Chapitre 4

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Jiya traîne des pieds en sortant du bus et souffle. Pourvu que ses parents soient allés se coucher. Pourvu qu'ils soient endormis et qu'ils ne l'entendent pas rentrer ! Arrivée en bas de son petit immeuble, elle lève les yeux et grimace quand elle aperçoit la fenêtre du salon allumée. Oh non...

Elle lance un regard autour d'elle. Malgré l'heure avancée, des passants se promènent dans la rue. Un groupe d'une huitaine de personnes bruyantes s'avance en titubant. D'après leur tenue stricte et la mallette qu'ils portent à leurs bras, ils sortent d'un afterwork bien arrosé. En face, l'épicerie ouverte 24h/24 éclaire le trottoir avec ses néons colorés.

Jiya hésite. Est-ce qu'elle peut aller s'acheter quelque chose à grignoter et espérer que la lumière du salon s'éteigne ? Ce n'est que repousser l'échéance... Si ses parents ne la voient pas ce soir, ils lui diront quelque chose demain matin. Alors à quoi bon l'éviter ? Cela fait des années qu'ils lui rabâchent les oreilles avec le même discours. "La danse c'est pas un métier." "Trouve-toi un vrai emploi, stable." "Quand est-ce que tu pars d'ici ? Tu vois que tu es incapable de te payer ton propre appartement !" "Si tu ne veux pas faire d'efforts, trouve au moins un bon mari qui saura subvenir à tes besoins."

Jiya monte les escaliers jusqu'au troisième étage, les pas lourds. Quand elle ouvre la porte, elle n'ose plus respirer. Elle quitte ses chaussures et sent la tension qui monte... La voix de son père s'élève dans le salon :

— Tu sais quelle heure il est ?

Jiya lève les yeux au ciel. Elle n'est plus une ado qui doit rentrer avant le couvre-feu imposé par ses parents. Elle ne répond rien et passe dans le salon sans s'arrêter. Ils sont assis sur le canapé mais elle ne les regarde pas. Elle jette son sac dans sa chambre et se dirige vers la salle de bain.

— Tu aurais pu nous prévenir que tu allais rentrer si tard, gronde sa mère. On s'inquiète et toi, tu n'as aucune considération pour nous.

— N'oublie pas que tu vis chez nous, ajoute son père. Nous tolérons ta présence alors aies au moins un peu de respect pour nous.

Jiya s'incline devant eux avec agacement. Ne pas exploser. Ne pas exploser.

— Je suis désolée. Le travail s'est éternisé et je n'ai pas pu vous prévenir.

— Tu danses toute la journée. Tu ne sauves pas le monde non plus. Ça ne te coûte pas grand chose de prendre ton téléphone deux secondes.

— Écoutez, je suis désolée que vous n'ayez pas pu dormir à cause de moi. J'ai décroché un gros contrat et je tiens à l'honorer le mieux possible pour pouvoir, peut-être, décrocher un poste permanent. C'est ce que vous voulez pour moi, non ? Un emploi stable ? Alors, ayez confiance en moi, s'il vous plaît.

— Tu nous dis ça depuis trois ans, Jiya, commente sa mère d'une voix lasse.

— Mais cette fois, je crois que c'est la bonne. Vraiment.

— Et tu vas faire quoi si c'est pas le cas ? Vivre chez nous jusqu'à notre mort ?

L'exagération à l'état pur. Ils ne sont pas les seuls à souffrir de sa situation. Mais tous les danseurs savent que vivre de leur métier n'est pas évident. Trouver un poste permanent dans une compagnie ou une entreprise de divertissement est un rêve difficile à atteindre.

— Tu sais qu'on dit ça pour ton bien, Jiya, modère sa mère. Plus vite ta vie se stabilise et plus tu pourras offrir un bon environnement à tes enfants.

Jiya lève les yeux au ciel. Il faudrait déjà qu'elle ait envie d'avoir des enfants. Et qu'elle ait envie de sacrifier ses rêves. Elle incline quand même la tête pour la remercier. Ses intentions ne sont fondamentalement pas mauvaises. Ses parents sont juste vieux jeu. Ils n'ont pas compris que les vies des jeunes ont changé.

La danseuse referme la porte de la salle de bains et prend une douche méritée. L'eau qui coule sur ses épaules l'apaise. Quand elle ressort, les lumières sont éteintes mais elle distingue les voix de ses parents qui débattent dans leur chambre.

Le lendemain, Jiya pénètre dans le Hybe Building pile à l'heure pour les répétitions. Elle a passé une bonne nuit, pleine des souvenirs de sa soirée avec J-Hope. Est-ce qu'il va répéter toute la journée avec eux ? Viendra-t-il seulement en fin de journée comme la veille ?

Le tournage de l'émission de Jay Park a déjà lieu le lendemain. Le temps va passer trop vite. Demain soir, son contrat avec Hybe se termine. Mais Jiya ne veut pas y penser. Elle a une porte d'entrée dans cette entreprise qui la fait rêver, elle ne laissera pas passer sa chance. Elle doit parler à Bangster et lui prouver son envie de continuer l'aventure à ses côtés.

J-Hope apparaît à 15h, suivi par un groupe de 4 personnes qui semble le suivre partout : deux managers, une vloggeuse et une personne cachée derrière un bob en jean. Il est également suivi par Minbro et Noah, les deux autres directeurs de performance de BigHit. Ils tapent dans la main de Bangster avec de grands sourires. Pour gérer les derniers détails, ils ne seront pas trop de trois.

Jiya fixe J-Hope qui finit par croiser son regard. Il sourit instantanément et s'approche tout en saluant les autres au passage. Il est suivi par la personne au bob qui trottine derrière lui. Il lève la main vers Jiya et celle-ci lui fait un high five.

— Bien rentrée hier soir ?

— Oui très bien. Et toi ?

— Super.

Le bob se dandine sur place, attirant le regard de Jiya. Mais c'est...

— Jimin, voici Jiya, c'est avec elle que j'ai dansé un peu hier soir, présente J-Hope.

— Ah, bonjour, s'incline l'interpellé.

Jiya s'incline en retour. J-Hope explique :

— Jimin avait une réunion pour travailler sur les danses de son prochain album. Elles sortent bientôt, pas vrai ? Je suis sûr que tes fans seront trop contents d'entendre ce que tu as à proposer.

Jimin acquiesce en riant joliment.

— Je peux regarder un bout des répétitions ? demande-t-il.

— Mais bien sûr Jyaman, plaisante J-Hope en écorchant son prénom. Comme ça tu pourras venir avec moi sur scène demain !

Les répétitions défilent à toute allure. Ils enchaînent les filages de l'émission, même si les morceaux musicaux seront entrecoupés d'interviews le jour J. Jiya ne se rend pas compte que Jimin est parti. Elle sent les regards des trois chorégraphes peser sur elle et elle donne son maximum. Elle sourit à J-Hope quand leurs regards se croisent, interpelle un public imaginaire pour leur faire taper dans leurs mains, prend garde à rester à sa place à chaque instant. Elle est prête à passer à la télé. 


* * *

Questions posées pour continuer l'histoire

Les réponses ont été données sur Instagram mais vous, vous auriez répondu quoi ?


Que va-t-il se passer pendant le tournage ?

Just Dance With Me | J-HOPE [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant