Deadly embrace [L.HS]

Chapitre 6

Yoon Nara

Respire, ne regarde pas en bas, prend de grandes inspirations. Ça va aller, je me répète mentalement alors que je m'accroche aux rebords des fenêtres, suivant le trajet le long des murs du lycée maudit. 

J'ai l'impression d'avoir le vertige alors que je suis sûre que ce n'est pas le cas, mais je m'efforce de garder mon calme et ma concentration. Si je tombe, je suis fichue. Si je tombe dans une salle remplie de ces choses, je suis fichue. Je n'ai pas envie de mourir, je ne veux pas devenir une de ces choses, et merci mais non merci, je ne veux pas mourir avant ce stupide délégué. 

Je serre les dents, les fesses, tout ce qui est possible de se serrer et j'avance pas à pas, en prenant de grandes inspiration. Je suis une grande fille, je n'ai pas peur des zombies en bas qui peuvent me manger à tout moment.

Lee Heeseung est là, à côté de moi, en train de guider notre chemin le long des fenêtres du lycée. Je vais arrêter de faire l'aigrie un moment, mais je ne sais pas quoi penser de lui, là tout de suite. D'un côté, je suis reconnaissante de ne pas avoir à affronter ça seule. Mais d'un autre côté, son attitude me perturbe un peu. Il a l'air tellement détaché, comme si tout ça était juste un jeu pour lui. Ça m'agace de le voir agir comme si c'était facile, comme si on était dans un jeu vidéo, ou je ne sais pas où.

Il se jette la tête la première dans cette situation dans laquelle je n'ai jamais demandé à être, et en plus il m'embarque avec sans que je n'ai le choix. Ça me met dans une position que je n'ai pas choisie, et ça me m'énerve vraiment. 

Je me demande s'il le fait parce qu'il est le délégué ou juste parce qu'il se croit plus important que les autres. Mais bon, pour l'instant, je préfère me taire et suivre le mouvement. Je pourrais l'embrouiller plus tard.

On longe encore quelques minutes les fenêtres, et je fais de mon mieux pour ne pas regarder en bas. Détourner le regard, c'est la meilleure chose à faire. Si je ne les vois pas, ils n'existent pas. Regarder en bas, c'est signer mon arrêt de mort, et je ne suis pas encore prête à mourir. Enfin, au bout de quelques minutes, on arrive devant la fenêtre de la salle de musique, et Lee Heeseung me fait signe de m'arrêter. La fenêtre est ouverte, c'est le moment parfait pour y entrer et commencer le plan.

Mais au lieu de ça, Lee Heeseung se glisse de l'autre côté de la fenêtre de la salle de musique secoue la tête de manière négative. Je le regarde, perplexe. Qu'est-ce qui lui prend ? Je suis sur le point de demander ce qui ne va pas, mais le regard qu'il me jette me fait comprendre qu'il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qu'il ne veut pas me dire. Je fronce les sourcils, agacée par son manque d'explication.

On est dans le même groupe, alors bon, j'aimerais aussi qu'il me dise ce qu'il se passe. Je suis encore un peu loin de l'entrée de la fenêtre, mais j'aimerais bien savoir ce qu'il fout. Monsieur le délégué si, Monsieur le délégué ça, mais en attendant je ne veux pas mourir à cause de lui. Je m'approche un peu plus de la fenêtre pour essayer de voir ce qu'il se passe.

De nulle part, mais vraiment de nulle part, il lâche un cri strident. Il me tue les oreilles, et je suis presque sûre que j'ai dû perdre de l'ouïe à cause de lui, mais ce cri suffit à attirer les zombies dans la salle. 

Ils se précipitent vers la source du bruit, totalement aveuglés, et se jettent dans le vide, défenestrant sous mes yeux ébahis. Je suis plaquée contre le mur, mon souffle devenant saccadé alors qu'une véritable avalanche de zombies tombe à travers la fenêtre, chacun d'eux passant à quelques centimètres seulement de mon corps figé. C'est quoi ce bordel.

Mon regard croise celui de Lee Heeseung  qui me regarde avec inquiétude alors que je me décale d'un pas, essayant de mettre autant de distance que possible entre moi et la cascade de zombies suicidaires. Je crois que cette image, tous ces gens, zombies, qui tombent, je crois que je ne pourrais jamais l'oublier. Pitié papa, dis moi que tu vas bien.