange dans une sorte de brouhaha, qui me désoriente encore plus. Je trébuche, manquant de tomber plusieurs fois, et les soupirs agacés des soldats me parviennent aux oreilles. Mais je ne dis rien, ça ne sert à rien.
Je ne sais pas ce qu'ils me veulent et d'où est-ce que les accusations viennent. Protester ne servirait à rien, ils ont déjà choisi de ne pas me croire. Qu'est-ce que je peux faire pour prouver mon innocence ? Leur dire qu'en fait c'est elle le danger entre nous deux ? Que Nara est une fille qui mange les autres humains ? Qu'elle a tué deux personnes ?
Le bruits de plusieurs portes s'ouvrir me tirent de mes pensées. On me retire ce que j'ai devant les yeux, puis un des soldat me pousse à l'intérieur avant de fermer la porte derrière moi, il la verrouille.
La salle est à peine éclairée par une ampoule qui clignote. Il y a une table, une chaise, un sceau et du papier toilettes. Charmant.
Il n'y a pas de fenêtre, aucun moyen de savoir quelle heure il est, le temps qu'il fait, et le silence est pesant.
Les murs sont couverts de mousse, ou de moisissure, de l'eau coule le long de chacun d'entre eux, et des petites flaques qui n'ont pas l'air très propres se forment aux pied de ceux-ci. La pièce sent un mélange de renfermé, de crasse, de moisi et d'excréments.
L'odeur, la pièce, tout me donne la nausée. Je m'approche du sceau pour pouvoir vomir, mais le contenu me fait reculer de plusieurs pas en arrière. Mon dieu, il est déjà utilisé, c'est pas possible. Le fond comporte déjà une trace de passage de quelqu'un d'autre.
Je fais le tour de la pièce, cherchant n'importe quoi à faire. Je frappe contre la porte hurlant de toute mes forces de me laisser sortir, que je n'ai rien fait , que je suis innocent. Mais rien, aucune réponse. Comme si personne ne m'entendais.
Est-ce que je vais mourir ici ? Dans cette pièce pourrie ? Puant le moisi et le sale ?
Je n'aurais jamais dû l'aider.
Qu'est-ce que je suis bête.
Je n'aurais jamais dû quitter les autres.
J'aurais dû les écouter.
J'aurais dû la laisser avec ses problèmes.
Je n'aurais jamais dû laisser Nara prendre autant de place dans ma vie.

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Deadly embrace [L.HS]
FanfictionDans la ville de Séoul, Nara et Heeseung sont deux lycéens que tout oppose. Nara nourrit depuis toujours une aversion profonde envers Heeseung, le considérant comme un rival parfait et insupportable. Pourtant, Heeseung, secrètement amoureux de Nara...