Chapitre 28

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Yoon Nara

La nuit est tombée, on ne voit plus grand chose devant nous. Je suis entourée de forêt, d'arbres, rails, de broussailles, de fougères.

Et j'ai faim. Très faim.

Ma cuisse ne me fait plus mal, en fait je n'ai jamais sentie la blessures. Elle m'a fait mal au début, mais quelques secondes après c'est comme si je n'avais rien sentie du tout.

Ce n'est pas plus mal.

Mais j'attends mon tour.

Je pensais que comme Minhyuk mon nez allait saigner. Que j'allais me transformer, mais rien ne vient. Rien du tout et pourtant cela fait plusieurs heures que je suis dans cet état.

Je n'arrive pas à voir l'état de ma cuisse. Et je ne peux pas demander à Lee Heeseung de regarder. Déjà qu'il se doute de quelque chose, et puis je veux éviter l'embarras de me montrer comme ça devant lui.

Est-ce que c'est mal de me demander quand est-ce que je vais mourir ? Si je vais mourir ? Si je vais devenir une de ces choses ?

Je ne veux pas mourir, mais je ne veux pas devenir une de ces choses non plus. Chaque branche que je regarde, chaque cailloux un peu plus aiguisé ? Si je peux dire ça, je me demande si je peux justement les utiliser pour je ne sais pas, éviter de devenir l'un d'entre eux ?

Je ne peux pas retourner là-bas, je ne peux pas les rejoindre, que ce passera-t-il si par chance j'arriverai à cette gare, retrouverai mes parents ? Est-ce que je me transformerai ? Est-ce que je les tuerai tous ?

Je ne veux pas devenir un monstre. J'ai envie de choisir quelque chose dans ma vie. Et si j'avais qu'une seule décision à prendre, c'est si je me laissais le droit de mourir.

J'ai quelque chose de chaud, bouillant qui ne fait que s'accentuer dans ma poitrine. Est-ce que c'est parce que j'ai faim ?

J'ai si faim.

Mon regard se pose sur Lee Heeseung. Il a l'air si appétissant. Ses yeux sont fermés, il dort adossé contre l'arbre à côté du mien.

Je n'arrive pas à croire que j'arrive à trouver quelqu'un, un être humain qui plus est, appétissant. Je me sens sale. Honteuse. Mais j'ai si faim.

Je recroqueville mes genoux contre moi, je ne veux pas le manger. Je ne veux pas manger qui que ce soit.

Est-ce que c'est du cannibalisme ? Est-ce que je suis encore humaine ?

Et mes parents, leur réputation, leur vie ? Je vois déjà la une des tabloïds: Yoon Nara l'infectée millionaire ou alors Lorsque même le pouvoir ne peut pas sauver les enfants d'une épidémie.

Je ne veux pas qu'ils aient honte. Honte de moi, honte d'eux même. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient.

J'entends un bruit, peut-être des branches, mais des grognements me font me lever presque instantanément.

Heeseung dort toujours. Je passe à côté de lui sans lui épargner un regard. Je marche, suivant le bruit. Et très rapidement je tombe sur un zombie. Un infecté, bref quelqu'un de transformé.

Il me regarde, mais ne s'avance pas vers moi. Il me fixe tournant la tête sur le côté et ayant comme des sortes de spasmes. Mais il ne bouge pas.

Je prends je risque de faire un pas vers lui, mais rien. Il ne bouge pas. Il semble renifler l'air. Est-ce que je sens le mort ?

Je ne suis certainement pas propre mais de là à ce que j'empeste le cadavre... Je fais un pas de plus.  Peut-être qu'avec un peu de chance, il me prendra en pitié et m'achèvera.

Mais non, il passe à côté de moi sans me regarder, mais se dirige vers Heeseung.

Est-ce qu'il arrive à le sentir aussi ? Je marche derrière lui les bras croisés. Et d'un coup, comme si quelque chose prenait possession de moi, je sens la pression monter, l'adrénaline, et ce que je ressens est tellement compliqué à expliquer.

C'est comme si j'entrais dans un état second, mes mains tremblent. Et puis je vois rouge. Je me jette sur l'infecté, et lui explose la tête contre le tronc d'arbre où j'étais adossée plus tôt.

Il ne bouge pas, ou plus. Et puis l'odeur de Lee Heeseung me revient. Elle me fait saliver, et il est si proche. Tellement proche que je pourrais le manger.

J'ai si faim.

Je m'avance doucement vers lui. Et m'agenouille à sa hauteur. Comment peut-il encore dormir alors que je viens de tuer quelqu'un à côté de lui.

Ses yeux sont toujours fermés, mais je le sens, son pouls s'accélère à mesure que je m'approche. 

Ma bouche frôle sa nuque, mais je m'écarte en vitesse reculant aussi loin que possible ma main sur ma bouche. Je n'y arrive pas. Je n'y arriverai pas.

Mes yeux se posent rapidement sur le corps à côté et je me jette dessus sans chercher plus loin, mordant à pleine dent la chair de son ventre.

Je mords encore et encore, et puis je m'écarte du corps avant de vomir tout ce que j'ai dans le ventre avant de nouveau manger, parce que c'est ce que je fais. Je le mange.

Je suis ignoble. Comment est-ce que je peux faire une chose pareille ?

Mais j'ai si faim, et quelque part c'est comme si quelque chose me forçait à le manger. J'utilise mes mains pour attraper plus, je ne sais pas ce que je mange, je ne veux pas trop savoir non plus.

Mes mains ramènent tout dans ma bouche et j'essaie d'engloutir le plus possible avant qu'il se réveille, qu'il se doute de quelque chose.

Qu'est-ce que je suis devenue ?

Je ferme les yeux aussi fort que je peux avant de continuer à manger. Je ne m'arrête que lorsque j'entends mon prénom être appelé.

Ça ne peut être que lui.

Je me retourne hésitante, les mains et le visage plein de sang. Pitié ne me juge pas.

Son regard est quelque chose que je n'oublierai jamais. Il n'est pas effrayé, juste confus et surtout triste. Ses yeux font des allers retours entre le corps derrière moi et mon visage.

Mon ventre se noue.

Est-ce que c'est la fin ?

Deadly embrace [L.HS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant